Effondrement du commerce extérieur de la Suisse en avril

AWP

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En termes désaisonnalisés, les exportations ont dégringolé de 11,7%, alors que les importations ont chuté de 21,9%. Il s’agit de la plus forte dégradation mensuelle depuis des décennies.

Conséquence des mesures de lutte contre la propagation du nouveau coronavirus, le commerce extérieur suisse s’est effondré en avril. En termes désaisonnalisés, les exportations ont dégringolé de 11,7%, alors que les importations ont chuté de 21,9%. Il s’agit de la plus forte dégradation mensuelle depuis des décennies.

La balance commerciale n’en a pas moins bouclé le mois sous revue sur un excédent mensuel record de 4,3 milliards de francs, écrit mardi l’Administration fédérale des douanes (AFD).

Exprimé en termes réels, soit en tenant compte de l’inflation, le recul des exportations s’est inscrit à 10% à 16,7 milliards, soit la plus forte baisse jamais enregistrée. Les importations ont quant à elles fléchi en termes réels de 17,8% à 12,4 milliards.

Du côté des envois à l’étranger, tous les secteurs ont subi un net tassement, la bijouterie et la joaillerie (-77%) ainsi que l’horlogerie (-72,6%) affichant les chutes les plus vives. La baisse cumulée des envois de ces deux branches s’est chiffrée à 1,6 milliard de francs.

Après avoir affiché une envolée de 35,5% en mars, les livraisons à l’étranger de produits chimiques et pharmaceutiques ont elles aussi baissé. Le recul s’est inscrit à 4,8% à 10,3 milliards. La chute reflète pour l’essentiel l’effondrement des envois de médicaments (-1,5 milliard), alors que ceux de produits immunologiques ont gonflé de 600 millions (+19,9%).

Principaux marchés en repli

Deuxième branche exportatrice, l’industrie des machines et de l’électronique a vu ses exportations se contracter de 4,5% à 2,13 milliards de francs, après avoir déjà subi une chute de 14,3% en mars. Dans ce secteur, les machines motrices non électriques ont affiché le repli le plus marqué (-18,4% à 118 millions).

Les branches des instruments de précision (-18,2% à 1,08 milliard de francs) et des métaux (-13,1% à 845 millions) n’ont pas non plus échappé au repli de leurs envois à l’étranger.

Reflet de la quasi-paralysie du commerce mondial, les trois principaux marchés d’exportation de la Suisse ont viré au rouge. Les envois vers l’Amérique du Nord, qui avaient décollé de 37,7% en mars, ont présenté le plus fort déclin, plongeant de 30,4% à 3,38 milliards de francs. Pour les seuls Etats-Unis, la chute s’est inscrite à 35,2%, pour un montant de 2,98 milliards.

L’Europe n’a pas échappé au phénomène, la dégringolade atteignant 13,1% à 9,04 milliards de francs. Les envois vers l’Union européenne, premier partenaire commercial de la Suisse, se sont tassés de 14,4% à un peu plus de 8 milliards. Dans cette zone, les livraisons vers les pays voisins ont été les plus affectées.

Au niveau de l’an 2000

Les exportations vers l’Allemagne, premier client de l’industrie suisse, ont diminué de 16,4% à 3,02 milliards de francs. Celles à destination de la France ont décliné de 17,4% à 845 millions, tout comme les envois vers l’Italie (-13% à 953 millions) et l’Autriche (-21,8% à 517 millions). Jamais depuis vingt ans, les livraisons destinées à l’Hexagone et à la Péninsule n’avaient atteint un si bas niveau.

Sur l’ensemble du Vieux Continent, seules les livraisons vers la Russie ont crû (+16,9% à 210 millions). Plus à l’Est, l’Asie a vu les envois de biens et marchandises suisses se contracter également, soit de 7,9% à 3,57 milliards de francs.

Les exportations vers Hong Kong, marché clef des horlogers helvétiques, ont chuté de près de moitié (-43,8%) à 182 millions. Celles à destination de la Chine ont également fléchi, toutefois dans une moindre mesure, soit de 3,9% à 1,11 milliard.

Retombant à leur niveau de juillet 2004, les importations ont dû leur repli à trois groupes, à savoir la bijouterie et joaillerie (-85,2% à 169 millions de francs), les produits chimiques et pharmaceutiques (-21,9% à 12,38 milliards) et les véhicules (-54,3% à 557 millions). Dans ce dernier secteur, les entrées de voitures se sont dégonflées de près de deux tiers (-66,1% à 223 millions), relève l’AFD.

Chute des importations françaises

Du point de vue géographique, les livraisons en provenance des trois principaux marchés d’approvisionnement se sont nettement dégradées. L’Amérique du Nord a flanché d’un quart, contre 22% pour l’Asie et 20% pour l’Europe. Les importations du Vieux-Continent sont ainsi retombées à leur niveau de mai 2000.

La baisse cumulée avec les quatre pays voisins a atteint 1,6 milliard de francs. Les arrivages de France se sont particulièrement contractés (-40,7%). Côté asiatique, la chute de Hong Kong et des Emirats arabes unis a plombé le résultat, principalement les envois de bijoux en or pour la refonte. A l’inverse, les livraisons originaires de Chine ont affiché une seconde hausse mensuelle consécutive.

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