Le Japon aligne huit trimestres positifs d'affilée

AWP

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Le ministre de l’Economie Toshimitsu Motegi s’est félicité de ces statistiques, rappelant que c’est la première fois en 28 ans que le Japon enchaîne huit trimestres positifs consécutifs.

Le Japon a aligné sur la période octobre-décembre son huitième trimestre positif d’affilée, une série inédite depuis la folle expansion de la bulle immobilière et financière à la fin des années 1980, même si l’élan s’est essoufflé en fin d’année.

Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,1% par rapport aux trois mois précédents, selon les données préliminaires publiées mercredi par le gouvernement.

Le ministre de l’Economie Toshimitsu Motegi s’est aussitôt félicité de ces statistiques, rappelant que c’est la première fois en 28 ans que le Japon enchaîne huit trimestres positifs consécutifs. Il faut remonter aux années 1986 à 1989 pour trouver pareille série.

«Comparé à la période de la bulle, nous jugeons solide l’expansion économique actuelle», a commenté le ministre, selon des propos rapportés par Bloomberg.

La hausse du quatrième trimestre, légèrement inférieure aux attentes des économistes compilées par l’agence Bloomberg (0,2%), représente toutefois un net ralentissement après une hausse de 0,3% de janvier à mars, puis de 0,6% d’avril à juin et d’autant de juillet à septembre.

La troisième économie mondiale, qui a dégagé sur l’ensemble de l’année une croissance de 1,6% (après 0,9% en 2016), a réussi in extremis à rester dans le vert fin 2017 grâce à un rebond de la consommation des ménages (+0,5%) et des investissements des entreprises toujours solides (+0,7%).

En revanche, les investissements dans l’immobilier résidentiel ont chuté de 2,7%. Le commerce extérieur a aussi apporté une contribution négative du fait d’importations plus vigoureuses que les exportations.

COUP DE POUCE SALARIAL

L’embellie devrait se poursuivre dans un contexte économique mondial favorable et sous l’effet de la stratégie de relance «abenomics» du Premier ministre Shinzo Abe, mise en oeuvre depuis fin 2012, pronostique Junko Nishioka, économiste de la Sumitomo Mitsui Banking Corporation.

«Si on regarde dans le détail, plusieurs signes positifs tendent à montrer que l’économie japonaise va continuer à croître», a-t-elle dit à l’AFP. «Les entreprises bénéficient de toute une panoplie de mesures fiscales favorables», souligne l’analyste qui anticipe un coup de pouce salarial de leur part, sur fond de très faible taux de chômage.

«Il y a des inquiétudes persistantes sur la consommation mais nous pensons que le redressement économique va se poursuivre si les négociations du printemps (entre syndicats et employeurs) aboutissent à de meilleurs résultats que les années précédentes», a confirmé Takeshi Minami, de l’institut de recherche Norinchukin.

L’OMBRE D’UN YEN FORT

Reste que malgré la récente amélioration, l’archipel a échoué pour l’heure à vaincre la déflation qui a paralysé son économie après l’éclatement de la bulle, un épisode qualifié de «décennies perdues». Les prix n’ont augmenté que de 0,5% en décembre, loin de l’objectif de la Banque du Japon (BoJ) qui peine à récolter les fruits de sa politique ultra-accommodante.

Son gouverneur Haruhiko Kuroda, choisi début 2013 par M. Abe pour décliner le versant monétaire des «abenomics», a promis de maintenir aussi longtemps que nécessaire le massif programme de rachat d’actifs de l’institution.

Son mandat se termine en avril, mais selon des informations de presse, il devrait être reconduit jusqu’en 2023, un gage de stabilité au moment où les marchés traversent une période mouvementée à la perspective des inflexions monétaires à venir aux Etats-Unis et dans la zone euro.

Wall Street a ainsi été le théâtre la semaine dernière de fortes fluctuations, provoquant par ricochet une chute de l’indice Nikkei de plus de 8% et un net renforcement du yen, valeur refuge. «Si les compagnies font de ces turbulences un prétexte pour renoncer à augmenter les salaires, le scénario pourrait s’assombrir», juge M. Minami.