Boom des fusions et acquisitions

Salima Barragan

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En phase haute du cycle économique, les activités des fusions-acquisition deviennent plus intenses.

 

L’appétit des investisseurs est favorisé par des conditions de crédit favorables. Pour l’année 2017, Thomson-Reuters a chiffré le montant total des transactions liées aux fusions et acquisitions à 245,8 milliards de dollars. Depuis le début du trimestre, Varenne Capital estime que ces activités atteignent un montant record, dû en particulier à 20 «méga deals» de plus de 10 milliards de dollars. Des chiffres impressionnants.

Les valorisations boursières à des niveaux stratosphériques ne découragent pas les investisseurs qui paient leurs acquisitions à un multiple médian de 14x l’Ebitda selon des données Bloomberg. Des valorisations boursières élevées peuvent même être avantageuses lors d’un paiement en actions. Aux États-Unis, la tendance des fusions et acquisitions continue à être encouragée par la politique fiscale de Trump portant sur une réduction de l’impôt sur les sociétés de 35% à 20%. 

«L’émergence de moyens de pression anti-trust
tel que le CFIUS pourrat compromettre certaines opérations.»
1'700 milliards de dollars de poudre sèche

En revanche, les guerres commerciales et l’émergence de moyens de pression anti-trust tel que le CFIUS pourraient compromettre certaines opérations. Le blocage de l’acquisition de Qualcomm par Broadcomm est un exemple flagrant. Trump a fait valoir des arguments de sécurité nationale pour justifier ce blocage. La Chine aussi joue un rôle de garde-fou dans le cas de certaines opérations. Le taux d’échec des opérations de fusions et acquisitions serait compris entre 5 et 10%. Selon Varenne Capital, dans le cas où ces activités seraient amenées à traverser une période plus calme, les fonds de Private Equity déclencheront de nouvelles vagues de transactions. Ces fonds ont accumulé plus de USD 1'700 milliards d’argent levé, autrement dit : de poudre sèche.

«Les investisseurs profitent du spread entre les prix offerts
par les acquéreurs et le prix des entreprises cibles.»

Dans le pipeline 2018, l’OPE d’Essilor sur Luxottica est très attendue. Le mariage d’un fabricant de verres ophtalmologiques et d’un spécialiste de monture de lunette va créer une force de frappe sans précédent sur le secteur. D’autant plus, que la complémentarité de leur réseau de distribution va créer des synergies supplémentaires. Relevons dans le secteur industriel le rachat de Gemalto par Thales et l’achat d’Orbital par l’américain Northrop Grumman qui auront vraisemblablement lieu au cours du deuxième semestre.

Stratégies Merger & Arbitrage

Les stratégies des fonds alternatifs M&A sont à même de profiter de cet environnement. Les investisseurs profitent du spread entre les prix offerts par les acquéreurs et le prix des entreprises cibles. Le regain de volatilité observé dans les marchés boursiers cette année rend les spreads d’arbitrage plus intéressants. Chez Varenne Capital Partner, le fonds «Special Situation» qui englobe les stratégies M&A a offert la meilleure performance de toute leur gamme de fonds alternatifs. Selon le gérant, ces stratégies ont l’avantage de réduire le coefficient de corrélation aux marchés et la volatilité globale. 

D’après la banque Pictet, les stratégies de Merger Arbitrage ont souffert de l’écartement des spreads sur certains deals de grosses capitalisations tel que Monsanto/Bayer et Sky /Fox/Comcast pour des raisons de mise à l’examen des transactions et des politiques protectionnistes. La performance de l’indice HFRI ED Merger Arbitrage est de 0,7% depuis le début de l’année. Cet écartement récent des spreads va attirer l’attention des investisseurs jusqu’alors peu enclins à se lancer dans l’aventure à des niveaux plus bas.