Kudelski: fort recul de la rentabilité

AWP

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Vu la faiblesse des résultats, la société a abaissé son dividende. La direction s’attend à subir de nouveaux coûts en 2018 qui pèseront sur sa performance financière.

Kudelski a pâti l’année dernière de la refonte de ses activités désormais orientées vers la cybersécurité et l’internet des objets, mais aussi d’un déclin de domaines plus traditionnels. Cette période de transition devrait déboucher sur une progression des revenus et de la rentabilité, a assuré mercredi la direction.

«Les revenus issus de l’activité de TV classique se sont moins bien comportés que prévu, mais d’un autre côté les opportunités dans les domaines de la cybersécurité et de l’internet des objets se développent plus favorablement qu’anticipé», a indiqué à AWP le directeur général (CEO) André Kudelski.

Ce dernier a indiqué que le groupe vaudois, connu pour ses solutions d’accès sécurisés pour la télévision payante et d’accès public, se trouvait dans «une phase de transition que se déroule plus rapidement que prévu, qui est challengeante mais qui ouvre des perspectives intéressantes».

Kudelski s’est lancé ces dernières années sur le segment de la cybersécurité et de la sécurité de l’internet des objets, deux secteurs en plein développement.

Si Kudelski Security, qui regroupe les activités de cybersécurité, a plus que doublé sa contribution aux recettes du groupe, ce segment ne sera pas rentable avant 2020. Les investissements sont également importants avec 189 millions de dollars dédiés aux nouvelles activités.

Le groupe s’est également lancé dans un vaste chantier de restructuration, les filiales Nagra et Conax étant pleinement intégrées dans la division Digital TV. Ce processus se traduira par des réductions de postes en Europe, hors de Suisse, dans l’activité de TV classique.

En 2017, les réductions de coûts ont atteint 23,3 millions de dollars et 50 millions à 70 millions sont encore attendues pour le nouvel exercice. «La restructuration du groupe n’est pas encore totalement achevée, il reste un certain nombre de changements structurels à exécuter en Europe ces prochains mois», a précisé M. Kudelski.

Ces chamboulements ont, comme annoncé fin décembre dernier, eu un impact négatif sur la performance opérationnelle du groupe, alors que les recettes ont progressé.

Le chiffre d’affaires a gagné 7,1% à 1,07 milliards de dollars en 2017, principalement porté par la cybersécurité et l’activité d’accès public. «Nous avons enregistré une croissance importante aux Amériques, où nous réalisons désormais 47% des revenus», a souligné le CEO. L’activité classique de télévision numérique a par contre enregistré une baisse des volumes sur des solutions plus anciennes.

«Nos nouveaux produits sont en train d’entrer sur le marché. Ils n’ont cependant pas encore compensé le repli des anciens produits», a détaillé M. Kudelski.

L’impact des changements a surtout été visible au niveau de la rentabilité. Le résultat opérationnel s’est contracté à 25,6 millions de dollars, contre 110,5 millions en 2016. Il a également été péjoré par la baisse des volumes dans les activités plus anciennes.

Le résultat net attribuable aux actionnaires s’est quant à lui retrouvé en zone négative à -11,4 millions, après un bénéfice de 63,6 millions un an plus tôt.

Les résultats du groupe de Cheseaux-sur-Lausanne sont nettement inférieurs aux prévisions des analystes.

Le dividende a été ramené à 10 centimes par action, après 35 centimes au titre de 2016. Le marché avait misé sur une rémunération de 35 centimes.

RETOUR PROGRESSIF À LA NORMALE

En guise de perspective, la direction a esquissé une nouvelle année de transition qui devrait déboucher sur un rebond. «L’année 2020 comme date d’atteinte du seuil de rentabilité de l’activité cybersécurité reste d’actualité», a souligné le CEO. Mais cette unité devrait encore générer des marges de contribution «substantiellement négatives» cet exercice.

Le chiffre d’affaires 2018 du groupe devrait être «plus ou moins similaire à 2017». Le résultat opérationnel avant coûts de restructuration devrait quant à lui se fixer entre 30 mio et 45 mio. Quant au résultat net, «il est encore trop tôt pour dire si nous retournerons en zone positive» cette année.

Au niveau du dividende, «nous assisterons progressivement à un retour à la normale» en fonction des résultats 2018 et 2019, a ajouté M. Kudelski.

«L’année 2018 est une année de transition et devrait être le creux de la vague en matière de rentabilité, avant que les efforts de restructuration et les initiatives de croissance compensent les effet négatifs dans l’activité d’accès TV», a estimé Baader Helvea.

Les investisseurs étaient du même avis et pénalisaient le titre d’une baisse de 7,9% à 11,14 france dans un marché élargi (SPI) en hausse de 0,87% vers 11h30.