Les IPO ont fait une pause en Europe l’an dernier

AWP

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Les fonds levés par les entrées en Bourse ont diminué de près de 20%, à près de 36 milliards d’euros par rapport à 2017, selon une étude de PwC.

Moins de fonds levés et de nombreux projets gelés: sous l’effet de la volatilité et des incertitudes de marché, l’année 2018 a été source de déception pour les introductions en Bourse en Europe.

En début d’année dernière, l’optimisme était pourtant de mise. Le volume d’opérations envisagé laissait augurer une dynamique favorable. Mais un nombre important d’entreprises ont finalement annulé ou reporté leur projet d’introduction en Bourse.

Les fonds levés par les entrées en Bourse européennes ont ainsi diminué de près de 20%, à près de 36 milliards d’euros (environ 41 milliards de francs) par rapport à 2017, selon une étude de PwC qui enregistre aussi un recul de 20% en volume.

Sur la place parisienne, les entrées en Bourse ont été un peu plus nombreuses qu’en 2017 (21 contre 19). Mais le montant des fonds levés a baissé de plus de moitié, pour atteindre 1,1 milliard d’euros à fin décembre contre 2,4 milliards en 2017.

Même constat pour l’ensemble des marchés européens d’Euronext (Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne et Dublin), où 33 introductions en Bourse ont été réalisées (contre 29 en 2017) pour une levée de fonds d’environ 3,6 milliards d’euros (contre 4,2 milliards en 2017).

Ces chiffres communiqués par l’opérateur européen n’incluent pas le marché libre Euronext Access, où les montants levés sont généralement faibles.

La saison d’automne, traditionnellement la plus propice avec celle du printemps, a été sinistrée par «la volatilité des cours» et les «incertitudes fortes sur les marchés», explique à l’AFP Stéphane Boujnah, le directeur général d’Euronext.

Concurrence des fonds d’investissement

Outre ces turbulences traversées par les marchés actions, «la poursuite du développement des fonds d’investissement», dans lesquels des investisseurs institutionnels ou des particuliers peuvent placer leur argent pour financer des projets de développement d’entreprises privées non cotées, a également contribué à freiner les velléités de certains candidats à la cotation, note le dirigeant.

Cet engouement pour le capital-investissement (aussi connu sous l’anglicisme «private-equity») «a conduit au report d’un certain nombre d’opérations», souligne M. Boujnah. Mais cela ne représente, selon lui, qu’une solution temporaire, «car la seule solution pérenne capable d’accompagner la croissance dans la durée, c’est clairement le passage par les marchés cotés».

Le cas le plus retentissant a sans doute été celui du groupe industriel Delachaux, qui devait revenir en Bourse après en être sorti en 2011 mais y a renoncé en juin après avoir racheté la part de 49,9% du fonds CVC, entré à son capital en 2011.

D’autres entreprises ont également jeté l’éponge, dont six à la Bourse de Paris mais aussi sur les autres marchés gérés par Euronext.

Le plasturgiste automobile Novares a également fait marche arrière, en février, au moment de la première forte correction de l’an dernier sur les marchés boursiers. Pour les mêmes motifs de conditions de marché dégradées, la société néerlandaise de leasing automobile Leaseplan, tout comme le spécialiste français des produits en béton préfabriqué Consolis ont respectivement annulé et reporté leur projet d’entrée en Bourse en octobre, lors de la deuxième phase de remous sur les marchés.

Un mois plus tôt, le gouvernement belge, qui détient Belfius, avait reporté l’entrée en Bourse de ce bancassureur en attendant une solution dans un vieux dossier d’indemnisations de porteurs suite à la crise de 2008.

Hormis ces déboires, l’année a connu «quelques belles opérations sur les marchés Euronext» dont la plus emblématique, celle de Neoen dans l’énergie renouvelable en France (qui avait permis de lever 628 millions d’euros en octobre) ou encore celle de la fintech Adyen, licorne du paiement en ligne aux Pays-Bas qui «vaut presque 14 milliards d’euros aujourd’hui».

En 2018, 70% des entrées en Bourse ont concerné des PME du secteur technologique. Dans la mesure où elles ont des besoins de trésorerie pour assurer leurs dépenses d’investissements et financer la recherche, les medtechs et les biotechs «peuvent moins patienter» pour franchir le Rubicon, explique M. Boujnah.

Pour cette année 2019, «beaucoup d’entreprises solides préparent une IPO (introduction en Bourse) malgré les négociations sur le Brexit (...)», souligne Philippe Kubisa, associé spécialiste des marchés de capitaux chez PwC.

Un optimisme que partage le directeur général d’Euronext. «On est confiant de voir arriver des sociétés de taille moyenne ou importante» mais on reste «prudent» devant la volatilité des marchés.

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