Une baisse des taux d’intérêt par la BNS pointe à l’horizon

AWP

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Baromètre des tensions, la monnaie suisse est passée sous la barre des 1,06 franc pour un euro, un niveau inédit depuis 2015.

Une baisse des taux d’intérêt par la Banque nationale suisse (BNS) paraît de plus en plus probable aux yeux de certains analystes, alors que le coronavirus frappe de plein fouet l’économie mondiale et que les banques centrales sont appelées à la rescousse.

Après la chute spectaculaire lundi des marchés, entraînés à la baisse par la propagation du COVID-19 et une guerre des prix du pétrole lancée par l’Arabie saoudite, les intervenants sont en alerte. Baromètre de ces tensions, la monnaie suisse est passée la veille sous la barre des 1,06 franc pour un euro, un niveau inédit depuis 2015.

Mardi, la devise suisse, valeur refuge par excellence aux côtés du yen et de l’or, était toujours sous pression et s’échangeait en début d’après-midi à 1,0598 franc pour un euro.

Comme elle l’a régulièrement rappelée, la BNS est active sur le marché des changes où elle achète des devises étrangères pour affaiblir le franc. Indicateur de ces achats, les avoirs à vue déposés auprès de l’institut d’émission ont augmenté la semaine dernière de 2,7 milliards de francs.

Reste à savoir si cette mesure est suffisante, surtout si la Banque centrale européenne (BCE) décide lors de sa réunion de jeudi d’abaisser ses taux directeurs ou de prendre d’autres mesures d’assouplissement monétaire, comme l’anticipent certains analystes.

La BCE «ne peut pas agir sur les secteurs les plus touchés par l’épidémie, mais seulement sur le secteur bancaire et sur les conditions financières», a fait remarquer Valentin Bissat, économiste stratège senior chez Mirabaud Asset Management.

Plusieurs solutions s’offrent à l’institut d’émission francfortois: une baisse supplémentaire du taux de dépôt de -0,50% à -0,60%, une augmentation du programme de rachat d’actifs à 40 milliards d’euros par mois, un assouplissement et une extension du programme de prêts dit TLRTO ou un élargissement du type de collatéral (garantie) pour soutenir le financement aux PME. Les trois dernières options semblent les plus probables à M. Bissat.

Ls spécialistes d’UBS penchent également en faveur d’une baisse de 10 points de base du taux de dépôt, obligeant la BNS à suivre le mouvement d’ici sa réunion du 19 mars. La banque centrale helvétique pourrait ainsi abaisser de 25 points de base à -1,0% son taux directeur.

Selon les experts de la banque aux trois clés, «la balance penche en faveur d’une réduction des taux», la BNS voulant conserver un écart de taux suffisant entre le franc et l’euro pour réduire l’attractivité des placements dans la devise helvétique.

«La BNS doit absolument agir si la BCE abaisse jeudi ses taux, sinon la différence de taux avec la zone euro sera trop faible», ont insisté les analystes de Bantleon.

Accroissement des incertitudes

Credit Suisse est plus pragmatique et attend un abaissement des taux directeurs à -1,0% par la BNS seulement au deuxième trimestre.

«L’épidémie de coronavirus a fortement affaibli les perspectives économiques mondiales et renforcé l’incertitude, qui a renforcé la demande pour le franc», ont souligné les spécialistes du groupe bancaire zurichois.

Dans l’immédiat, la BNS va faire face à la demande accrue en francs avec des interventions sur le marché des changes. Mais elle risque de ne pas être en mesure de faire face à «une vague mondiale d’assouplissement monétaire».

La Réserve fédérale américaine (Fed) a en effet décidé le 3 mars d’abaisser ses taux directeurs. Elle est revenue à la charge lundi en annonçant qu’elle allait injecter au moins 150 milliards de dollars par jour dans le marché monétaire pour aider au bon fonctionnement des marchés du financement.

Les experts de Credit Suisse tablent sur une réaction plus timorée jeudi de la BCE, n’obligeant pas la BNS à suivre le 19 mars. Sauf si la BCE devait surprendre les marchés avec une réduction des taux de 20 points de base ou plus, obligeant son homologue helvétique à réagir assez rapidement.

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