WeWork se prépare à son arrivée à Wall Street

AWP

2 minutes de lecture

L’emblème du coworking conforte l’image d’une entreprise qui grandit vite, mais qui continue aussi à perdre beaucoup d’argent.

WeWork, la société qui a lancé une véritable révolution des bureaux partagés, se rapproche de son arrivée à Wall Street et a dans ses papiers d’introduction en bourse, conforté l’image d’une entreprise qui grandit vite, mais continue aussi à perdre énormément d’argent.

Sa maison mère, la We Company, a déposé mercredi auprès du gendarme américain des marchés financiers les documents détaillant son projet de solliciter les investisseurs à la Bourse de New York.

Contactée par l’AFP, elle n’a toutefois pas souhaité indiquer quand elle prévoyait de sauter le pas, ni la somme qu’elle souhaitait lever. Selon certains médias, We Company vise entre 3 et 4 milliards de dollars.

La société, qui prévoit d’être cotée sous le symbole WE, a confirmé à l’occasion sa forte croissance: ses revenus ont quadruplé entre 2016 et 2018, pour atteindre 1,8 milliard de dollars.

Mais ce développement à marche forcée ne s’est pas fait à bas prix, le groupe ayant aussi perdu 1,9 milliard de dollars l’an dernier.

We Company insiste toutefois pour présenter ces pertes comme des investissements nécessaires à son expansion. Et met en avant la ligne de crédit de 6 milliards de dollars que lui ont accordée en août plusieurs grandes banques internationales.

Sur les six premiers mois de l’année, la perte nette était de 904 millions de dollars mais son chiffre d’affaires, à 1,54 milliard de dollars, avait encore accéléré.

29 pays

La valeur de l’entreprise, née en 2010 à New York, est évaluée pour l’heure à quelque 47 milliards de dollars, sur la base des dernières levées de fonds privés.

Avec ses cafés gratuits, ses canapés et ses cloisons vitrées, le groupe est l’exemple le plus emblématique du «coworking» apparu dans les années 1990 et devenu ces dix dernières années l’une des grandes tendances de l’immobilier de bureaux.

Quand WeWork se lance en 2010, il profite des nouvelles technologies, qui permettent de travailler depuis n’importe où, et de la crise financière, qui avait forcé de nombreux licenciés de la finance ou de la création à monter leur propre entreprise.

Le groupe compte désormais 527.000 membres et gère 528 sites dans 111 villes à travers 29 pays. Souvent des étages entiers qu’il module entre bureaux privatifs, espaces communs et cabines individuelles, aménage, et sous-loue. Plus de la moitié de son chiffre d’affaires est réalisé en dehors des Etats-Unis.

Risque en cas de récession

Dans les locaux, toute l’intendance est prise en charge, de la connexion internet à l’imprimante en passant par le ménage.

Autant de services qui lui permettent de sous-louer, plus cher, à des entreprises ou à des travailleurs indépendants, attirés par la flexibilité du «coworking» leur permettant d’échapper à la location de longue durée.

Et la déco, mélange de couleurs vives, de design industriel et de tissus pastels, attire les «millenials», les jeunes de la génération 18 à 35 ans.

Les plus grandes entreprises, à l’instar de Microsoft, HSBC ou Facebook, se sont aussi laissées séduire. Les sociétés de plus de 500 salariés représentent désormais 40% des membres de WeWork.

L’ascension de la société n’est pas toujours vue d’un bon oeil, certains propriétaires se montrant réticents à louer à WeWork dans la mesure où ils louent eux-mêmes à relativement court terme. En cas de récession, pensent-ils, les locaux se videront rapidement.

WeWork, qui a investi d’autres secteurs comme la location d’appartements ou l’éducation, est aussi connu pour avoir développé une comptabilité présentant ses performances sous un jour flatteur.

Et les manoeuvres financières de son dirigeant Adam Neumann font parfois grincer des dents, comme quand il investit personnellement dans l’immobilier pour ensuite louer à WeWork.

La We Company s’inscrit en tout cas dans le sillage de nombreuses grosses start-up, qui se sont bousculées cette année au portillon de Wall Street avec des destinées variées. La plus importante, celle d’Uber, a été particulièrement chahutée.

A lire aussi...