Cette inflation américaine qui fait si peur

Nicolette de Joncaire

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L'inflation de base est inchangée depuis un an et la hausse des salaires reste inférieure à celle du PIB. Alors à qui la faute?

Toutes choses égales par ailleurs, les Etats-Unis se portent plutôt bien. La croissance américaine a accéléré: 1,5% en 2016, 2,3% en 2017. On commence à parler sérieusement de 3% en 2018 grâce à la récente réforme fiscale. Nous sommes évidemment loin des 4%, voire 5%, des années 1990 mais, à 4,1%, le taux de chômage officiel est au plus bas depuis 2000.

Les nouvelles sont bonnes.

Mais apparemment pas pour tout le monde. L'annonce d'une augmentation des salaires US en janvier (de 0,13% sur un mois et de 2,1% sur un an) puis celle de l'élévation de l'indice des prix à la consommation à 2,1%, ont suffit à jeter les marchés financiers dans la panique.

Il faut d'abord relativiser, à 1,8%, l'inflation de base (hors prix de l'énergie et de l'alimentation), est pour sa part pratiquement inchangée depuis mars dernier.  En outre, la hausse des salaires sur un an reste inférieure à la croissance du PIB.

L'inflation n'est qu'un alibi. C'est le message de la Fed et la crainte d'une hausse des taux qui déstabilisent les marchés. En modifiant presque insensiblement son discours pour annoncer mercredi «davantage de hausses de taux graduelles», la banque centrale américaine - dont les nouveaux gouverneurs mesurent peut-être encore mal l'impact de leurs propos - affole.

Jerome Powell a encore à apprendre de ses prédécesseurs en matière d'orientation prospective. Il parait d'ailleurs s'en être rendu compte puisque, dès vendredi, la Fed publiait un bilan rassurant de l'économie américaine, affirmant que la croissance du salaire horaire était modérée et que l'inflation restait au-dessous du niveau de 2% malgré une accélération en fin d'année. Une déclaration visant clairement à atténuer l'angoisse (et la volatilité) des marchés.

Il est certain que la réforme fiscale américaine va poser de sérieux problèmes de financement du déficit et de la dette et qu'une hausse des taux directeurs offrirait une porte de sortie vers des rendements supérieurs de la dette publique. Mais il reste quand même déconcertant que tant de bonnes nouvelles sur les fondamentaux puissent à ce point tourmenter les marchés financiers.