Le taux d'emprunt des Etats-Unis à 10 ans dépasse les 3%

AWP

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Le rendement sur les bons du Trésor à 10 ans a franchi ce cap peu après l’ouverture de la séance à Wall Street, vers 13h45 GMT, avant de reculer un peu.

Le taux de la dette des Etats-Unis à 10 ans a dépassé mardi le seuil symbolique des 3% pour la première fois depuis début 2014, suscitant des interrogations sur la réaction des marchés à un environnement de taux plus élevé.

Ce chiffre est important car il influence le coût des crédits accordés aux entreprises, aux particuliers et aux municipalités.

Sa progression signifie que la première puissance économique mondiale doit proposer un retour sur investissement plus élevé qu’auparavant pour emprunter de l’argent sur les marchés, notamment pour s’ajuster à une inflation plus élevée.

Le rendement sur les bons du Trésor à 10 ans a franchi le cap des 3% peu après l’ouverture de la séance à Wall Street, vers 13H45 GMT, avant de reculer un peu.

Il a grimpé ces dernières semaines au fur et à mesure que les acteurs du marché se préparaient à une hausse des prix aux Etats-Unis à la faveur d’indicateurs solides sur l’économie américaine et des bons résultats des entreprises au premier trimestre, dopés entre autres par la réforme fiscale adoptée fin 2017.

Sa hausse s’est récemment accélérée face aux cours des matières premières, le pétrole grimpant notamment à son plus haut niveau depuis 2014, aux sanctions commerciales imposées par Donald Trump pouvant rendre plus chers les produits importés aux Etats-Unis et à la multiplication des emprunts effectués par le Trésor américain.

La Réserve fédérale (Fed), dont un des objectifs est d’empêcher une inflation galopante, pourrait en conséquence vouloir remonter plus rapidement que prévu ses taux directeurs cette année. Cette perspective fait, par ricochet, grimper l’ensemble des taux d’intérêt.

Signe précurseur?

Le passage du cap des 3% peut-il déclencher des remous sur les marchés? Les analystes divergent à cet égard.

Quand le taux de la dette américaine à 10 ans avait dépassé les 2,9% début février, les investisseurs avaient paniqué. L’indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, a chuté de plus de 10%.

Certains craignent qu’une remontée trop rapide des taux ne freine la reprise économique en rendant les emprunts plus chers.

D’autres redoutent que les investisseurs se détournent du marché des actions pour placer leur argent dans les obligations, bien moins risquées et aux rendements désormais un peu plus élevés.

Les récentes statistiques sur l’économie américaine et la performance meilleure que prévu des entreprises en début d’année ont apaisé l’anxiété des courtiers.

«Le marché s’en accommode pour le moment», estime ainsi Tom Cahill de Ventura Wealth Management. «Mais si l’on franchit le seuil technique de 3,05%, un niveau pas vu depuis plus de cinq ans, le marché des actions pourrait en être affecté», avance-t-il.

D’autres observateurs sont moins alarmistes.

Ainsi pour les experts de Mirabaud Securities Genève, «les taux montent pour de bonnes raisons».

«L’économie est dynamique, en accélération aux États-Unis et en zone euro. Par ailleurs, les banques centrales vont mettre fin à leurs politiques monétaires très accommodantes et les marchés obligataires vont donc progressivement retrouver un fonctionnement plus naturel», justifient-ils.

«Au niveau actuel du cycle économique, on devrait même être à un niveau plus élevé si la Fed n’avait pas artificiellement maintenu ses taux bas pendant plusieurs années», juge Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

La banque centrale a en effet volontairement laissé ses taux directeurs près de zéro après la crise financière de 2008 pour stimuler la croissance. Mais elle a commencé, fin 2015, à relever lentement ses taux au fur et à mesure que l’économie américaine reprenait des couleurs.

Les investisseurs continuent de toute façon à garder un oeil sur l’écart entre les taux de la dette américaine à court terme et ceux à plus long terme.

Même si le rendement sur les bons du Trésor à 10 ans a progressé, il l’a fait moins vite que celui sur les bons à 2 ans, en hausse continue depuis septembre 2017 et désormais à son plus haut niveau depuis 2008, tout près des 2,5%.

Historiquement, le rapprochement de ces taux jusqu’à leur inversion est souvent le signe précurseur d’un ralentissement économique.