Le tourisme tessinois aux abois, terrassé par la COVID-19

AWP

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94% des structures hôtelières et 76% des restaurants anticipent un chiffre d’affaires en recul pour le second trimestre, contre respectivement 23,4% et 19,1% lors du dernier pointage en janvier.

Le secteur touristique tessinois, qui représente environ 10% du Produit intérieur brut (PIB) cantonal, a été, et sera vraisemblablement la branche la plus touchée de la crise économico-sanitaire liée à la pandémie de COVID-19. Le tableau dressé mercredi par les statisticiens tessinois à l’occasion de la publication de la dernière enquête conjoncturelle du secteur menée en avril fait froid dans le dos.

Alors que l’hôtellerie s’est vue contrainte à cesser quasiment toute activité en raison des mesures drastiques décrétées pour freiner la propagation du coronavirus, les entreprises actives dans la restauration ont pu quelque peu limiter la casse, grâce à la possibilité de proposer des services de vente à l’emporter.

Sur les trois mois qui ont précédé l’enquête, 80% des hôteliers et près de deux tiers des restaurateurs ont signalé une contraction de leurs volumes de ventes, et la grande majorité des acteurs de la branche touristique prévoit une ultérieure érosion de la demande et du niveau d’emploi.

«Bien que l’on voie poindre à l’horizon la saison estivale, les prévisions pour les prochains mois sont tout aussi négatives», relève l’office cantonal de la statistique.

Ainsi, 94% des structures hôtelières et 76% des restaurants anticipent un chiffre d’affaires en recul pour le second trimestre. Lors du dernier pointage en janvier, ces indicateurs se situaient respectivement à 23,4% et 19,1%.

A un horizon de six mois, les perspectives sur la marche des affaires se redressent timidement, mais restent majoritairement pessimistes (hôtellerie: 52,7%, restauration: 63,9%).

Vacances en Suisse

«Le Tessin est entré avant les autres cantons en phase de «lockdown» et donc la période d’incertitude pour nos entrepreneurs a duré plus longtemps», analyse Angelo Trotta, directeur de Ticino Turismo. Selon lui, le canton italophone devrait toutefois être avantagé du fait de sa forte vocation interne. Et de rappeler que le secteur tire 70% de ses recettes de la clientèle suisse.

En raison des fortes incertitudes quant aux déplacements internationaux, le responsable présume que nombre de compatriotes préféreront passer leurs vacances sans quitter le territoire national.

«Nous sommes toutefois conscients du fait que le marché interne ne pourra pas remplacer intégralement la part traditionnellement occupée par les touristes étrangers», admet M. Trotta, qui dit s’attendre à une «reprise progressive» des deux marchés étrangers de réfrérence que sont l’Allemagne et l’Italie.

Reste que la situation des réservations à la veille du long week-end de l’Ascension sont tout sauf encourageants. «Nous constatons que les personnes peinent à franchir le Gothard», a indiqué aux micros de la RSI Massimo Perucchi, président de la section Sopraceneri de la faîtière HotellerieSuisse.

Disette pour les ponts

«Pour l’Ascension, nous avons un taux d’occupation qui avoisine les 40-50%, alors que les années précédentes il était de 100%», a-t-il déploré. Et de s’émouvoir de la catastrophe annoncée pour Pentecôte, avec un taux estimé de 10% de réservations.

Malgré l’appel à séjourner dans le canton italophone, M. Perucchi n’a pas caché sa déception par rapport à la présidente de la Confedération. Deux jours après avoir tenu des propos rassurants lors de sa visite au Tessin, Simonetta Sommaruga a invité la population à ne pas voyager pour les ponts de l’Ascension et de Pentecôte, a rappelé le responsable.

«Les touristes confédérés observent comment se présente la situation au Tessin», estime pour sa part Lorenzo Pianezzi, président de l’antenne cantonale d’HotellerieSuisse. «Si les infections continuent à diminuer (...) on assistera à un regain de confiance pour voyager, et je ne parle pas seulement du Tessin, mais de toute la Suisse.»

Pour la période estivale, M. Perucchi signale un changement de tendance. «Alors qu’auparavant, les touristes s’arrêtaient en moyenne 2,2 jours (...) toutes les réservations que nous recevons actuellement sont de 5 à 10 jours», une chose «rare à voir» selon lui.

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