Le mandat de Haruhiko Kuroda reconduit à la Banque du Japon

AWP

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Haruhiko Kuroda est l’un des principaux artisans du redressement de l’archipel via une ambitieuse politique monétaire, qu’il a instaurée dès son arrivée à la tête de la BoJ, au printemps 2013.

© Keystone

Le gouvernement japonais a proposé vendredi aux parlementaires de reconduire Haruhiko Kuroda au poste de gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), un nouveau mandat en forme d’ultime chance pour terrasser la déflation.

Sans surprise, le Premier ministre Shinzo Abe renouvelle ainsi sa confiance au responsable de 73 ans au moment où la troisième économie mondiale traverse sa plus longue période d’expansion économique en près de 30 ans (huit trimestres d’affilée).

M. Kuroda, dont le mandat se termine le 8 avril, est l’un des principaux artisans du redressement de l’archipel via une ambitieuse politique monétaire, qu’il a instaurée dès son arrivée à la tête de la Banque du Japon (BoJ) au printemps 2013.

Son action s’inscrit dans le cadre de la stratégie de relance dite «abenomics», aux côtés des deux autres «flèches» que sont les largesses budgétaires et réformes structurelles.

Le gouverneur de la BoJ a cependant échoué à atteindre l’objectif d’inflation de 2%, qu’il espérait initialement réaliser en deux ans. En 2017, les prix (hors denrées périssables) ont augmenté de seulement 0,5%.

Avec ce nouveau mandat, qui court jusqu’en 2023 - ce qui ferait de lui le gouverneur ayant siégé le plus longtemps à ce poste -, il aura donc l’occasion d’achever sa mission et de venir à bout du mal le plus pernicieux dont souffre le Japon depuis deux décennies: la déflation.

Cet ancien haut fonctionnaire du ministère des Finances, qui avait auparavant dirigé la Banque asiatique de développement, de 2005 à 2013, a promis de poursuivre sa politique ultra-accommodante aussi longtemps que nécessaire.

«L’économie de notre pays est en croissance régulière, mais d’un autre côté l’évolution des prix est modeste. Il y a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre notre cible de 2%, donc ce n’est pas le moment d’évoquer un calendrier de sortie de notre politique», a une nouvelle fois insisté M. Kuroda vendredi au Parlement, avant l’officialisation de la nouvelle.

Critiques

«La Banque du Japon doit poursuivre, avec patience, le puissant assouplissement monétaire actuel», a-t-il ajouté.

La nouvelle, qui avait été largement anticipée, a été accueillie favorablement par les investisseurs: à la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei prenait à la mi-journée 1,09%.

«Nommer un nouveau banquier central aurait introduit une nouvelle incertitude sur les marchés au moment où la volatilité augmente à la perspective d’inflexions de la politique monétaire aux Etats-Unis», a commenté auprès de l’AFP Tobias Harris, vice-président de la société de conseil Teneo Intelligence.

«Shinzo Abe veut vraisemblablement limiter l’incertitude économique et financière» afin de pouvoir se consacrer au projet qui lui est cher, un amendement de la Constitution» pacifiste du Japon, a-t-il souligné.

La nomination de M. Kuroda doit encore être validée par le Parlement, une formalité étant donné que les deux Chambres sont dominées par la coalition conservatrice de M. Abe.

Pour le seconder, le gouvernement a choisi comme candidats Masayoshi Amamiya et Masazumi Wakatabe, partisans eux aussi d’un assouplissement monétaire.

Les trois hommes vont être auditionnés la semaine prochaine au Parlement, où ils devraient essuyer des critiques de l’opposition sur les massifs rachats d’actifs, qui soulèvent des inquiétudes sur la stabilité financière du pays, ainsi que sur la politique de taux d’intérêt négatifs qui ont heurté la rentabilité des institutions financières.

Si M. Kuroda parvient à ses fins, le défi sera ensuite d’entamer un resserrement monétaire sans provoquer trop de remous sur les marchés, alors que la BoJ détient plus de 45% de la dette publique.