La BoJ persiste dans le statu quo monétaire

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Le gouverneur Haruhiko Kuroda a maintenu à l’identique sa politique monétaire ultra-accommodante. Le Japon se prépare en outre à augmenter sa taxe sur la consommation.

© Keystone

Pour sa dernière réunion de 2018, la Banque du Japon (BoJ) a choisi le statu quo, à l’image d’une année sans grand changement: elle a reconduit jeudi ses mesures de soutien à l’économie, au moment où ralentit la croissance mondiale.

L’institution tokyoïte a maintenu à l’identique sa politique monétaire ultra-accommodante, rechignant à resserrer sa politique face à une inflation qui reste faible et de nombreuses incertitudes économiques.

La Réserve fédérale américaine (Fed) avait au contraire entériné mercredi la quatrième hausse de l’année, et s’apprête à procéder à deux nouveaux relèvements en 2019.

La Banque centrale européenne (BCE) avait, elle, opéré mi-décembre un tournant historique en actant l’abandon à la fin du mois de son vaste arsenal anti-crise.

Seule la BoJ fait bande à part car l’inflation reste bloquée autour de 1%. «Le Japon n’a pas réussi à s’extirper de l’état d’esprit qui s’est formé au cours de 15 années de déflation, selon lequel les salaires et les prix sont voués à ne pas augmenter», a expliqué le gouverneur Haruhiko Kuroda, lors d’une conférence de presse.

Quant à l’économie, elle poursuit «son expansion modérée», a-t-il souligné, en dépit d’un revers au troisième trimestre du fait des catastrophes naturelles estivales.

Pas avant 2020

Mais il faut tenir compte de facteurs multiples, la BoJ citant «les politiques macro-économiques américaines, les conséquences des mesures protectionnistes» qui commencent à peser sur la conjoncture mondiale, les négociations du Brexit ou encore «les risques géopolitiques».

«Il est nécessaire de surveiller attentivement les tendances protectionnistes, en particulier la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Si la querelle devait durer, cela pourrait affecter largement l’économie, mais jusqu’à présent l’impact sur notre pays est limité», a estimé M. Kuroda.

Le Japon se prépare en outre à augmenter sa taxe sur la consommation de 8% actuellement à 10% en octobre 2019. La précédente mesure de ce type, en avril 2014, avait plongé l’archipel en récession.

«C’est une des principales raisons» au statu quo monétaire, avait commenté avant la décision Katsunori Kitakura, analyste de Sumitomo Mitsui Trust Asset Management (SMTAM). «La Banque du Japon est soucieuse de ne rien faire qui puisse entraîner un retournement économique».

«Nous sommes d’avis qu’elle va maintenir sa politique actuelle au-delà de 2020», a-t-il ajouté.

«Nous n’étudions pas de stratégie de sortie pour le moment. Il est trop tôt pour discuter des détails», a confirmé M. Kuroda.

Depuis plus de cinq ans maintenant, la BoJ mène un massif programme de rachat d’actifs, autour de 80’000 milliards de yens par an (625 milliards d’euros au cours actuel), même si le montant réel est largement inférieur.

L’objectif est que les investisseurs qui se défont de ces actifs - des banques le plus souvent - réinjectent dans l’économie les liquidités qu’ils obtiennent en échange, en prêtant aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l’inflation.

Dans la même optique, la Banque centrale nippone a reconduit les taux d’intérêt négatifs (-0,1%) instaurés sur certains dépôts de banques dans ses coffres, pour les dissuader d’y faire dormir de l’argent.

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