Les ambitions d’AMS pénalisent les banques

AWP

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Suite à l’augmentation de capital pour la reprise d’Osram, les banques syndiquées, dont UBS, se retrouvent avec 528 millions de francs d’actions sur les bras.

L’acquisition d’Osram par l’autrichien AMS risque de laisser un mauvais souvenir aux établissements ayant pris part à l’opération, dont UBS. Au terme de l’augmentation de capital visant à financer le rachat, les banques syndiquées se retrouvent avec 528 millions de francs d’actions sur les bras.

Les actionnaires existants d’AMS ont souscrit à 70% des titres nouvellement émis lors de l’augmentation de capital, soit 132’475’209 actions du fabricant autrichien de capteurs, sur un total de quelque 189,9 millions, a indiqué mercredi le groupe.

«En 20 ans, je n’ai jamais vu autant d’actions rester lors d’une augmentation de capital», a affirmé l’un des banquiers impliqués. «Mais c’est l’environnement du marché qui veut cela. Ce n’est pas lié à l’entreprise», a-t-il ajouté, faisant référence à la volatilité causée par le coronavirus sur les marchés financiers.

Le solde de 30% revient aux banques syndiquées, qui avaient garanti le placement des titres. Ces établissements se trouvent par la force des choses actionnaires d’AMS à hauteur de 21%. Les actions au porteur concernées représentent une valeur de 528 millions de francs. Elles devront être écoulées petit à petit au cours des prochaines semaines.

Les banques risquent d’en être pour leur frais, puisque le titres ont été émis à un prix unitaire de 9,20 francs. Mercredi, vers 15h20, le titre chutait de 1,0% à la Bourse suisse, à 8,57 franc, dans un SPI en recul de 2,18%.

Dans la foulée, l’action de l’éclairagiste allemand Osram a reculé de 5% à 30,87 euros, un cours diminué d’une bonne dizaine de francs par rapport à l’offre de reprise d’AMS. Les actionnaires récalcitrants qui n’ont pas cédé aux sirènes du repreneur autrichien craignent désormais de ne pas recevoir de compensations pour leurs pertes, directement liées à l’acquisition.

Opération douteuse

Jusqu’à présent, AMS détient 63% du capital-actions d’Osram. L’opération doit toujours obtenir le feu vert des autorités de la concurrence de plusieurs pays. Une décision est attendue en juin.

Même avant l’éclatement de la pandémie de coronavirus, de nombreuses voix s’étaient élevées pour mettre en cause la pertinence de cette acquisition devisée à 4,6 milliards de francs. L’augmentation de capital devait permettre d’en financer une partie, soit 1,7 milliard.

Le doute planait quant à un éventuel retrait des banques syndiquées en raison de la crise sanitaire. Les analystes craignent que le coronavirus ne plombe les affaires du géant américain Apple, qui se fournit chez AMS. Ce dernier se retrouverait confronté à des difficultés qui viendraient s’ajouter à celles induites par la reprise d’Osram.

Il ne s’agit pas d’une petite affaire. Des milliards sont en jeu pour UBS et HSBC. Les deux géants bancaires ont arrangé, avec Bank of America, les prêts-relais nécessaires à cette acquisition. Ils sont désormais assis sur un tas d’actions AMS qu’ils pourraient être contraints de brader.

Mardi soir, le syndicat de banques a déjà placé pour 8% des titres nouvellement émis, soit 15 millions d’actions, au prix de 9,20 francs par unité. Il en reste encore 57,4 millions.

UBS est désormais actionnaire à hauteur de 7,7% d’AMS, contre 7,2% pour HSBC et 6% éparpillés entre six autres banques, dont Deutsche Bank, Commerzbank et Erste Group. Sans relèvement du cours d’AMS, ces établissements subiront des pertes.

Le groupe autrichien a toujours prétendu qu’on lui a tordu le bras pour procéder à cette augmentation de capital. Selon certaines sources proches du dossier, le fonds souverain singapourien Temasek, qui détient 5,4% d’AMS, aurait également appuyé cette solution, tout comme des fonds spéculatifs.

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