Les employés veulent leur part du gâteau de la croissance

AWP

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Les travailleurs n’ont bénéficié que d’augmentations salariales modestes et, parfois même, de gels des salaires ces dernières années, selon trois syndicats et une association.

Les employés veulent aussi leur part du gâteau de la croissance

Les employés doivent profiter des retombées de la croissance économique et bénéficier d'augmentations de salaire d'au moins 2%. C'est l'exigence centrale de Travail.Suisse, qui a présenté jeudi à Berne ses revendications pour les négociations salariales de l'automne.

«Après la canicule de cet été, l'automne sera chaud en matière de négociations salariales», a annoncé jeudi à Berne devant les médias Arno Kerst, président du syndicat Syna.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) pronostique une croissance économique de 2,4% pour 2018 et de 2% pour 2019, rappellent Travail.Suisse et ses fédérations affiliées, Syna, transfair et Hotel&Gastro Union. Selon eux, cette reprise doit profiter aux travailleurs, qui ont subi une inflation de 0,5% en 2017.

Ils doivent maintenant récolter les fruits de leur labeur, estiment les syndicats. Les travailleurs ont en effet contribué au fait que la crise économique et financière mondiale a eu peu de conséquences en Suisse depuis 2007, a déclaré Gabriel Fischer, responsable de la politique économique chez Travail.Suisse. Ainsi pour combattre le franc fort, la durée du temps de travail a parfois été prolongée.

Mais au final, les travailleurs n'ont bénéficié que «d'augmentations salariales modestes» ces dernières années. Ils ont même parfois subi des gels des salaires. Et en 2017, la reprise du renchérissement a entraîné une perte de salaire réel, a indiqué Gabriel Fischer, responsable de la politique économique chez Travail.Suisse.

Manque de transparence

Par ailleurs, les entreprises manquent de transparence dans leur politique salariale, accusent les syndicalistes. Ces derniers constatent une explosion des augmentations salariales individuelles au détriment des hausses générales, s'est insurgé M. Kerst en brandissant un tableau de statistiques.

Avant la crise, seul un tiers des hausses de salaires étaient accordées individuellement. La tendance s'est complètement inversée depuis. En 2017, les augmentations de salaires générales ne concernaient que 25% des hausses.

Le président de Syna estime qu'il y aurait cependant de bonnes raisons de procéder à une répartition générale des salaires. La hausse des prix concerne tous les travailleurs, la réussite d'une entreprise concerne tous les employés alors que les critères de répartition des augmentations individuelles sont la plupart du temps «arbitraires».

Secteurs chauds

Cet automne, le secteur de la construction occupera Syna, qui réclame 150 francs en plus. Il n'y pas eu d'augmentation depuis quatre ans, constate le syndicat, alors que les travailleurs du second oeuvre en Suisse romande attendent eux un ajustement salarial depuis deux ans.

De son côté, transfair a gardé plusieurs revendications de 2017 à son ordre du jour, notamment la prise en compte de la question des primes d'assurance maladie dans les négociations salariales de l'automne. La situation des caisses de pensions sera également au cœur des discussions. Ce dernier point concerne avant tout les employés de la Confédération, qui voient leur rente diminuer jusqu'à 5% suite à des adaptations de la caisse fédérale de pensions PUBLICA.

Les bouleversements engendrés par la numérisation constituent un autre cheval de bataille de transfair. Les employés sont mis sous pression, l'augmentation est bien méritée, juge le syndicat.

Femmes et hommes toujours inégaux

Enfin, l'inégalité salariale entre les femmes et les hommes est également «inacceptable», selon Travail.Suisse. Pour la combattre, la faîtière exige une volonté politique «plus forte pour pouvoir contrôler l'égalité des salaires dans l'entreprise». Même son de cloche chez Syna, qui exige que les salaires d'une entreprise soient examinés tous les deux ans.

Syna garde également l'oeil sur le secteur tertiaire, où il pointe du doigt des salaires inférieurs pour des formations typiquement féminines (infirmière diplômée) en comparaison à des formations typiquement masculines (policier).

 

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