Chimerica, le divorce

Salima Barragan

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«Les consommateurs chinois et américains sont les enfants sacrifiés de la séparation», estime Henk Grootveld de Robeco.

Les divorces se terminent toujours mal. Les États-Unis et la Chine ne feront pas exception. Le néologisme Chimerica, qui décrit une relation symbiotique entre les deux pays, fait référence à la mythologique créature dont le corps de chèvre à queue de serpent était surmonté d’une tête de lion. Considérée comme un monstre invincible, son règne s’est pourtant mal fini. Aujourd’hui, la créature économique sino-américaine se brise. Le point avec Henk Grootveld, responsable de l’équipe Trends Investing chez Robeco à Rotterdam.

Des relations tumultueuses

Une guerre froide larvée débutait en 1949, lorsque Mao Zedong accédait au pouvoir. A partir de 2001, les deux pays se sont cependant engagés dans des relations commerciales satisfaisantes. «La Chine devenait le fabricant et l’exportateur du monde et les États-Unis profitaient de ces biens à bas prix», rappelle Henk Grootveld. Depuis leurs union a connu des querelles sporadiques et des réconciliations. «Il y a eu des désaccords mutuels discutés à l’OMC comme par exemple les changes non-flottants chinois», poursuit-il. 

Les États-Unis ont perdu leur dominance technologique.

Sauf qu’en moins de vingt ans, la Chine a redoutablement évolué dans son entreprise de copie technologique et sa montée en puissance fait trembler la Maison Blanche «car les États-Unis ont perdu leur dominance technologique», souligne le spécialiste. Et Trump a été le premier président à attaquer ouvertement la superpuissance asiatique sur le front commercial, mettant fin à leur relation bilatérale par un divorce destructeur.

Dommages collatéraux

Le spectre de l’inflation n’est pas loin car la désunion impactera inévitablement les prix des biens pour les consommateurs des deux nations: «à titre d’exemple, il deviendra difficile d’intégrer certaines chaînes de production chinoises pour les composants de smartphones», explique Henk Grootveld. Des pertes d’emplois sont attendues des deux côtés bien que la Chine ait redirigé son économie sur la consommation domestique. «Dans le domaine de la 5G, la Chine a toujours besoin, pour le moment, des semi-conducteurs américains», poursuit-il. 

Le terme Chimerica est apparu juste avant la crise financière globale et décrivait l’interconnexion des économies… alors que la Chine était encore une épouse dominée. Cette ère s'achève. 

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