Roche: le bénéfice net franchit le cap des 10 milliards de francs

AWP

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Les actionnaires se verront offrir un dividende au titre de 2018 relevé à 8,70 francs par bon de jouissance. L'action termine en hausse de 2,54%.

Roche a franchi l’an dernier le cap des dix milliards de francs de bénéfice, moyennant un coup de pouce de la réforme fiscale aux Etats-Unis. Le laboratoire bâlois a par ailleurs tenu son engagement de plus que compenser avec le rajeunissement du portefeuille l’érosion des recettes imputable à la concurrence des biosimilaires pour ses moteurs de ventes vieillissants. La croissance devrait se poursuivre sur l’exercice en cours, à un rythme toutefois moins vigoureux.

Le bénéfice net s’est envolé de près d’un quart en comparaison annuelle à 10,87 milliards de francs, à un niveau inédit depuis 2013. Le chiffre d’affaires de la multinationale rhénane s’est enrobé de 7% à 56,85 milliards.

L’excédent d’exploitation (Ebit) de base - soit apuré de tout élément jugé exceptionnel - a gagné 9% à 20,51 milliards, égraine le laboratoire rhénan dans son rapport annuel jeudi. Les actionnaires se verront offrir un dividende au titre de 2018 de 8,70 francs par bon de jouissance, contre 8,30 francs un an plus tôt.

La performance s’inscrit dans le haut des projections des analystes consultés par AWP, qui articulaient en moyenne un chiffre d’affaires de 56,48 milliards, pour un Ebit de base de 20,21 milliards. Le dividende s’avère conforme aux expectatives.

Les deux divisions - Pharma et Diagnostics - ont affiché une croissance de 7%, aussi bien en francs qu’à taux de change constants, pour des performances respectives de 43,97 milliards et 12,88 milliards.

Moteurs de ventes vieillissants, mais résistants

La direction se congratule au passage d’avoir plus que compensé avec ses nouveaux produits l’érosion des recettes imputable à la concurrence des biosimilaires. Les recettes des médicaments phares en devenir ont en effet atteint 3,20 milliards, alors que les moteurs de ventes traditionnels n’ont accusé un repli que de 1,20 milliard. «Près de 90% de la croissance des recettes dans la pharma sont imputables aux substances récemment lancées», a souligné le directeur général Severin Schwan en conférence de presse.

Les médicaments biologiques menacés par la concurrence des biosimilaires en raison de l’arrivée à échéance de leurs brevets sont restés - de loin - les trois principales sources de revenus de Roche.

L’Herceptin a étoffé sa contribution de 1% à 6,98 milliards, malgré un tassement en Europe et au Japon, tandis que celle de l’Avastin a progressé de 3% à 6,85 milliards. Le Mabthera/Rituxan par contre se trouve sur la pente descendante (-8% à 6,75 milliards), malgré une résistance persistante aux Etats-Unis.

Le pays de l’oncle Sam, premier débouché mondial pour les substances médicamenteuses, risque de voir prochainement se multiplier les lancements de biosimilaires, prévient néanmoins le timonier du paquebot pharmaceutique.

En 2019 la croissance devrait ralentir pour s’établir entre 1 et 5%, hors effets de changes, assorti d’une progression comparable de la rentabilité ajustée. La rémunération des actionnaires devrait une nouvelle fois être relevée.

Entre soulagement et fantasmes

Saluant une excellente performance sur la fin de l’exercice écoulé, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) prévient que la concurrence des biosimilaires ne devrait commencer à déployer son potentiel de nuisance qu’à partir de l’année en cours aux Etats-Unis, premier débouché pour Roche. L’établissement zurichois souligne qu’une érosion aussi marquée qu’en Europe ou au Japon pour les trois moteurs de ventes que sont l’Herceptin, le Mabthera/Rituxan et l’Avastin pourrait laisser des traces.

UBS de son côté note que la direction s’affiche plus confiante pour la suite de l’exercice que ne l’escomptaient les marchés jusqu’ici.

L’absence de mauvaises surprises sur le front des biosimilaires et les performances des nouveaux produits contre l’hémophilie Hemlibra ainsi qu’anticancéreux Tecentriq et Alecensa soulage les analystes de Goldman Sachs. L’Ocrevus contre la sclérose en plaques en revanche a quelque peu déçu la banque d’investissement américaine.

S’alignant sur les appréciations de son illustre homologue, Jefferies assure que la valorisation actuelle du titre omet de prendre en compte les retombées potentielles de l’incubateur de produits le plus prometteur de la galaxie pharmaceutique. La stabilisation des marges à brève échéance doit précéder une extension marquée par la suite.

Les investisseurs applaudissaient également la copie rendue par Roche, propulsant en fin de matinée le bon de jouissance de 1,9% à 262,35 francs et plaçant celui-ci à la tête d’un SMI en hausse de 0,11%.

Il a clôturé sur une hausse de 2,54% à 263,95 francs, conservant la tête de l’indice vedette (+0,04% à 8969,27 points).

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