Acheter bon marché n’est pas sans risques

Florence Chernyak-Bosson, CA Indosuez

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Les entreprises doivent faire preuve d'un regain d'optimisme dans leurs prévisions. Ce qui entraînerait une révision positive des bénéfices.

 

La saison des résultats du deuxième trimestre était plutôt bonne pour les actions européennes. À la fin du mois d'août, 56% des 600 sociétés de l’indice Stoxx Europe ont publié des bénéfices supérieurs aux attentes, et ces derniers progressaient de 11% sur un an (IBES). Cependant, les entreprises européennes demeurent en retard sur leurs homologues américaines, dont les bénéfices ont été fortement stimulés à court terme par la réforme fiscale.

Bien que les entreprises européennes ne soient que dans la deuxième année de reprise des bénéfices et donc moins touchées par les préoccupations de «fin de cycle», les investisseurs semblent moins disposés à leur payer des prix plus élevés, comme le montre la forte correction des multiples depuis le début de l’année. Les actions européennes sont désormais beaucoup moins chères qu’elles ne l’étaient en janvier, se négociant à 13,8 fois les bénéfices anticipés combinés sur 12 mois (contre un sommet à 15,4 en janvier)1.

Evolution de l'indice Stoxx Europe 600 (cours par rapport au BPA à 12 mois) depuis le 31.12.2016

Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management

Toutefois, plusieurs conditions s’avèrent nécessaires pour que les actions européennes affichent une expansion de leurs multiples et surperforment d’autres régions au cours des prochains trimestres.

Premièrement, sur le plan macroéconomique/politique, les actions européennes bénéficieraient d’une stabilisation tangible de l’incertitude politique. Cela semble toutefois compromis à l'heure actuelle, suite à l'annonce vendredi que la nouvelle administration italienne entendait viser un déficit de 2,4% du PIB (contre 0,8% précédemment suggéré), non seulement en 2019, mais également en 2020 et 2021. Bien que les dernières nouvelles s’avèrent plus positives – avec un déficit qui serait limité à 2% du PIB en 2021 – le risque politique demeure très présent en Europe.

Deuxièmement, une stabilisation des rendements obligataires serait bénéfique pour le secteur bancaire, dont les actions ont entraîné les indices européens à la baisse en 2018 – en partie aussi à cause des déboires politiques en Italie. Troisièmement, pour que les actions européennes puissent surperformer à moyen terme, une confirmation de la désescalade des menaces de guerres commerciales est nécessaire.

Enfin, pour que les actions européennes affichent une expansion de leurs multiples, les entreprises doivent faire preuve d'un regain d'optimisme dans leurs prévisions, ce qui entraînerait une révision positive des bénéfices par les analystes et contribuerait grandement à renforcer le sentiment des investisseurs à l’égard des actions européennes. Depuis le début de l’année, les sorties de fonds de la part des investisseurs internationaux (et des États-Unis en particulier) ont en effet été particulièrement marquées en Europe.

Flux ETF depuis le début de l'année, en millions de USD (au 28.09.2018)

Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management

À l’heure actuelle, une telle combinaison de facteurs positifs est peu probable. D’un point de vue «value», les marchés émergents semblent mieux positionnés pour bénéficier d'un regain d'intérêt de la part des investisseurs, car ils restent moins chers que les actions européennes et ont connu une correction plus marquée ces derniers mois.

 

1 Le ratio P/E présenté est une moyenne pondérée du P/E calculé à partir d'estimations pour l'exercice en cours (2018) et pour le prochain exercice (2019).

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