Inde: la roupie recule après la démission de Urjit Patel

AWP

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Le gouverneur de la banque centrale a invoqué des «raisons personnelles» pour expliquer sa démission.

La roupie reculait de concert avec la Bourse mardi en Inde après la démission du gouverneur de la banque centrale à la suite d’un contentieux avec le gouvernement, qui soulève selon les analystes des inquiétudes sur son indépendance.

Urjit Patel a annoncé sa démission lundi soir après des mois de tensions avec le gouvernement de Narendra Modi accusé d’ingérence.

M. Patel a invoqué des «raisons personnelles» pour expliquer sa démission mais d’après la presse locale et des spécialistes, il était excédé par les efforts présumés de New Delhi pour influencer sa politique monétaire.

La roupie cédait plus de 1%, à 72,19 pour un dollar, les spéculations allant bon train sur une intervention de la Banque centrale indienne (RBI) pour l’empêcher de reculer encore davantage. L’indice composite de la Bourse de Bombay perdait 1,47% à l’ouverture.

Aux yeux des analystes, le départ de M. Patel est la preuve que l’autonomie de la RBI est menacée.

«C’est un signal clair qu’une institution éminente est en train d’être attaquée, que son indépendance est rabotée petit à petit par le gouvernement», a jugé Ashutosh Datar, un économiste indépendant.

«Il est évident que M. Patel a démissionné parce qu’il faisait face à de nombreuses pressions sur les créances douteuses, le système bancaire parallèle et l’indépendance de la banque centrale. C’est mauvais pour l’image du gouvernement et cela va probablement affecter à long terme la souveraineté de la banque centrale», a-t-il déclaré à l’AFP.

En octobre, l’adjoint de M. Patel, Viral Acharya, avait prévenu les autorités que les atteintes à l’indépendance de la RBI seraient «potentiellement catastrophiques».

Les quotidiens économiques indiens avaient alors écrit que le gouvernement avait envoyé au moins trois lettres au gouverneur afin d’influencer ses prises de décision.

L’administration Modi serait mécontente de la politique monétaire sur de nombreux sujets, dont les taux d’intérêt, la manière d’utiliser les réserves et d’enrayer le déclin de la roupie.

La roupie a été l’une des monnaies les moins performantes en Asie cette année, même si elle a rebondi ces deux dernières semaines. La devise est sous pression comme plusieurs autres monnaies émergentes, tandis que la croissance économique du dernier trimestre a ralenti sous les 8%.

A quelques mois des élections prévues l’an prochain, et où M. Modi doit briguer un second mandat, ce dernier est tenté d’inciter la RBI à favoriser la croissance.

Le gouvernement souhaiterait que l’institut monétaire abaisse les taux et injecte des liquidités dans l’économie, selon des analystes.

M. Patel a occupé le poste de gouverneur adjoint de la RBI pendant trois ans avant de succéder en août 2016 à Raghuram Rajan.

Son mandat devait s’achever en septembre 2019.

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