La Chine va ouvrir plus son marché et accroître ses importations

AWP

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«Nous allons encourager l’avènement d’un environnement commercial de classe mondiale», a promis Xi Jinping.

«La porte de la Chine ne se refermera jamais, elle s’ouvrira davantage», a déclaré le dirigeant chinois. © Keystone

Xi Jinping a promis une nouvelle fois lundi d’ouvrir davantage le marché chinois aux importations, donnant une leçon de libre-échange à l’Amérique de Donald Trump et aux critiques qui accusent Pékin de revenir sur ses promesses de réformes.

Devant un parterre de dirigeants mondiaux réunis au tout premier Salon des importations de Shanghai, le président chinois a assuré que son pays allait «augmenter ses efforts» pour ouvrir son marché, accroître ses achats à l’étranger, faciliter les formalités douanières et combattre la contrefaçon, mais sans annoncer de grandes mesures concrètes.

«Nous allons encourager l’avènement d’un environnement commercial mondial de premier ordre», a promis le dirigeant de la deuxième économie mondiale, qui célèbre cette année le 40e anniversaire du lancement de l’ère des réformes et de l’ouverture.

La Chine tient cette semaine dans sa capitale économique sa première «Exposition internationale des importations», une manifestation perçue comme une réponse à la guerre commerciale lancée en juillet par le président américain Donald Trump, mécontent des déficits colossaux accumulés par son pays.

Sans nommer les Etats-Unis, le président chinois a dénoncé tour à tour «protectionnisme» et «isolationnisme» et estimé que tous les pays devraient balayer devant leur porte.

«Ils ne devraient pas montrer les autres du doigt pour faire oublier leurs propres problèmes», a martelé l’homme fort du régime communiste. «Ils ne devraient pas se promener avec une lampe torche dirigée vers les défauts des autres sans éclairer les leurs».

Pékin et Washington ont imposé ces derniers mois des droits de douane punitifs à leurs importations mutuelles, mais l’excédent bilatéral chinois n’a fait que continuer à battre des records.

«Partage équitable»

Alors que la moitié environ des importations chinoises aux Etats-Unis sont déjà soumises à ces sanctions, Donald Trump a menacé de frapper la totalité des produits chinois et l’administration Trump n’est pas représentée à la foire de Shanghai.

MM. Trump et Xi devraient toutefois se rencontrer en face-à-face à la fin du mois en marge d’un sommet international en Argentine, un rendez-vous qui suscite l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales.

Mais la réussite phénoménale du commerce chinois suscite aussi des critiques en dehors des Etats-Unis.

Prenant la parole après Xi Jinping, le président du Kenya Uhuru Kenyatta a rappelé que le commerce entre son pays et la Chine avait été multiplié par près de huit en l’espace de 10 ans, reflet des investissements colossaux de Pékin en Afrique.

«Ce commerce est cependant lourdement déséquilibré en faveur de la Chine. Il est donc important que nous corrigions ce déséquilibre afin de parvenir à un partage équitable des fruits du commerce», a-t-il lancé.

Dans le collimateur de nombreux acteurs étrangers: le soutien accordé traditionnellement par Pékin aux entreprises publiques aux dépens des entrepreneurs privés et étrangers.

«Il reste de la marge pour réformer davantage le marché intérieur en Chine, ce qui contribuerait à renforcer le système commercial mondial, et pour adopter des réformes qui aideraient à libérer le potentiel entier de tant d’entreprises du secteur privé», a suggéré dans son discours la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.

3000 entreprises représentées

Plus de 3000 entreprises de 130 pays sont présentes au salon de Shanghai, dont plusieurs géants américains comme General Motors, Ford, Walmart ou Tesla.

Mais les représentants des entrepreneurs étrangers ont fait part de leur déception à l’égard du discours du président chinois.

«On n’a rien entendu qui n’ait déjà été dit par le passé», mise à part une mention de l’ouverture des secteurs de l’éducation et des services médicaux, a regretté le vice-président de la Chambre de commerce européenne en Chine, Carlo Diego D’Andrea.

«A présent qu’elle est la deuxième économie mondiale, la Chine pourrait se permettre d’ouvrir grand la porte», a estimé le président de la Chambre de commerce américaine à Shanghai, Kenneth Jarrett.

Réglementations obscures, bureaucratie, discriminations face aux groupes étatiques chinois, protection toute relative de la propriété intellectuelle: entreprises et gouvernements étrangers se plaignent régulièrement des barrières qu’ils rencontrent en Chine.

Le pays pointe au 59e rang des 62 Etats étudiés par l’OCDE pour leur ouverture aux investissements étrangers.