Swisscom maintient le cap dans un contexte très tendu

AWP

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Les recettes ont atteint 11,71 milliards de francs l’an dernier (+0,4%), légèrement plus que les prévisions. Les perspectives 2019 déçoivent cependant les investisseurs.

Swisscom resserre les boulons en Suisse et compte sur l’essor de sa filiale italienne Fastweb face à la montée de la concurrence sur son marché domestique, qui apparaît saturé. Le géant des télécommunications a publié jeudi des résultats 2018 assez stables et poursuivra strictement son programme d’économies.

Les recettes de l’opérateur historique ont atteint 11,71 milliards de francs l’an dernier (+0,4%), légèrement plus que les prévisions du consensus AWP. Le bénéfice net s’est par contre contracté de 3% à 1,52 milliard. Quant au résultat opérationnel brut (Ebitda), il a fléchi de 1,9% à 4,21 milliards.

Les résultats ne recèlent guère de surprises, à l’image du dividende, qui reste inchangé pour la 8e année consécutive à 22 francs. Mais le contexte dans lequel évolue le groupe est toujours plus tendu, notamment eu égard aux discussions en vue d’une fusion entre ses deux concurrents Sunrise et UPC Suisse.

Swisscom poursuivra comme prévu son programme de réduction de coûts. Aux 100 millions de francs épargnés en 2018 s’ajouteront des économies d’un même montant en 2019 et en 2020. Il s’agit notamment de répondre à l’érosion des recettes, attendues à 11,4 milliards «seulement» en 2019.

«La numérisation induit un changement de l’ensemble du secteur. Dans le même temps, la concurrence mondiales d’entreprises à bas coûts basées sur Internet est toujours plus forte», explique le géant bleu.

Les économies se feront par une simplification des processus de travail, l’utilisation de systèmes moins coûteux et des suppressions d’emplois «dans les domaines en régression». En revanche, des créations de postes sont prévues dans les secteurs en croissance comme le cloud ou la sécurité.

Au final, les effectifs totaux du groupe en Suisse devraient «reculer légèrement» en 2019, en fonction de l’évolution du marché. Près de 550 emplois ont déjà disparu l’an dernier en Suisse. Les effectifs du groupe s’établissaient à 19’845 personnes (équivalents plein temps) à fin décembre, dont 17’147 en Suisse, contre 20’506 (17’688) à fin 2017.

Devant les médias à Zurich, le directeur général de Swisscom, Urs Schaeppi, a tenu à préciser que seules 24 personnes ont dû pointer au chômage jusqu’à présent suite au redimensionnement. Il n’a pas indiqué l’ampleur des nouvelles coupes. Celles-ci devront se faire «autant que possible» par les fluctuations naturelles et les départs à la retraite.

Dans un communiqué, le syndicat transfair s’est inquiété de l’insécurité à laquelle doit faire face le personnel et demande plus de clarté à l’opérateur.

Contraste

Commentant la performance 2018, M. Schaeppi a relevé que Swisscom avait atteint les objectifs fixés. Les affaires en Suisse - 77% des recettes du groupe - ont cependant été marquées par un recul des ventes de 2,7% à 8,8 milliards de francs. En cause: la forte pression sur les prix et le net reflux dans la téléphonie fixe, où l’entreprise a perdu 200’000 clients. En revanche, les offres combinées ont connu un franc succès.

L’entité transalpine Fastweb a vu ses ventes bondir de 8,2% à 2,1 milliards d’euros (environ 2,4 milliards de francs), pour un excédent d’exploitation (Ebitda) de 674 millions d’euros. Le nombre de ses clients mobiles y a augmenté de 35%.

Pour 2019, Swisscom prévoit des investissements de 2,3 milliards de francs. Urs Schaeppi s’est dit «positif» face à l’éventualité d’une fusion entre Sunrise et UPC. Il n’a pas souhaiter évaluer l’impact qu’elle pourrait avoir sur «son» entreprise. Mais Goldman Sachs a estimé récemment qu’un mariage des deux rivaux ferait perdre des parts de marché à Swisscom sur le réseau câblé, avec des pertes potentielles de 107 millions.

Commentant l’appel d’offres en cours pour les fréquences 5G, Urs Schaeppi a estimé qu’il n’y avait aucune incompatibilité entre cette nouvelle génération mobile et les investissements actuels dans la fibre optique. «La 5G et internet vont cohabiter. De nombreuses applications, comme la télévision, sont liées au web. Et ce dernier est mieux adapté à cet effet que les nouvelles fréquences de téléphonie mobile», a-t-il observé.

Les analystes n’ont pas été surpris par les résultats mais un peu échaudés par les perspectives 2019 «timides». A la Bourse, l’action Swisscom a terminé la séance bonne dernière de l’indice SMI décrochant de 4% à 444,9 francs, dans un marché SMI en repli de 1,17%.

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