Sous pression, Trump cède sur le mur pour sortir du shutdown

AWP

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Le Sénat a approuvé un accord prévoyant un financement des services fédéraux jusqu’au 15 février. Mais le président n’entend pas en rester là et dispose encore de quelques atouts dans sa serviette.

C’est finalement Donald Trump qui a cédé le premier. Après plus d’un mois d’un intense bras de fer avec les démocrates, le président américain a renoncé temporairement au financement de son mur à la frontière mexicaine, pour pouvoir sortir du shutdown le plus long de l’histoire des Etats-Unis.

«Espérons que le président a retenu la leçon», a lancé, victorieux, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

«Il est triste qu’il ait fallu aussi longtemps pour parvenir à une conclusion évidente», a renchéri la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui a renforcé à travers cette crise sa réputation d’habile stratège.

Soumis à une très forte pression, M. Trump a au final accepté ce que les démocrates exigeaient depuis des semaines: sortir de l’impasse budgétaire avant la reprise de toute négociation sur des mesures de contrôle de l’immigration clandestine.

Après plus d’un mois de paralysie touchant 800’000 fonctionnaires, privés de salaire, il s’est dit «fier» d’annoncer un accord de fin du shutdown partiel, prévoyant un financement des services fédéraux jusqu’au 15 février.

Le Sénat a ensuite rapidement approuvé, par consentement unanime, cet accord budgétaire. La Chambre devrait suivre dans l’après-midi.

Mais M. Trump a menacé d’une nouvelle paralysie budgétaire à partir du 15 février si aucun consensus n’était trouvé sur son projet de mur frontalier. Voire de déclarer une situation «d’urgence» qui lui permettrait d’activer des pouvoirs extraordinaires afin de contourner le Congrès.

«Nous n’avons pas d’autre choix que de construire un mur puissant ou une barrière en acier», a-t-il insisté.

Pas suffisant toutefois pour apaiser l’aile droite de sa base.

Furieuse que Trump ait temporairement cédé, la très conservatrice et influente polémiste Ann Coulter a ainsi accusé le président d’être une «mauviette» et l’a comparé à George H. W. Bush, parfois jugé trop mou par la droite américaine.

Mais au Congrès, un membre influent du Tea Party, l’aile conservatrice des républicains, Mark Meadows, n’a pas fléchi dans son soutien au président. «Sa détermination reste inébranlable», a-t-il écrit.

Sécurité aérienne en question

Juste avant cette annonce, la pression s’était nettement accentuée sur Donald Trump et les parlementaires alors que des milliers de fonctionnaires venaient d’être privés d’un second bulletin de salaire.

Ils seront payés rétroactivement, mais ce n’est pas le cas des nombreux sous-traitants également affectés.

De grosses perturbations avaient en outre été signalées vendredi matin dans des aéroports de New York et de Philadelphie à cause du manque de personnel, rajoutant à l’urgence de la situation.

Des associations de contrôleurs aériens avaient fait part jeudi de leur inquiétude quant aux conséquences du «shutdown» sur la sécurité dans le transport aérien. Un message inquiétant répété en boucle dans les médias américains depuis.

A l’aéroport de LaGuardia, Tiffany Cruz, une employée du secteur privé, a réagi avec scepticisme aux mots de Donald Trump. «C’est juste parce que cela l’arrange. Ce n’est pas vraiment pour aider les gens qui souffrent en tentant de s’en sortir après une nouvelle semaine sans être payée», a-t-elle affirmé à l’AFP.

Donald Trump et les républicains, majoritaires au Sénat mais pas à la Chambre, étaient majoritairement tenus pour responsables de la situation, selon les sondages publiés depuis le début de la semaine.

Dans le parti républicain, le malaise était palpable jeudi au Sénat face à l’avalanche de témoignages poignants de fonctionnaires et de contractuels. L’aumônier du Sénat avait appelé mercredi les parlementaires à agir après les récits de garde-côtes forcés de recourir à la soupe populaire.

Du côté des démocrates, au-delà de la question du mur, il était critique de ne pas céder au tempétueux président de crainte qu’il n’emploie à l’avenir le levier brutal du «shutdown» pour faire passer d’autres projets hautement controversés.

«On ne peut pas prendre les Américains en otage», a martelé Chuck Schumer vendredi.

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