Front commun des partis pour défendre les bilatérales

AWP

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Les partis parlementaires, à l’exception de l’UDC, ont égrené mardi les travers de l’initiative «pour une immigration modérée».

L’initiative «pour une immigration modérée» menace non seulement l’économie, mais aussi la recherche ou encore le bien-être des Suisses. Les partis parlementaires, à l’exception de l’UDC, ont égrené mardi les travers du texte.

La ministre de la justice Karin Keller-Sutter avait relancé lundi dernier la campagne contre l’initiative de l’UDC et de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre, entourée de représentants des syndicats et des employeurs. Ce mardi, les politiciens ont pris le relais avec des arguments similaires.

Repli du PIB

L’initiative dite de limitation exige la fin de la libre circulation des personnes avec l’Union européenne (UE) pour assurer la mise en oeuvre du texte contre l’immigration de masse, accepté en 2014 par le peuple. Mais l’enjeu de la votation va beaucoup plus loin.

Un oui dans les urnes le 27 septembre entraînerait la chute de six autres accords liés, à savoir la totalité des bilatérales I, a expliqué Andrea Caroni (PLR/AR) devant la presse à Berne. Les conséquences pour l’économie seraient graves.

«L’accès de nos marchandises et services au marché européen serait grandement restreint», a pointé Elisabeth Schneider-Schneiter (PDC/BL). Or, plus de la moitié du commerce extérieur suisse s’écoule en Europe et 65% des importations en proviennent. Selon une étude de BAK Economics, la fin des bilatérales entraînerait un repli cumulé du PIB jusqu’à 630 milliards de francs d’ici 2035.

Infirmiers étrangers indispensables

«La Suisse a besoin des bilatérales», a martelé la députée. Et pas seulement d’un point de vue financier. «Notre pays a toujours eu besoin d’une main-d’oeuvre qualifiée» venue de l’étranger. La pandémie de coronavirus a montré cette nécessité, en particulier dans les hôpitaux et l’agriculture.

Des arguments également repris par Marianne Streiff-Feller (PEV/BE). Dans le domaine des soins et de l’accompagnement, la Suisse ne forme que 56% de la relève nécessaire, a-t-elle donné en exemple. Près d’un tiers du personnel des hôpitaux, de Spitex et des maisons de retraite viennent des pays voisins.

«Une chose est sûre: sans la libre circulation des personnes, notre système de santé ne tiendra ni à court ni à moyen terme, même avec une vaste campagne de formation», a souligné la Bernoise.

Salaires abaissés

Avec ou sans libre circulation, des travailleurs étrangers viendront en Suisse car les entreprises en ont besoin. L’initiative ne changera pas cette réalité, a noté Samira Marti (PS/BL). Elle détériora en revanche les conditions de travail et les salaires aussi bien des Suisses que des étrangers, car les mesures d’accompagnement tomberont aussi.

Revenir à l’époque où les saisonniers vivaient et travaillaient dans des conditions inhumaines n’est pas une option. Et la socialiste d’appeler à rejeter une initiative promouvant le dumping salarial et menant à des inégalités.

Recherche et tourisme impactés

La résiliation des bilatérales nuirait aussi gravement à la formation, la recherche et l’innovation, a analysé Michel Matter (PVL/GE). Grâce à la libre circulation, la Suisse peut tendre vers l’excellence, rester à la pointe de la recherche et se positionner face à la concurrence internationale en engageant les meilleurs talents européens.

L’initiative n’apporterait «qu’une instabilité juridique, des dommages à long terme, des pertes économiques» et la fin de la place de la Suisse dans les programmes de recherche européens, a-t-il poursuivi. La participation à Horizon Europe serait compromise.

Outre les chercheurs et les étudiants, les touristes suisses ou étrangers seraient impactés par un rétablissement des contrôles aux frontières. Certains pourraient faire l’impasse sur la Suisse lors de leur voyage en Europe à cause de nouvelles procédures de visa, a souligné Lorenz Hess (PBD/BE). Le secteur pourrait alors afficher des pertes annuelles jusqu’à un demi-milliard de francs.

Dernier orateur, Balthasar Glättli (Verts/ZH) s’en est pris à la récupération écologique des initiants. Il ne s’agit que d’arguments alibi, car l’UDC s’oppose à toute politique environnementale concrète. Elle menace notamment déjà la loi sur le CO2 de référendum.

Renégociations

L’initiative de limitation demande au gouvernement de négocier la fin de l’accord sur la libre circulation avec Bruxelles. Si les efforts de négociation n’aboutissent pas, l’accord devra être résilié. Les initiants estiment que la libre circulation n’a eu que des effets négatifs sur l’emploi et les salaires, les coûts de l’aide sociale liés au chômage de longue durée de migrants, ainsi que des loyers surélevés.

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