Comment jouer les émergents? Dernier épisode

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Actions, dette souveraine ou obligation d’entreprise? Tour d’horizon des principaux blocs en trois épisodes avec Edmond de Rothschild AM.

 

Les pays émergents bénéficient de la tendance haussière des matières premières dont le cours du pétrole qui s’est redressé de 13% en cumul annuel. Leur potentiel étant trop important pour être ignoré, l’on y investit donc avec discernement. Après deux premiers épisodes qui nous ont emmenés successivement en Asie puis en Amérique du Sud, le dernier épisode sera consacré à l’Europe de l’Est, à l’Afrique et à la Turquie qui recèlent des opportunités d’investissement originales.

Europe de l’Est: réduire la Russie et oser l’Ukraine

Le PIB russe, dont la corrélation avec le cours du pétrole est quasi-parfaite, a profité du rebond du baril. Le budget fiscal est géré d’une main de fer, d’ailleurs Poutine n’avait pas lésiné à couper les dépenses lorsque le prix du pétrole avait touché le fond. Aujourd’hui, le déficit fiscal est de 1% du PIB et le taux d’endettement représente seulement 20% du PIB. Ce n’est qu’en février que les agences de notation ont relevé, avec un temps de retard, la note de crédit à «Investment Grade». Malgré les excellents fondamentaux dont jouit le pays, Ludovic Vauthier, Responsable de la Gestion Actions émergentes, y réduit son exposition à contre cœur à cause du risque d’illiquidité. En avril, le titre du géant de l’aluminium Rusal s’est effondré suite aux sanctions américaines. «Nous avons réduit Sberbank face au risque de durcissement des conditions et du risque d’illiquidité que nous refusons de faire courir aux porteurs», explique-t-il. Alors que la corruption tend à diminuer dans les pays émergents, la Russie fait figure de mauvaise élève dans la lutte anti-corruption. «La corruption en Russie tue l’innovation par la fuite des cerveaux» estime-t-il. Mais nous dénichons tout de même des belles pépites, telle que la prometteuse Yandex, le «Google» russe.

En ce qui concerne la dette, Jean-Jacques Durand, Responsable Dettes et devises émergentes, émet aussi quelques réserves. Toutefois, une obligation comme Gazprom, qui offre un rendement compris entre 4% et 5%, rémunère correctement le risque. En revanche, depuis quelques années, le marché du crédit en Ukraine se démarque après la crise sévère de 2013. «Il s’agit d’une forte conviction, la période de restructuration est derrière nous maintenant et les perspectives de rentabilité sont attrayantes avec l’amélioration des fondamentaux de crédit», explique Stéphane Mayor, Responsable Obligations corporate émergentes.

Turquie: discount politique important

La dette souveraine en monnaie locale ressort avantageuse car la devise turque se traite avec un discount politique important. Les finances budgétaires y sont bien maîtrisées et Jean-Jacques Durand prévoit que la livre turque deviendra moins volatile après l’été. «Si entre-temps un conflit éclate, nous reverrons notre stratégie», souligne le gérant. Actuellement, les rendements sont de l’ordre de 14 à 15% en devise locale et supérieur à 4,5% pour une duration de 1 ou 2 ans en US dollar.

Afrique: miser sur l’Afrique du Sud et le Nigeria

Suite à l’élection du Président Cyril Ramaphosa, Edmond de Rothschild Asset Management revient sur l’Afrique du Sud qui avait été écartée pendant une longue période. Cette élection pourrait relancer le pays sur la bonne voie car Ramaphosa est un homme d’affaire averti et actif dans la lutte anti-corruption. Des titres tels que MisterPrice et Standard Bank offrent une bonne visibilité.
Sur le thème des producteurs de pétrole, l’Afrique sub-saharienne fait partie des convictions de cette année. Le Nigéria émet des T-Bill locaux 4-8 mois offrant un rendement de 12% à 13% en devise locale. Le secteur bancaire émet aussi des obligations intéressantes. En Angola, on privilégie les obligations souveraines.

 

Lire aussi: Comment jouer les émergents? Première partie: l’Asie

Et: Comment jouer les émergents? Deuxième partie: l’Amérique du Sud

 

Ludovic Vauthier

Gérant de portefeuilles actions sur l'Inde

Il a rejoint Edmond de Rothschild Asset Management en décembre 2004 en tant que gérant de portefeuilles actions sur l’Inde et participe activement à la gestion du fonds EdR Fund Global Emerging  depuis 2009. En 2017, il reprend également la gestion d’Edmond de Rothschild Fund China et est nommé Responsable de la Gestion Actions Emergentes en décembre 2017. Ludovic Vauthier détient un DESS Banque Finance et un Master en Droit de l’Université Paris-V.

Jean-Jacques Durand

Gérant de portefeuille senior sur la dette émergente et les devises

Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2011 en tant que gérant de portefeuille senior spécialisé sur la dette émergente et les devises. Avant de rejoindre le Groupe Edmond de Rothschild en 2011, Jean-Jacques Durand créée sa propre société d’investissement Macro Commodities, Gecko Capital Partners Ltd, dans laquelle il travaille en tant que fondateur et gérant-analyste principal de 2008 à 2011. Jean-Jacques Durand est diplômé de l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris).

Stéphane Mayor

Responsable Obligations corporate émergentes

Il est Responsable Obligations corporate émergentes. Il a rejoint le Groupe Edmond de Rothschild en septembre 2007 en qualité de gérant de portefeuille sur la dette émergente. Stéphane Mayor est diplômé de l’université de Genève en Sciences Politiques et dispose d’un post-graduate degree en analyse financière et gestion de portefeuille (CEFA). Il est par ailleurs membre de la Swiss Financial Analyst Association (SFAA).

 

A lire aussi...