La Fed opte pour la mesure choc contre le coronavirus

AWP

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La Réserve fédérale crée la surprise en réduisant ses taux de 0,5 point de pourcentage.

La Banque centrale américaine a annoncé mardi une baisse des taux de 0,5 point de pourcentage, une décision prise en urgence en raison des risques que fait poser la propagation du nouveau coronavirus à l’économie et sous la pression répétée de Donald Trump.

«A la lumière de ces risques en constante évolution», la Fed «décide aujourd’hui d’abaisser ses taux d’un demi-point de pourcentage», a-t-elle annoncé dans un communiqué publié peu après une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G7, dont aucune annonce concrète n’était sortie.

Cette décision prise en-dehors du calendrier habituel des réunions monétaires a été prise à l’unanimité. C’est une première depuis la crise financière de 2008.

Le président américain Donald Trump a une nouvelle fois fustigé la banque centrale, dans un tweet, jugeant qu’elle n’allait pas assez loin et exhortant à d’autres baisses.

Les taux de la Fed se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1% et 1,25%.

Les marchés ne savaient pas très bien comment réagir à cette nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe. L’indice vedette de la Bourse de New York a fortement fluctué, bondissant avant de reperdre du terrain.

La Fed a indiqué qu’elle allait «surveiller étroitement» l’impact du coronavirus sur l’économie» tout en soulignant que «les fondamentaux de l’économie américaine restent solides».

Cette baisse des taux vise surtout à rassurer les marchés.

Fondamentaux solides

Une réunion téléphonique des ministres des Finances et des banquiers centraux du G7, mardi matin, avait déçu, car aucune annonce concrète n’était sortie. Ils avaient simplement promis d’utiliser «tous les instruments» nécessaires pour soutenir une économie mondiale paralysée par le nouveau coronavirus.

Le communiqué de la Fed ne fait aucune allusion à une action concertée.

Vendredi, dans un rare communiqué de presse, le président de la Fed Jerome Powell avait assuré que l’institution se tenait prête à intervenir si nécessaire face aux effets sur l’économie de l’épidémie.

La Banque centrale américaine avait entamé en décembre une pause, laissant ses taux entre 1,50 et 1,75% après trois baisses d’affilée en 2019. Et Jerome Powell avait estimé jusqu’alors que les taux d’intérêt se situaient au bon niveau.

Mais la donne a changé en début de semaine dernière quand le nouveau coronavirus parti de Chine en décembre, a commencé à se propager comme une trainée de poudre au reste du monde.

Cette baisse des taux était réclamée avec insistance depuis longtemps par le président américain, coutumier des attaques contre la Fed.

Dans la nuit de lundi à mardi, il avait d’ailleurs pointé dans un tweet que la Banque centrale australienne avait baissé ses taux d’intérêt et qu’elle assouplirait encore sa politique monétaire pour compenser la situation et le ralentissement du coronavirus en Chine.

«Ils sont tombés à 0,5%, un niveau record. D’autres pays font la même chose, sinon davantage. Notre Réserve fédérale nous fait payer des taux plus élevés que beaucoup d’autres, alors que nous devrions payer moins», avait déploré le président.

L’épidémie du virus Covid-19 paralyse des pans entiers de l’économie de dizaines de pays, principalement la Chine, avec la fermeture d’usines, d’écoles, annulations de vols, de conférences, salons et rencontres sportives ou encore l’interdiction de grands rassemblements.

Selon l’OCDE, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année alors que l’organisation internationale tablait encore sur 2,9% avant l’épidémie, ce qui était déjà le plus faible niveau depuis la crise financière de 2008-2009.

En Chine, la croissance pourrait tomber à 4,9% son plus faible niveau depuis 1990.

Plus de 92'000 cas au total ont désormais été recensés, dont 3'127 décès et 77 pays et territoires sont touchés, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 11H00 GMT.

«Il se pourrait bien que la Fed opte pour un électrochoc, avec une détente des taux de 50 points de base d’un coup» annonçait Eric Vanraes de la banque Sturdza dans une contribution publiée ce matin même

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