Guerre commerciale: l'administration Trump est prête à tout

AWP

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     La période où l’on pouvait espérer que les menaces du président américain n’étaient que «bluff et paroles en l’air» est terminée. 

Brandissant la menace de nouveaux droits de douanes massifs contre la Chine, l’administration affirme être prête à aller jusqu’au bout dans l’épreuve de force avec ses partenaires commerciaux, faisant fi des représailles et des contingences diplomatiques.

Les Etats-Unis ont annoncé mardi leur intention de taxer, à partir de septembre, 200 milliards de dollars d’importations chinoises à hauteur de 10% qui s’ajouteront aux 50 milliards de biens taxés à 25%.

La période où l’on pouvait espérer que les menaces du président américain n’étaient que «bluff et paroles en l’air» est terminée, résume Edward Alden, expert en commerce international au Council on foreign relations, notant que Donald Trump fait très exactement ce qu’il menace de faire depuis la campagne présidentielle en 2016.

«Les nouveaux tarifs douaniers illustrent clairement la volonté de Trump de faire monter les enchères jusqu’à ce que la Chine capitule, ce qui semble hautement improbable (...) la Chine n’étant pas d’humeur aux compromis», commente pour sa part Eswar Prasad, spécialiste de la Chine et professeur de politique commerciale à l’Université de Cornell.

En annonçant les nouvelles mesures mardi, le représentant américain au Commerce américain (USTR) Robert Lighthizer a d’ailleurs eu des mots particulièrement durs pour la Chine, estimant que le comportement du géant asiatique menaçait l’avenir de l’économie américaine.

«Plutôt que de répondre à nos préoccupations légitimes, la Chine a commencé à prendre des mesures de rétorsion contre des produits américains. De telles actions sont injustifiables», a-t-il accusé, alors que l’administration Trump demande à la Chine «de mettre fin à ses pratiques déloyales, d’ouvrir ses marchés» afin de réduire le colossal déficit commercial américain avec le géant asiatique.

Le ministère chinois du Commerce a immédiatement qualifié les nouvelles menaces américaines de «totalement inacceptables» et le comportement des Etats-Unis d’»irrationnel».

Pour autant, la politique commerciale de la Maison Blanche doit être analysée à l’aune de la perspective des élections de mi-mandat qui se dérouleront le 6 novembre, estiment certains économistes.

«Actuellement, la préoccupation du président est de rallier sa base et pour rallier sa base, il doit montrer qu’il tient ses promesses de campagne», observe Monica De Bolle, spécialiste au Peterson Institute for International Economics.

Elle souligne que les partisans de Trump en 2016 sont précisément ceux qui rendent Pékin responsable de la perte d’emplois aux Etats-Unis.

Et cette politique jusqu’au-boutiste du président républicain a bénéficié jusqu’à présent d’une conjoncture favorable.

L’économie américaine se porte bien. Les Etats-Unis affichent le plein emploi et malgré quelques soubresauts, Wall Street s’est largement inscrite en croissance depuis l’élection de Donald Trump (+33% pour le Dow Jones, +47% pour le Nasdaq et +28% pour le S&P 500).

Conjoncture favorable

Pour l’heure, «il n’y a pas de preuve tangible que ceci (cette politique protectionniste) nuise à l’économie, exception faite de quelques entreprises particulières» déjà affectée par les taxes douanières, souligne Edward Alden.

Si bien que Donald Trump reste sourd aux représailles de ses principaux partenaires ou alliés (Canada, Chine, Union européenne et Mexique), qui finiront pourtant par affecter les consommateurs, estiment les experts.

Ces derniers s’inquiètent en particulier de la hausse des prix pour les consommateurs du fait du renchérissement des produits importés ou fabriqués aux Etats-Unis.

Ils s’attendent en outre à la concrétisation des menaces américaines d’imposer de nouveaux droits de douane cette fois sur le secteur automobile.

Si tel était le cas, les ondes de choc sur l’économie mondiale seraient bien plus incontrôlables, ce secteur étant au coeur des échanges du commerce mondial.

Le département au Commerce doit rendre son rapport à la Maison Blanche dans quelques semaines à l’issue d’auditions des acteurs concernés.

Les importations automobiles allemandes sont en particulier dans le viseur américain.

Mercredi, Donald Trump s’en est une nouvelle fois pris à l’Allemagne, première puissance économique de l’UE, dénonçant cette fois son ambiguïté face à la Russie.

«Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela ? Ce n’est pas juste», a asséné le président au premier jour du sommet de l’Otan.

Tout en pressurisant les Européens sur les questions commerciales, le président leur a aussi suggéré de doubler leurs dépenses militaires en les portant à 4% de leur PIB.