La Fed devrait relever les taux d’intérêt pour éviter la surchauffe

AWP

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Les marchés s’attendent à un nouveau tour de vis de 0,25% faisant grimper les taux au jour le jour dans la fourchette de 2% à 2,25%.

© Keystone

La Réserve fédérale américaine (Fed) conclut mercredi une réunion de politique monétaire de deux jours qui devrait déboucher sur la troisième hausse de taux de l’année pour éviter la surchauffe d’une économie en pleine forme jusqu’ici, malgré la guerre commerciale.

Les marchés s’attendent, de façon quasi-unanime si l’on en croit les instruments financiers à terme, à un nouveau tour de vis de 0,25% faisant grimper les taux au jour le jour dans la fourchette de 2% à 2,25%. Ce sera leur plus haut niveau en dix ans, lorsqu’avait éclaté la crise financière provoquée par les crédits immobiliers à risque (subprimes).

Une poignée d’investisseurs (5,6%, selon le spécialiste des produits dérivés CME Group) croient même que la Fed, échaudée par une hausse des salaires en août qui peut signaler de l’inflation à venir, va relever les taux d’un demi-point de pourcentage.

Le communiqué du Comité monétaire (FOMC), qui sera publié à 18h00 GMT, pourrait abandonner l’expression «politique monétaire accommodante» qui décrit depuis presque huit ans la politique monétaire à bas taux, adoptée pour soutenir la reprise. Si c’est le cas, elle devrait être désormais caractérisée comme cherchant à être «neutre», pour favoriser la croissance sans nourrir de hausse des prix.

Les responsables de la Fed vont également actualiser leurs prévisions trimestrielles concernant l’expansion de la première économie mondiale, le taux de chômage, l’inflation et les taux d’intérêt.

Jusqu’ici, la Fed prévoit encore une hausse des taux cette année – probablement en décembre –, et entre deux et trois pour l’année prochaine.

Mais le président Jerome Powell, qui tient une conférence de presse à 18h30 GMT mercredi, ne manquera pas d’être aussi interrogé sur l’impact sur l’économie américaine de la guerre commerciale lancée tous azimuts par Donald Trump.

Pour l’instant, M. Powell a évité de polémiquer sur les bienfaits ou non des tarifs douaniers mais en juillet, il avait souligné que si des droits de douane élevés s’installaient «sur une longue période, ce serait mauvais pour l’économie» des Etats-Unis et «des autres pays».

«Il évite volontiers d’aller trop loin sur le sujet des tarifs douaniers ce qui ferait de lui une cible politique», a noté pour l’AFP Diane Swonk, économiste en chef pour Grant Thornton.

D’autant plus que l’hôte de la Maison Blanche ne craint pas de critiquer ouvertement la Banque centrale, comme il l’a fait en juillet, parce que la montée des taux d’intérêt, qui renchérit les crédits à la consommation et fait grimper le dollar, ne lui plaît pas.

L’escalade commerciale: quel impact?

Sur le front commercial, l’administration Trump a infligé depuis lundi des tarifs douaniers supplémentaires sur 200 milliards de dollars de produits chinois, un peu moins de la moitié des importations chinoises aux Etats-Unis. La Chine a répliqué avec des taxes sur 60 milliards de dollars de produits made-in-USA.

L’escalade du bras de fer commercial apparaît, aux yeux de certains économistes, comme le risque à la baisse le plus important pour l’économie américaine au point de, peut-être, faire réfléchir la banque centrale à une pause dans ses resserrements monétaires.

«Pas mal de gens sur les marchés commencent à se demander si on n’approche pas du moment où la Fed va vouloir faire une pause en raison des incertitudes sur la croissance à moyen terme», a indiqué à l’AFP Isabelle Mateos Y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

«Il sera important de voir si le FOMC redonne de manière très ferme un signal sur une nouvelle remontée des taux en décembre et trois supplémentaires en 2019 ou si le message n’est pas plus nuancé, laissant la porte ouverte à une pause dès le début de l’année prochaine», ajoute cette économiste.

Depuis la précédente réunion du FOMC, la croissance, toujours dopée par le stimulus budgétaire (réductions d’impôts et augmentation de dépenses) a poursuivi une cadence soutenue, probablement au-dessus de 3% au troisième trimestre en rythme annuel après s’est affichée à 4,2% d’avril à juin.

Le taux de chômage est proche de son plus bas niveau en près de 20 ans à 3,9% et l’inflation a lentement franchi la cible de 2% de la Fed à 2,3%, un sommet en six ans, selon l’indice PCE.

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