Actions européennes à fort dividende: les pièges à éviter

Florence Chernyak-Bosson, CA Indosuez

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Les investisseurs doivent veiller à ce que l'évolution récente du cours de l’action ne soit pas à l'origine de l'augmentation du rendement du dividende.

En Europe, contrairement aux États-Unis, les dividendes représentent toujours la part la plus importante du rendement total des actionnaires (environ 70%), le reste étant lié au rachat d’actions. À la fin de l’année 2018, le rendement du dividende de l’indice Stoxx Europe 600 était de 3,5% et le rendement de rachat atteignait 1,4%. À noter qu’à ces rendements s’ajoute, bien sûr, la hausse du prix des actions. Autant dire qu’à côté, les rendements des obligations souveraines européennes à long-terme font toujours pâle figure. 

Le rendement du dividende augmente lorsque le dividende augmente,
mais aussi lorsque le cours de l’action diminue.

Les investisseurs à la recherche de rendement devraient toutefois garder à l’esprit les pièges potentiels de ces actions à fort dividende. Le plus évident vient du fait que le rendement du dividende augmente lorsque le dividende (numérateur) augmente - mais aussi lorsque le cours de l’action, le dénominateur, diminue. Par exemple, le rendement de l’indice Stoxx Europe 600 est passé de 2,9% à la fin de l’année 2007 à 5,4% à la fin de l’année 2008, tandis que les dividendes par action sont restés stables par rapport à 2007 (rappelons-nous que les dividendes sont payés à partir du bénéfice de l'année précédente). Les investisseurs doivent donc veiller à ce que l'évolution récente du cours de l’action ne soit pas à l'origine de l'augmentation du rendement du dividende. Cela permet également d'éviter le «value trap» résultant d'investissements dans des sociétés à rendement élevé dans des secteurs en perte de vitesse. 

Près de 20% des actions européennes à haut rendement
du Stoxx Europe 600 sont fortement endettées.

De plus, lorsque l'on examine les actions européennes à haut rendement du Stoxx Europe 600 (soit celles présentant un rendement supérieur à 3,5%), on constate que 18% d'entre elles sont fortement endettées, avec des ratios d'endettement supérieurs à 2x. Les rendements des entreprises qui empruntent pour verser des dividendes ou qui retardent leur désendettement afin de maintenir des ratios de distribution élevés sont en effet de moins bonne qualité que ceux engendrés par une augmentation de la rentabilité. Aussi, il est plus difficile d’augmenter régulièrement les dividendes pour les sociétés ayant déjà des rendements élevés. En reprenant le même univers d’actions européennes à rendement élevé, il apparaît que 27 d’entre elles ont enregistré une croissance négative des dividendes sur un an (sur 248, soit 11%).

Actions européennes à rendement élevé, endettement et croissance du dividende

Sources: Bloomberg, Indosuez Wealth Management

Par conséquent, au-delà du simple rendement du dividende, il convient de se concentrer sur les sociétés affichant des bénéfices stables, des rendements en fonds propres élevés, un niveau d’endettement plus faible et dont l’évolution récente des prix est positive. Par exemple, l’indice Stoxx Europe Select Dividend 30 vise à intégrer uniquement des sociétés présentant une croissance positive des dividendes au cours des cinq dernières années, et dont le ratio de distribution1 ne dépasse pas 60%. L'indice MSCI Europe High Dividend Yield Index ajoute quant à lui un filtre de qualité pour exclure les actions dont les fondamentaux pourraient se détériorer, pouvant conduire à une réduction ou même une suppression des dividendes. De quoi éviter bien des écueils.

1 Montant total des dividendes / Bénéfice net de la société. 

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