Le marché automobile européen chute de 55% en mars

AWP

2 minutes de lecture

La chute est spectaculaire sur les quatre principaux marchés, avec un effondrement de 85,4% en Italie, de 72,2% en France et de 69,3% en Espagne.

Le marché automobile européen a chuté de 55,1% en mars, essentiellement affecté par la fermeture de concessionnaires à cause du confinement lié au coronavirus dans de nombreux pays, selon des chiffres publiés vendredi.

Quelque 567’000 voitures particulières neuves ont été mises sur les routes de l’Union européenne en mars, d’après les données de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).

La chute est spectaculaire sur les quatre principaux marchés, avec un effondrement de 85,4% en Italie, de 72,2% en France et de 69,3% en Espagne, l’Allemagne limitant un peu les dégâts (-37,7%).

Brexit oblige, l’ACEA établit désormais ses statistiques pour l’UE hors Royaume-Uni, en retraitant les chiffres de 2019 afin de permettre les comparaisons d’une année sur l’autre. Le marché britannique est lui en chute de 44,4%.

Sur les trois premiers mois de l’année, la baisse du marché automobile atteint désormais 25,6% dans l’Union européenne. Elle est même de 35,5% en France.

Le marché avait déjà subi en début d’année le contrecoup d’immatriculations anticipées à la fin 2019, d’une part pour écouler des véhicules polluants avant l’entrée en vigueur de plafonds européens de CO2 contraignants pour les constructeurs, d’autre part pour esquiver un alourdissement de la fiscalité automobile dans plusieurs pays dont la France à partir du 1er janvier.

La pandémie de coronavirus est venu empirer la situation. «Avec les mesures de confinement décidées sur la plupart des marchés à partir d’à peu près la moitié du mois, la vaste majorité des concessionnaires européens étaient fermés pendant la seconde moitié de mars», a rappelé l’ACEA dans son point mensuel.

Dans des circonstances similaires, le marché automobile chinois a chuté de 78% en février et 42% en mars.

«Redémarrage progressif»

L’Association des constructeurs n’a pas fait de nouvelles prévisions pour le reste de l’année. Il faut dire que les ventes d’automobiles dépendront beaucoup de la durée du confinement, encore incertaine, dans les différents pays.

Après six années consécutives de croissance, l’ACEA envisageait avant la crise du coronavirus un recul des immatriculations européennes de 2%. Perspective envolée.

Le 1er avril, le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) disait tabler désormais sur une baisse de 20% du marché français cette année.

«Même en cas de reprise forte» après le confinement, «on ne pourra pas rattraper complètement (la) baisse considérable» du mois de mars, et celles d’avril et de mai qui se profilent déjà pour les mêmes raisons, expliquait alors à l’AFP François Roudier, porte-parole du CCFA.

En France, la fin du confinement n’est pas prévue avant le 11 mai, et le CCFA a demandé jeudi au gouvernement de «réunir dès que possible les conditions nécessaires à un redémarrage progressif de l’activité», en autorisant notamment la vente de véhicules neufs et d’occasion.

L’ACEA estimait de son côté lundi qu’au moins 1,14 million de personnes employées dans l’industrie automobile --dont la moitié en Allemagne et 90.000 en France--, sur 2,6 millions au total, étaient affectées par les fermetures d’usines en Europe (Royaume-Uni compris). Avec les emplois indirects, la filière emploie dix fois plus de personnes.

L’Association des constructeurs demande désormais un soutien paneuropéen pour «un redémarrage coordonné de activités et des investissements pour l’ensemble de la chaîne logistique» de l’industrie automobile, un soutien à la reprise du marché, plus de flexibilité dans l’autorisation des véhicules de dernière génération et une accélération du déploiement des points de recharge pour les véhicules électriques.

Du côté des constructeurs, le groupe allemand Volkswagen (qui comprend aussi les marques Skoda, Audi, Seat et Porsche), numéro un européen, a vu ses ventes baisser de 46,2% en mars.

La chute est sans surprise très sévère pour l’italien FCA (Fiat, Jeep, Lancia, Chrysler, Alfa Romeo...), fiancé du français PSA: -76,6%.

Les constructeurs français, particulièrement présents en France, en Italie et en Espagne, ont davantage reculé que la moyenne du marché européen. Les livraisons du groupe Renault (avec Alpine, Dacia, Lada) sont en recul de 64,7% et celles de son rival PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) de 68,1%.

A lire aussi...