Genève finalise le projet de réforme de l’imposition des entreprises

Communiqué, République et Canton de Genève

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Le Conseil d’Etat a adopté le projet cantonal de mise en œuvre de la loi fédérale relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS (RFFA).

Suite à l’évolution du cadre fédéral et sur la base des consultations menées ces derniers mois, le Conseil d’Etat a opté pour une simplification du projet. Il présente les modifications suivantes: un taux d’imposition sur le bénéfice fixé à 13,79%, une limitation partielle de l’imputation de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital, le maintien de la mesure d’accompagnement destinée à la petite enfance et l’augmentation de la rétrocession de l’impôt fédéral direct aux communes. De plus, le Conseil d’Etat affirme son soutien au contreprojet à l’initiative «pour des primes d’assurance-maladie plafonnées à 10% du revenu ménager» (IN 170).

Depuis le 7 juin 2018, date à laquelle le Conseil des Etats a décidé de lier la réforme de la fiscalité des entreprises avec le financement de l’AVS, le Conseil d’Etat genevois a examiné les implications de ce vote sur le projet cantonal. L’orientation choisie a été de capitaliser sur le travail déjà effectué et de conduire des consultations auprès des entreprises, des partis politiques et des acteurs de l’économie afin de réévaluer le projet.

De PF17 à RFFA

Le projet déposé à la commission fiscale du Grand Conseil prévoyait notamment:

  • un taux de 13,49%;
  • une imputation totale de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital;
  • des mesures d’accompagnement budgétaires et financières récurrentes (financées par un prélèvement sur la masse salariale plafonnée de 0,22%) et non récurrentes (financées par une part additionnelle et temporaire de l’impôt sur le bénéfice de 0,3%).

Or, le choix des Chambres fédérales de lier la réforme de l’imposition des entreprises au financement de l’AVS aurait pour conséquence un renchérissement trop important du coût du travail (augmentation des cotisations AVS de 0,15% pour les salariés et pour les employeurs + prélèvement de 0,22% sur la masse salariale plafonnée).

Tenant compte des résultats des consultations menées auprès des acteurs concernés, le Conseil d’Etat a modifié le projet comme suit:

  • un taux d’imposition fixé à 13,79%;
  • une imputation partielle à 50% de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital pendant cinq ans, puis à 100%;
  • le maintien de la mesure d’accompagnement en faveur de la petite enfance et le retrait des autres mesures prévues;
  • l’augmentation de la rétrocession de l’impôt fédéral direct aux communes de 13% à 20%;
  • le soutien au contreprojet à l’initiative «pour des primes d’assurance-maladie plafonnées à 10% du revenu ménager» (IN 170).

Ces adaptations sont guidées par le double impératif de maintenir des conditions compétitives et cohérentes pour notre canton et de réduire l’impact du manque à gagner fiscal à court terme pour les finances publiques. Ce projet permet en effet, à données comparables, de réduire à hauteur de 85 millions de francs le manque à gagner fiscal pour l’ensemble des collectivités publiques.

Taux d’imposition fixé à 13,79%

Le Conseil d’Etat s’est déterminé pour un taux d’imposition sur le bénéfice de 13,79%. Cette hausse, par rapport au taux initialement prévu, se traduit par une diminution de l’impact financier pour le canton et les communes de l’ordre de 43 millions de francs compte tenu de l’actualisation des chiffrages.

Le taux choisi est compatible avec les standards internationaux et permet à notre canton de rester compétitif, aussi bien d’un point de vue international qu’intercantonal.

Avec ce nouveau taux, les entreprises internationales qui sont aujourd’hui au bénéfice d’un statut spécial verront leur charge fiscale augmenter. Quant aux entreprises locales, elles profiteront d’une baisse d’imposition puisqu’elles passeront d’un taux ordinaire actuel de 24,2% à 13,79%.

Imputation partielle de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital

Dans une volonté de minimiser le manque à gagner fiscal, l’imputation de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital est limitée à 50% pendant cinq ans, puis passera à 100%. Cette mesure transitoire se traduit par une diminution de l’impact financier pour le canton et les communes de l’ordre de 42 millions de francs.

Mesures d’accompagnement

En complément du volet social ajouté sur le plan fédéral avec le financement de l’AVS, le Conseil d’Etat a décidé de maintenir la mesure destinée aux structures d’accueil de la petite enfance et à l’accueil familial de jour. Celle-ci sera financée par les employeurs à travers un prélèvement limité de 0,07% sur la masse salariale plafonnée.   

Afin de répondre à certaines préoccupations exprimées durant les consultations et dans l’optique de réduire au maximum l’impact de la réforme sur les finances publiques, le Conseil d’Etat a fait le choix de retirer les autres mesures d’accompagnement prévues.

Par ailleurs, le Conseil d’Etat s’engage à soutenir le contreprojet à l’initiative «pour des primes d’assurance-maladie plafonnées à 10% du revenu ménager» (IN 170).

Rétrocession aux communes

La part des communes à la rétrocession supplémentaire de l’impôt fédéral direct est revue à la hausse de 13% à 20%. La situation des communes est donc nettement améliorée dans le projet adapté par le Conseil d’Etat.

Limitation de l’impact financier de la réforme et effet dynamique

Avec le projet RFFA, la charge sur les collectivités publiques est réduite par rapport au projet initial. A données comparables (2012-2016), le nouveau projet diminue le manque à gagner fiscal d’environ 85 millions de francs. Celui-ci sera compensé à terme par les effets dynamiques positifs de la réforme.

Référendum

Le Conseil d’Etat proposera au Grand Conseil d’activer la clause référendaire, selon l’article 67, al. 3 de la constitution genevoise, afin qu’une votation cantonale soit organisée sur cet objet en mai 2019. Cette mesure permettra une votation conjointe des volets fédéral et cantonal de la réforme, de manière à respecter le délai de mise en oeuvre fixé au 1er janvier 2020.

Un projet équilibré et cohérent

La réforme permettra d’instaurer une égalité de traitement fiscal entre tous types d’entreprises tout en introduisant un volet social par le biais du financement de l’AVS, de la mesure destinée à la petite enfance et du soutien au contreprojet à l’initiative IN 170. Le Conseil d’Etat est convaincu que le projet de mise en œuvre genevois constitue un dispositif équilibré et équitable, particulièrement adapté aux spécificités de notre canton. La nouvelle orientation du projet est de nature à préserver l’emploi et à améliorer durablement les conditions-cadres, tout en garantissant la qualité des prestations publiques.