La Banque mondiale mitigée sur la croissance mondiale

AWP

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L’institution de Washington table sur une croissance mondiale 2020 frémissante mais teintée de risques.

La croissance mondiale va légèrement augmenter cette année grâce à une poignée d’économies émergentes et en développement, mais des risques demeurent, susceptibles de faire dérailler l’expansion, avertit mercredi la Banque mondiale.

Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, l’institution de Washington note en particulier qu’un regain des tensions commerciales - en sourdine depuis l’annonce d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine -, effacerait le modeste progrès et pourrait s’étendre rapidement au-delà des deux premières puissances économiques.

Pour 2020, la Banque mondiale table sur une croissance mondiale de 2,5% contre 2,4% l’an passé.

Pour autant, par rapport à ses projections de juin, elle a soit révisé en baisse, soit laissé inchangée la croissance de la totalité des pays exception faite des Etats-Unis (+0,1 point).

Et quoique supérieure à 2019, la croissance sera bien inférieure à celle enregistrée en 2017 (+3,2%) avant le déclenchement de la guerre commerciale sino-américaine et à celle de 2018 quand elle était encore de 3%.

Economies avancées

La Banque mondiale table sur une croissance de 1,4% pour l’ensemble des économies avancées contre 1,6% en 2019.

Les Etats-Unis, qui ont lancé des offensives commerciales tous azimuts, font figure de bons élèves mais ils n’échapperont pas au ralentissement avec une expansion estimée à 1,8% contre 2,3% en 2019. Ce niveau reste toutefois solide, largement tiré par la consommation des ménages.

Pour l’Union européenne, la Banque mondiale anticipe seulement 1% de croissance (contre 1,1% en 2019) plombée notamment par l’économie allemande et le Brexit.

L’Allemagne a souffert d’une combinaison d’éléments: des conflits commerciaux aux difficultés du secteur automobile suite au scandale des moteurs diesel en passant par les incertitudes liées au Brexit.

Le Japon devrait enregistrer, lui, une croissance de 0,7% après 1,1% l’an passé. Privée de l’un de ses principaux moteurs, les exportations, en raison de la dégradation de la conjoncture mondiale, la croissance japonaise sera donc loin des 1,9% enregistrés en 2017.

Chine

Pour la première fois depuis 1990, le PIB de la deuxième puissance économique du monde augmentera de moins de 6% (5,9%). «La croissance s’est essoufflée plus que prévu dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et de tensions commerciales», indique le rapport.

Marchés émergents

Les marchés émergents et les économies en développement (EMDE) ont stimulé l’économie mondiale mais la plupart d’entre eux sont confrontés à leurs propres difficultés notamment politiques: un tiers de ces économies devrait ainsi ralentir cette année.

Environ 90% de la reprise de la croissance des EMDE en 2020 seront tirés par seulement huit pays (Argentine, Brésil, Inde, Iran, Mexique, Russie, Arabie saoudite et Turquie).

En Europe et Asie centrale, la Turquie va enregistrer une croissance de 3% après une stagnation en 2019 tandis que la Russie, qui pâtit de la faible demande des consommateurs, devrait connaître également une amélioration cette année: la Banque mondiale table ainsi sur une croissance de 1,6% après 1,2%.

Quoique en baisse de 0,8 point par rapport à juin, l’estimation de croissance pour la région Amérique latine et Caraïbes est en net progrès: +1,8% en 2020 contre 0,8% en 2019.

La première économie de la région, le Brésil devrait même croître de 2% après 1,1% en 2019, grâce à la stimulation de la consommation des ménages.

L’économie mexicaine devrait progresser, elle, de 1,2% après avoir stagné l’an passé. De son côté, l’Argentine, troisième économie, va enregistrer une récession moins forte : -1,3% après -3,1%.

En Asie du sud, la croissance de l’Inde va également rebondir à 5,8% contre 5%.

Enfin, sur le continent africain, l’Afrique du Sud devrait enregistrer une croissance de 0,9% après 0,4%.

Des risques toujours bien présents

La reprise après la crise financière de 2008 avait été portée par le commerce international.

Le volume des biens échangés à travers le monde va augmenter de 1,9%. C’est mieux qu’en 2019 (+1,4%) quand la guerre des tarifs douaniers entre la Chine et les Etats-Unis a battu son plein, mais c’est beaucoup moins que précédemment estimé (-1,3 point).

Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale, souligne que les menaces pesant sur la croissance sont nombreuses.

Au-delà du commerce, «une résurgence du stress financier dans les grands marchés émergents, une escalade des tensions géopolitiques ou une série d’événements météorologiques extrêmes pourraient tous avoir des effets négatifs sur l’activité économique», liste-t-elle.

Sans compter le poids de la dette tant des pays développés que des pays en voie de développement et émergents.

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