Lagarde exhorte la zone euro à renforcer son système bancaire

AWP

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La cheffe du FMI alerte l’union monétaire sur ses faiblesses avant la prochaine crise.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a lancé jeudi un sévère avertissement à la zone euro, estimant qu’elle n’était pas encore assez prête pour affronter la prochaine crise économique et exhortant ses membres à renforcer son système bancaire.

«L’union monétaire est effectivement plus résiliente qu’il y a dix ans, mais elle ne l’est pas assez», a-t-elle affirmé lors d’une conférence organisée par la Banque de France (BdF), lançant un avertissement d’autant plus sérieux que les perspectives pour l’économie mondiale sont en train de se dégrader.

L’agence de notation S&P a d’ailleurs confirmé jeudi le ralentissement de la croissance en zone euro, en revoyant drastiquement à la baisse ses prévisions à la baisse à seulement 1,1%, contre 1,6% auparavant, même si elle s’attend à un rebond à 1,4% à partir de l’année prochaine.

Lors de cette conférence consacrée aux 20 ans de l’euro, Mme Lagarde a rappelé que la zone euro avait «essuyé une violente tempête lors de la crise financière mondiale» de 2008 «puis une autre peu après, lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro».

«De nombreux ménages et entreprises portent encore les douloureuses cicatrices de ces événements, sources de disparités économiques entre les pays membres et en leur sein», a souligné la dirigeante du Fonds monétaire international.

Même si elle a pris le temps de souligner les efforts réalisés par la zone euro depuis qu’elle a subi cette double crise, elle n’en a pas moins qualifié l’écosystème de la zone euro de «jeune» et «incomplet».

«Son système bancaire est plus sûr, mais il ne l’est pas assez», a ajouté Mme Lagarde, soulignant qu’il «ne serait pas faux d’affirmer que l’Europe tarde à produire un écosystème financier complètement développé».

«Coup d’accélérateur»

«C’est maintenant qu’il faut donner un nouveau coup d’accélérateur à la finance dans la zone euro», a-t-elle insisté. «A 20 ans, le moment est venu pour la zone euro de prendre un nouvel élan et d’achever l’union bancaire et celle des marchés des capitaux, pour en récolter les fruits dès aujourd’hui».

Mme Lagarde a notamment appelé à «établir un système commun de garantie de dépôts», qui serait financé par les banques et non par les contribuables.

Pour y parvenir, l’UE devrait se doter «d’un système bancaire capable de braver les tempêtes» afin de diversifier «les risques dans l’ensemble de l’écosystème et alimenter la croissance».

«J’exhorte aujourd’hui les dirigeants de la zone euro à ranimer le débat, à négocier de bonne foi et à faire de difficiles compromis, afin de libérer tout le potentiel de l’union bancaire», a-t-elle affirmé, face au blocage actuel à Bruxelles sur ces réformes.

La directrice du FMI a également plaidé pour «un marché européen des capitaux unifié, intégré et prospère», estimant que «la finance européenne a elle aussi besoin d’une roue de secours».

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui avait répété la veille à Genève que la Banque centrale européenne (BCE) disposait des marges de manoeuvre nécessaires en cas de crise, a confirmé un ralentissement temporaire de la croissance en zone euro.

Il a notamment souligné que les périodes d’incertitude, comme celle que traverse actuellement l’économie mondiale, plombée par le ralentissement de la croissance chinoise et la guerre commerciale, n’étaient pas propices à l’ajout de doutes supplémentaires.

«Nous ne pouvons pas chercher à contrôler ou à éviter l’incertitude. Au lieu de cela, nous devons mettre en pratique les stratégies qui sont les plus robustes», a-t-il affirmé lors de l’ouverture de la conférence.

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