Accord commercial US-Chine: gros affichage, petit impact

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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L’accord dit de «phase 1» signé entre Donald Trump et le vice-premier ministre chinois Liu He, n’a rien de très impressionnant.

©Keystone

Depuis deux ans, l’administration US mène une politique commerciale destructrice de valeur. Cette politique est gelée en l’état, mais il n’y a pas de retour en arrière. La Chine est censée accroître ses achats de biens et services US de plus de 200 milliards de dollars en deux ans, objectif peu réaliste. Cela modifiera les chaînes d’approvisionnement, pour un effet net proche de zéro.

A première vue, la signature de la «phase 1» de l’accord commercial peut apparaître comme une victoire pour le président Trump. C’est ainsi qu’il l’a mise en scène à la Maison Blanche. Les Etats-Unis cèdent peu de chose, ils suspendent la hausse des droits de douane annoncée l’été dernier et retirent à la Chine le label infamant de «manipulateur de devises». C’est symbolique. De son côté, la Chine s’engage à augmenter ses importations de produits et de services américains. De 163 milliards de dollars en 2019, ils sont censés aller vers 250 milliards en 2020 et 300 milliards en 2021 (graphique ci-dessous). Toutes choses égales par ailleurs, cela représenterait une impulsion de 0,4 point du PIB en 2020 et 0,2 pt en 2021. 

L’accord commercial va entrainer une réorganisation des chaines
d’approvisionnements plutôt que créer une demande nouvelle.

Ces chiffres doivent être relativisés. La moitié des achats supplémentaires concernent l’agriculture et l’énergie (tableau ci-dessous). Ces biens s’échangent sur le marché mondial. L’accord commercial, s’il est suivi d’effets, va entrainer une réorganisation des chaines d’approvisionnements plutôt que créer une demande nouvelle. En l’absence d’acteur monopolistique côté américain, la capacité des entreprises US d’imposer des hausses de prix paraît faible. Enfin, on peut se demander s’il est bien sage de rendre ces secteurs stratégiques dépendant de la Chine (dont la part dans les exportations US atteindrait le quart).

Si la hausse des importations chinoises de produits américains est censée bénéficier à l’activité domestique (les achats d’avions ne sont pas couverts par l’accord), il reste à voir si les objectifs affichés sont vraiment réalisables. Les Etats-Unis ont durci les autorisations d’exportations pour certains produits, en particulier dans le domaine technologique. Les données commerciales des prochains mois permettront de se faire une première idée sur le respect des engagements. Au final, une estimation prudente est que cet accord pourrait ajouter 0,1 pt à la croissance 2020. C’est tout juste de quoi compenser le choc négatif lié à Boeing (avec de surcroît un calendrier bien différent). Cela ne bouleverse donc pas l’économie réelle.


 

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