Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Les banques centrales envisagent d’injecter plus de liquidités et de baisser les taux en raison de l’affaiblissement de la croissance. Les marchés s’en réjouissent.

Le chef de la BCE reste fidèle à lui-même... Mario Draghi, le président de la BCE ne souhaite plus se lancer dans de nouvelles expériences peu avant la fin de son mandat. La politique monétaire européenne reste expansionniste, et pourrait même être assouplie davantage. Les gardiens de la monnaie sont inquiets, compte tenu du secteur industriel toujours faible et de l’escalade continue dans le cadre du conflit commercial opposant la Chine aux USA. Le taux d’inflation, en baisse, reflète lui aussi le ralentissement économique en Europe. Ainsi, la zone euro affichait un taux de 1,2% en mai, soit nettement en-dessous du niveau de 2% visé par la BCE. Selon Mario Draghi, il existe suffisamment de marge pour introduire des mesures d’assouplissement supplémentaires, malgré les taux négatifs, implémentés dès 2014 pour les taux de dépôt. Il n’exclut donc pas de nouvelles baisses de taux, outre des achats obligataires supplémentaires. Draghi suit donc la même logique que jadis Thomas Jordan, président de la BNS.

...et la Fed double la mise. Malgré des taux inchangés depuis sa réunion en juin, la Fed adopte, elle aussi, un nouveau ton. Elle ne souhaite plus simplement «s’armer de patience» et observer l’évolution des données économiques, compte tenu des risques baissiers accrus, mais si nécessaire «réagir de manière appropriée». L’observateur externe n’y verra peut-être aucune différence significative, mais dans les faits, la Fed a ainsi ouvert la voie à des baisses de taux, et pourrait concrètement procéder à cette mesure à chacune de ses réunions. Jerome Powell, le président de la Fed, a donc viré à 180 degrés, depuis la fin 2018. Il est intéressant de noter les attentes divergentes entre les 17 membres du FOMC et les acteurs du marché: la Fed table, en moyenne, sur une seule baisse des taux, contrairement au marché, qui en escompte trois jusqu’à la fin de l’année. Les uns comme les autres risquent d’être déçus à l’avenir, en raison de cette divergence.

Réflexe de Pavlov. L’injection de liquidités, ainsi évoquée, a provoqué une véritable «euphorie» pour ainsi dire sur les marchés des actions. Depuis plusieurs années, leur réaction ressemble au réflexe de Pavlov: plus de stimulus égalhausse des cours. Or, ce comportement pose problème. Compte tenu des taux nuls, voire négatifs, dans de nombreux pays, les mesures des banques centrales sont forcément de plus en plus inefficaces. Par ailleurs, l’évolution ultérieure des cours en bourse repose, en définitive, sur la conjoncture et les bénéfices – soit les fondamentaux de l’économie; or, ces derniers restent principalement négatifs. Même le conflit commercial continu entre les deux grandes puissances économiques – les USA et la Chine – a pour effet de freiner la conjoncture de manière flagrante. Un jour, il n’y aura plus de pain béni pour les investisseurs, bien que la cloche de Pavlov retentisse haut et fort. Personne ne peut prédire ce jour, mais une certaine dose de prudence est de mise, malgré la nouvelle euphorie monétaire. Côté actions, nous restons donc légèrement défensifs, et préférons l’or et les fonds immobiliers, en tant que catégories de placement.

Graphique de la semaine

Mardi, le SMI a franchi la barre des 10’000 points pour la première fois de son histoire. Les cours se sont envolés, grâce aux nouvelles mesures de soutien, promises par les banques centrales. Le SMI fait partie des gagnants avec un plus de presque 23% cette année.

GROS PLAN

Facebook lance une «monnaie mondiale» digitale. Le géant de l’Internet lancera une monnaie digitale, «Libra», début 2020,qui permettra d’effectuer des virements ou de payer plus facilement et rapidement via WhatsApp ou Messenger. Visa, Mastercard, Ebay et Spotify sont déjà à bord.

LE PROGRAMME

Sommet du G20 à Osaka. Les investisseurs ont leur regard rivé sur Osaka (Japon), où se tiendra le sommet du G20 entre le 28 et le 29 juin. La rencontre prévue entre Xi et Trump sera au cœur de l’attention. Les acteurs du marché espèrent que les deux parties réussiront à trouver un rapprochement et d’éventuelles solutions au conflit.

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