Actions cycliques contre défensives dans l’environnement actuel

Florence Chernyak-Bosson, CA Indosuez

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Depuis 2017, la surperformance des cycliques a dépassé le rythme de croissance du PIB.

Les technologies de l'information, secteur cyclique par excellence. ©Keystone

Les chiffres d’affaires et les bénéfices des entreprises cycliques, comme leur nom l’indique, fluctuent avec le cycle économique. Les entreprises cycliques ont tendance à surperformer les entreprises défensives lorsque la croissance est au plus haut.

Contexte actuel

Le PIB des États-Unis a ralenti par rapport au récent sommet de 3,2% en glissement annuel au T2 2018, à 2,3% en glissement annuel au cours du même trimestre de cette année (en termes réels), ce qui indique que le pic de croissance pourrait être derrière nous. Pour que les valeurs cycliques surperforment pendant une période prolongée, il faut que la ou les réductions de taux préemptives de la Fed parviennent à stimuler la croissance du PIB, une hypothèse forte dans le contexte actuel de guerre commerciale. 

A Jackson Hole, l’actuel président de la Fed Jerome Powell
a lui-même fait référence à l’épisode des «Greenspan put» de 1998.

Si l’on se penche sur les coupes préventives de 1998, le «Greenspan put», il est intéressant de noter que, dans les trois mois qui ont suivi la décision de la Fed de réduire les taux d’intérêt (30.09.1998-31.12.1998), les secteurs les plus performants étaient les technologies de l’information (+36,5% TR), la consommation discrétionnaire (+29,4%), les services de communication (+28,2%) et la consommation de base (+22,2%), c’est-à-dire une combinaison de secteurs défensifs et cycliques. 

Toutefois, au cours des six premiers mois de 1999, avant que la Fed n’élève à nouveau ses taux, les meilleurs secteurs étaient les technologies de l’information (+25,3%), les matériaux (+22,1%), l’énergie (+19,3%) et l’industrie (+16,9%), essentiellement des secteurs cycliques, tous stimulés par l'accélération de la croissance du PIB, passée de 5,3% en septembre 1998 à 6,2% en mars 1999 (PIB nominal), ou de 4,1% à 4,8% en termes réels. Nous notons également que le président de la Fed, M. Powell, a lui-même fait référence à cet épisode, ainsi qu'à celui de 1995-1996, dans son discours à Jackson Hole vendredi dernier.

De potentielles incohérences

Selon les indices MSCI «cycliques» et «défensifs», la consommation discrétionnaire, les sociétés financières, l'immobilier, l’industrie, les technologies de l'information, les matériaux et les services de communication sont considérés comme cycliques, alors que la consommation de base, l'énergie, la santé et les services publics sont regroupés en secteurs défensifs. 

Classer l'énergie en tant que secteur défensif contredit l'idée selon laquelle
les actions défensives présentent une variabilité moindre de leurs bénéfices.

Cependant, la définition de telles catégories est toujours discutable. Classer l'énergie en tant que secteur défensif contredit l'idée selon laquelle les actions défensives présentent une variabilité moindre de leurs bénéfices. On pourrait également s'interroger sur l'intégration des services de communication dans le groupe cyclique en Europe, les télécoms représentant la moitié du poids de ce secteur dans l'indice Stoxx Europe 600.

Le graphique ci-dessous compare la performance cumulée de la différence entre les rendements totaux des indices MSCI USA Cyclicals et MSCI USA Defensives (ligne brun clair dans le graphique) et de la différence entre les secteurs cycliques et défensifs plus «consensuels», c’est-à-dire entre 1) la moyenne des rendements des biens de consommation discrétionnaire, des technologies de l'information et de l’industrie, et 2) la moyenne des rendements de la santé, des biens de consommation de base et des services publics (ligne rose foncé dans le graphique). Ce dernier indicateur semble mieux suivre la tendance du PIB américain.

PIB US en GA, MSCI USA Cyclicals contre MSCI USA Defensives, et comparaison sur-mesure 
(31.12.2000-22.08.2019)

Sources: Bloomberg, Indosuez Wealth Management

 

Depuis 2017, la surperformance des cycliques a dépassé le rythme de croissance du PIB - ce qui laisse supposer un risque de baisse important pour les actions cycliques si la croissance du PIB venait à décevoir.

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