«Greenwashing» ou placements durables?

Markus Fuchs, SFAMA

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Les placements durables sont inhérents à la gestion de fortune suisse. Cet état de fait doit être constamment entretenu en renforçant les connaissances et les compétences.

Investir dans des produits financiers durables signifie, pour un investisseur, s’engager, entre autres, en faveur de l’environnement, des droits de l’homme ou de la justice sociale. Mais que se passerait-il si, en y regardant de plus près, un placement déclaré durable s’avérait être un placement conventionnel? Des termes tels que «publicité mensongère» ou «greenwashing» fuseraient rapidement et les efforts en matière de durabilité, si sérieux soient-ils, pourraient être perçus par le public comme une simple manœuvre marketing. Il s’agit d’éviter cela, car tout préjudice à l’image aurait un impact sur le secteur de la gestion de fortune dans son ensemble. De nombreux gestionnaires de fortune suisses ont déjà pris d’importantes mesures en faveur de placements durables. Cependant, il est important que le secteur suisse de la gestion de fortune aborde cette question au niveau de l’industrie.

La Swiss Funds & Asset Management Association (SFAMA) considère comme un devoir et un défi de plaider non seulement en faveur d’un engagement à l’échelle de l’industrie et à long terme, mais aussi en faveur d’une conception commune et de la transparence nécessaire dans le domaine des placements financiers durables. Et ce, indépendamment de la pression politique et réglementaire.

Travaux de l‘administration fédérale

Traditionnellement, les activités de l’administration fédérale et des autorités de surveillance sont vues d’un œil plutôt critique par l’industrie financière. Cependant, dans le domaine de la durabilité, ce pourrait être l’occasion de considérer les travaux en cours «à Berne» comme une opportunité. Bien entendu, ce sujet soulève également la question de savoir où se situe l’optimum entre une politique de laisser-faire et une réglementation stricte, cette dernière étant généralement trop restrictive et pouvant donc avoir des effets négatifs sur le plan économique. Heureusement, le Conseil fédéral tente actuellement d’équilibrer les différents intérêts dans le domaine de la durabilité, en obligeant les associations à soumettre elles-mêmes des propositions concrètes.

Les moteurs de la durabilité environnementale sont les 17 objectifs de développement durable (sustainable development goals) de l’ONU et l’objectif en matière d’émissions de CO2 de l’Accord de Paris sur le climat. La Suisse s’engage dans ces deux projets. Il faut donc que la Suisse démontre également au niveau international qu’elle travaille sur le cahier des charges et qu’elle progresse. La SFAMA est convaincue que le fait de mettre l’accent sur la durabilité dans le secteur financier peut devenir un facteur d’implantation important pour la Suisse – avec des conditions-cadres appropriées de la part des responsables politiques et des autorités. Ces conditions doivent reposer principalement sur le volontariat et les incitations, et non sur des prescriptions réglementaires.

Tenir compte des différences

Le financement de la prévoyance vieillesse est la préoccupation majeure de la population suisse depuis quelques années – et donc aussi un énorme défi politique. À cet égard, la gestion de fortune joue un rôle essentiel car les gestionnaires de fortune utilisent des solutions de placement pour fournir les rendements requis aux caisses de pension et financent l’économie réelle (entreprises et infrastructures). Tant la prévoyance vieillesse que l’activité de financement se conçoivent à long terme. En la matière, les réflexions sur la durabilité sont indispensables. L’industrie de la gestion de fortune est consciente de sa responsabilité. Elle se félicite que la durabilité soit désormais un sujet accepté par le grand public, discuté en politique et revendiqué par les clients.

La recherche et la mise en œuvre de placements durables ne sont donc pas une idée nouvelle en matière de gestion de fortune. Au contraire, les placements durables sont inhérents à la gestion de fortune suisse, mais cet état de fait doit être constamment entretenu en renforçant les connaissances et les compétences. En Suisse, il n’y a pas de place pour le greenwashing.

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