Les Suisses ne croient plus en une baisse des coûts de santé

AWP

2 minutes de lecture

Les Suisses se montrent de moins en moins enclins à renoncer à des prestations, même si cela permettrait des économies, selon le Moniteur de la santé 2018 réalisé par gfs.bern.

Les Suisses n’attendent plus de baisse des coûts de la santé. Moins d’un sur cinq espère encore leur stabilisation, selon le Moniteur de la santé 2018 réalisé par gfs.bern. En revanche pour ces coûts élevés, ils veulent conserver des prestations de qualité.

«Fondamentalement, on a conscience de débourser beaucoup d’argent et on s’attend en conséquence à ce que les caisses-maladie couvrent un vaste éventail de prestations», relève mardi le Moniteur de la santé dans son enquête annuelle. L’importance donnée aux prestations par rapport aux coûts est donc en nette augmentation par rapport à 2017.

Ainsi, 95% (+14 points) des sondés pensent que la qualité des prestations – et 87% (+11) que leur quantité – est plus importante que leur prix. Les attentes au sujet de la couverture des risques ont atteint un nouveau record. «Une claire majorité de 76% (+22) souhaite que les caisses-maladie prennent en charge plus de prestations et offrent une couverture aussi complète que possible», souligne le rapport d’enquête.

Pas d’expérimentation

Dans cette optique, les Suisses se montrent de moins en moins enclins à renoncer à des prestations, même si cela permettrait des économies. Ils ne sont plus que 19% (-24) à accepter des restrictions à l’accès aux nouveaux médicaments et 31% (-23) à accepter des suppressions au catalogue des prestations. Quant au choix du médecin, ils ne sont plus que 38% (-14) à voir une limitation d’un bon oeil.

Une tendance qui a eu un impact sur la vision de la prise en charge des maladies rares, sous pression ces deux dernières années. En 2018, il n’y a plus qu’une minorité à vouloir que la prise en charge par les caisses dépende de l’âge (34%, -21) ou qu’un plafond soit fixé pour les coûts (31%, -16).

Malgré des attentes élevées vis-à-vis des caisses-maladie, les Suisses ne veulent pas expérimenter de nouveau système, que ce soit des mesures automatiques ou des primes calculées en fonction du revenu. Ils se montrent également sceptiques sur une possible baisse des coûts grâce à de nouvelles mesures en discussion, telles que les budgets globaux ou le financement uniforme des traitements stationnaires et ambulatoires.

«Réaction excessive»

Les Suisses veulent maintenir le statu quo, car ils sont inquiets de perdre des acquis sociaux, selon le Moniteur de la Santé. «Tout à coup, les préoccupations concernant les coûts passent à l’arrière-plan et la peur de perdre des prestations domine», selon l’enquête. Un constat quelque peu tempéré: «L’expérience nous permet de supposer que le sondage 2018 révèle une réaction légèrement excessive au débat politique actuel et que celle-ci sera corrigée à la baisse en 2019.»

Les Suisses restent cependant très satisfaits (87%, +9) du système de santé. Les coûts sont «la seule pierre d’achoppement d’un système de santé tenu en haute estime», explique l’enquête. Mais la confiance envers les politiciens chargés des questions de santé et les caisses-maladie est en perte de vitesse. De plus, la moitié des sondés mettent en cause les frais administratifs comme principal facteur de l’augmentation des primes.

Le Moniteur de la santé est réalisé depuis 1996 une fois par an par gfs.bern sur mandat d’Interpharma, l’association des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche. Entre le 5 et le 24 mars, 1200 électeurs de toute la Suisse ont été interrogés.