FMI: le protectionnisme de Trump coûtent le PIB de la Suisse

AWP

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La croissance de la planète «connaît désormais un ralentissement synchronisé», déplore la nouvelle directrice générale Kristalina Georgieva.

Les offensives commerciales menées tous azimuts par Donald Trump vont coûter environ 700 milliards de dollars à la croissance mondiale d’ici 2020, soit l’équivalent de l’économie de la Suisse, a souligné mardi Kristalina Georgieva, la nouvelle directrice générale du FMI.

La croissance de la planète «connaît désormais un ralentissement synchronisé», a-t-elle déploré, prévenant que le Fonds monétaire international allait publier le 15 octobre des prévisions de croissance révisées en baisse à la fois pour 2019 et 2020.

«En 2019, nous nous attendons à une croissance plus lente dans près de 90% du monde», a-t-elle poursuivi dans un discours prononcé en amont des réunions d’automne du FMI et de la Banque mondiale à Washington.

Mme Georgieva, qui a pris ses fonctions il y a tout juste une semaine, ajoute que «la croissance va tomber cette année à son plus bas niveau depuis le début de la décennie».

Le président américain a lancé il y a plus d’un an et demi une guerre commerciale contre la Chine pour mettre fin à des pratiques commerciales jugées «déloyales».

Ce conflit, qui s’est traduit par des tarifs douaniers punitifs réciproques sur des centaines de milliards de marchandises, a considérablement affecté le commerce international non seulement entre les deux pays mais encore dans le monde entier.

«La croissance du commerce mondial est presque au point mort», a ainsi constaté Mme Georgieva.

Et alors que l’administration Trump menace aussi de droits de douane supplémentaires ses autres partenaires dont l’Union européenne, la confiance des investisseurs s’est érodée.

Ces multiples tensions commerciales ne sont plus des risques mais «ont laissé des traces», a souligné la responsable du Fonds.

Le produit intérieur brut mondial pourrait être amputé d’environ 0,8% d’ici 2020 contre 0,5% estimé en juillet. «C’est environ la taille de l’économie de la Suisse», note-t-elle.

Elle exhorte les pays à travailler ensemble «maintenant» pour trouver «une solution durable» d’autant que l’incertitude crée des soubresauts sur les marchés financiers.

Elle invite en outre «les pays ayant de l’espace budgétaire à déployer ou à se tenir prêts à déployer une force de frappe budgétaire» pour contribuer à stimuler la demande et la croissance, citant l’Allemagne, les Pays Bas et la Corée du sud.

La dette des entreprises

Aux côtés du commerce, la difficile sortie de l’Union européenne du Royaume Uni (Brexit) et l’endettement des entreprises constituent d’autres sérieuses menaces pour l’économie mondiale.

Dans certains pays, les sociétés ont profité des taux d’intérêt peu élevés pour contracter des dettes afin de financer des fusions et des acquisitions plutôt que pour investir, observe le FMI.

«Si un ralentissement majeur se produisait, la dette des entreprises exposées au risque de défaut de paiement augmenterait à 19’000 milliards de dollars, soit près de 40% de la dette totale dans huit économies majeures»: Allemagne, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume Uni, souligne Mme Georgieva.

Et de noter que ce nombre est supérieur aux niveaux observés pendant la crise financière de 2008.

Les faibles taux d’intérêt incitent également les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés sur les marchés émergents. «Cela laisse de nombreuses petites économies exposées à un renversement soudain des flux de capitaux», note-t-elle.

Contre le changement climatique, taxe carbone et baisse des impôts
Les taxes sur le carbone sont efficaces pour lutter contre le changement climatique mais elles doivent être assorties de réductions d’impôts et d’incitation à l’investissement dans les infrastructures propres pour assurer la transition, a préconisé mardi la nouvelle patronne du FMI.
«Les taxes sur le carbone peuvent être l’un des outils les plus puissants et les plus efficaces», a souligné Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international dans un discours prononcé en amont des réunions d’automne. «Mais la clé est de changer les systèmes fiscaux et non pas simplement d’ajouter une nouvelle taxe», a-t-elle ajouté.
Elle relève que des revenus supplémentaires issus des taxes sur le carbone pourraient être utilisés pour réduire les impôts des ménages les plus vulnérables. Les nouvelles ressources pourraient également «soutenir les investissements dans l’infrastructure d’énergie propre qui aidera la planète à guérir».
Elle observe que pour faire face au changement climatique, «il faut non seulement atténuer les dégâts mais encore s’adapter à l’avenir».
«C’est une crise où personne n’est à l’abri et où chacun a la responsabilité d’agir», commente-t-elle encore.
Elle rappelle que l’une des priorités au FMI est d’aider les pays à réduire leurs émissions de carbone et à devenir plus résilients au changement climatique.
Mme Georgieva cite en outre l’exemple de la Suède (Europe du nord) qui a mis en place une taxe sur le carbone en 1991: «les ménages à revenus faibles et moyens ont bénéficié de transferts et de réductions d’impôts plus élevés pour les aider à compenser les coûts énergétiques plus élevés».
Ce changement de politique a permis de réduire les émissions de carbone de la Suède de 25% depuis 1995, tandis que son économie a progressé de plus de 75%, rappelle la directrice générale en poste depuis le 1er octobre.

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