Italie: embellie conjoncturelle à quatre jours des élections

AWP

2 minutes de lecture

Meilleure croissance depuis sept ans et plus faible déficit public en dix ans l’an dernier. De quoi faire réagir les politiciens.

Croissance revue à la hausse, déficit public au plus bas depuis dix ans: l’Italie a publié jeudi une série de bons chiffres économiques, dont le gouvernement de centre gauche n’est pas certain de tirer profit lors des élections de dimanche.

La croissance s’est établie l’an passé à 1,5%, selon l’Institut national des statistiques (Istat), qui l’avait estimée auparavant à 1,4%. Il s’agit du meilleur chiffre depuis sept ans.

Du côté du déficit, la troisième économie de la zone euro enregistre son meilleur résultat en dix ans. Il a atteint 1,9% du PIB, contre 2,5% en 2016.

Ce chiffre est meilleur que ce qu’attendaient le gouvernement et la Commission européenne (2,1%) et le Fonds monétaire international (2,2%).

Le ratio dette/PIB s’élève à 131,5%, contre 132% en 2016, le deuxième niveau plus élevé de la zone euro derrière la Grèce, là aussi un chiffre meilleur qu’attendu.

Sitôt les chiffres publiés, le ministre de l’Economie, Pier Carlo Padoan, candidat du Parti démocrate (PD, centre gauche) à Sienne (nord), a tweeté que ces bons résultats étaient «le fruit du travail réalisé ces dernières années».

Ces données «sont très encourageantes. Elles sont la confirmation d’une croissance enfin notable», a jugé pour sa part le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni. Mais «nous ne devons pas quitter le chemin (suivi ces dernières années, NDLR), il ne faut pas dilapider ces résultats», a-t-il jugé.

Un message en direction des nombreux électeurs tentés par les programmes du Mouvement 5 étoiles (populistes) ou de la coalition entre Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite) et la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite).

Au quotidien, beaucoup d’Italiens ont en effet le sentiment de ne pas profiter de la reprise économique et sont lassés des appels à la patience lancés par le PD.

Chômage toujours élevé

Le pays, durement frappé par la crise économique et même par une récession en 2012-2013, n’a renoué avec la croissance qu’en 2014. Le PIB reste encore inférieur de 5,7% à son niveau de 2008 et le niveau de croissance est encore très loin des 2,5% enregistrés l’an passé dans la zone euro.

Si le taux d’emploi (58,1% en janvier) est à son plus haut niveau depuis décembre 2008, s’est félicité jeudi le gouvernement, le chômage a néanmoins progressé en janvier de 0,2 point sur un mois, atteignant 11,1%, contre 8,6% dans la zone euro.

Chez les jeunes de 15 à 24 ans, il s’élève même à 31,5%, un chiffre énorme, qui est pourtant le niveau le plus bas depuis décembre 2011.

L’association de consommateurs Federconsumatori soulignait récemment que la croissance ne se traduisait pas pleinement «dans les conditions de vie des familles, qui dans de nombreux cas, se trouvent dans des situations de profond embarras».

«Nous avons vu augmenter de manière dramatique les personnes qui ont besoin de notre aide», a affirmé à l’AFP Alessandro Calvo, membre à Rome du mouvement néofasciste CasaPound, qui apporte une assistance aux plus défavorisés et accroît ainsi son implantation politique dans le pays.

Selon les derniers sondages disponibles -- leur publication est interdite deux semaines avant le scrutin -- la coalition formée droite/extrême droite comptabilisait 37-38% des intentions de vote, devant le M5S (28%) et la coalition de centre gauche menée par le PD (26%-27%).

Du côté des marchés, la Bourse italienne --à l’exception d’une baisse éclair après des propos un peu alarmistes du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker-- ne semble pas plus inquiète que cela du résultat incertain des élections.

Depuis le début de l’année, elle a gagné 2,34%, grâce au rebond des valeurs bancaires, alors que dans le même temps, l’indice européen Euro Stoxx 50 perdait 2,9%, le CAC 40 0,9% et le Dax allemand 5,10%.

 

A lire aussi...