Roche a tenu ses promesses en 2019

AWP

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La multinationale rhénane affiche une croissance de 8% à 61,47 milliards de francs, portée essentiellement par son coeur de métier dans les médicaments.

Le laboratoire Roche a comme promis surcompensé l’érosion des recettes, attribuée à la multiplication de versions biosimilaires de ses moteurs de ventes en oncologie l’an dernier. Le produit des lancements récents a en effet atteint 5,4 milliards de francs, alors que le manque à gagner attribué aux répliques des médicaments biologiques vieillissants s’est limité à 1,5 milliard.

Le directeur général Severin Schwan a toutefois prévenu en conférence de bilan s’attendre pour l’année en cours à un impact de 4 milliards, alourdi par l’arrivée attendue sur l’incontournable marché américain de nouvelles répliques de médicaments biologiques. «Nous avons franchi avec l’Herceptin et le Mabthera/Rituxan le creux de la vague en Europe» a tenu à indiquer le grand timonnier.

La multinationale rhénane a affiché une croissance annuelle de 8% à 61,47 milliards de francs, portée essentiellement par son coeur de métier dans les médicaments. La principale division Pharmaceuticals a vu ses revenus progresser de 10% à 48,52 milliards, alors que Diagnostics a grappillé 1% à 12,95 milliards.

Le bénéfice net, dopé par un effet de base, s’est envolé de 30% à 14,11 milliards. Le conseil d’administration offrira aux actionnaires un dividende de 9,00 francs par bon de jouissance, en hausse de 30 centimes.

Erosion et remblaiement

La performance ne comble pas tout à fait les projections des analystes consultés par AWP, qui anticipaient en moyenne un chiffre d’affaires de 61,85 milliards au niveau du groupe, de 48,88 milliards pour Pharmaceuticals et de 13,12 milliards pour Diagnostics. L’Ebit de base était attendu à 22,64 milliards et le bénéfice net afférent à 18,06 milliards.

Pour vieillissants qu’ils soient, les traditionnels moteurs de vente ont encore représenté deux cinquièmes des recettes de Pharmaceuticals.

L’Avastin a même étoffé sa contribution de 4% à 7,07 milliards. Le Mabthera/Rituxan comme l’Herceptin, en revanche, ont décru de respectivement 4% et 12% à 6,48 et 6,04 milliards, plombés par d’importants reculs en Europe. L’Herceptin s’inscrit désormais sur le déclin outre-Atlantique également, quoique dans une moindre mesure.

A l’inverse, les revenus de l’Ocrevus, lancé en 2017 contre la sclérose en plaques, se sont envolés de 57% à 3,7 milliards, ceux du Tecentriq, commercialisé depuis 2016 dans diverses indications oncologiques, ont plus que doublé à 1,9 milliard et ceux de l’Hemlibra, autorisé depuis 2017 contre l’hémophilie ont été multipliés par plus de cinq à 1,4 milliard.

Pour l’année en cours, la direction articule une poursuite de la croissance au rythme modéré de 1 à 5%. La rentabilité de base doit suivre une courbe similaire - hors effets de change - et les actionnaires peuvent s’attendre à une nouvelle hausse de leur rémunération.

Déception relative

Les ambitions de croissance de jusqu’à 5% soulagent les analystes, qui redoutaient une stagnation, voire un repli.

Le chiffre d’affaires ne rate le coche que de peu, relève Jefferies, qui dans un commentaire attribue ce petit écart à des performances contrastées des divers moteurs de ventes. La chute des recettes de l’Herceptin aux Etats-Unis semble trahir une cannibalisation par le Kadcyla, en plus de la concurrence des versions répliquées.

«Nos attentes, comme celles du marché, étaient quelque peu optimistes», reconnait la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Les perspectives de croissance brossées par une direction traditionnellement prudente devraient dissiper les derniers doutes sur ses capacités à renouveler durablement son portefeuille de traitements, poursuit l’établissement cantonal.

A la Bourse suisse, le bon de jouissance Roche a été, avec une avancée de près de 0,5% à 327,10 francs, le seul rescapé d’un SMI sinon intégralement déprimé, en recul de 1,02%.

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