Croissance: bonnes perspectives après une décélération en 2017

AWP

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Le PIB suisse a progressé en termes réels de 1%, contre +1,4% l’année précédente. Construction et services financiers en soutien. L'année 2018 se présente mieux.

La croissance économique suisse a connu un quatrième trimestre 2017 supérieur à la moyenne, porté par de nombreux secteurs économiques. Certaines composantes du produit intérieur brut (PIB) s’affichent en demi-teinte, ce qui n’effraie aucunement les économistes. L’année en cours s’annonce bonne, voire très bonne, suivant les commentateurs.

Au quatrième trimestre, le PIB helvétique a progressé de 0,6% en termes réels par rapport au trimestre précédent, selon les indications fournies jeudi par le Secrétariat d’Etat à l’économie. Cette hausse est supérieure à la moyenne de 0,4%. La croissance au dernier partiel a cependant légèrement décéléré par rapport au troisième trimestre (+0,7%, valeur révisée).

Les données trimestrielles se situent dans le haut de la fourchette des prévisions. Les économistes interrogés par AWP avaient misé sur une progression du PIB au quatrième trimestre entre 0,4% et 0,6%.

«Les derniers mois de l’année ont apporté la confirmation que le troisième trimestre n’était pas une hirondelle», a imagé Gianluca Tarolli, économiste auprès de la banque Bordier & Cie. Pour le spécialiste, un dynamique conjoncturelle positive est bel et bien lancée.

CROISSANCE «HOMOGÈNE»

«La croissance a été soutenue par beaucoup de secteurs. Elle est homogène et balancée», souligne Gero Jung, chef économiste de Mirabaud. Ce point de vue est généralement partagé par les économistes sollicités par AWP.

Certains indicateurs semblent toutefois relativiser cet optimisme, les chiffres annuels en premier lieu. Le PIB a progressé de 1% sur l’ensemble de 2017, alors que la croissance avait atteint 1,4% au cours des douze mois précédents.

L’examen détaillé des statistiques trimestriels laisse également apparaître quelques faiblesses. La consommation des ménages - l’un des piliers de la croissance suisse - n’a augmenté de 0,2% entre octobre et décembre. «Pour moi, cela n’a rien d’alarmant. La baisse attendue du chômage va notamment soutenir la consommation», analyse Valérie Lemaigre, économiste en chef de la Banque cantonale de Genève (BCGE).

M. Tarolli relativise également, rappelant que cette composante était assez solide au troisième trimestre. Pour sa part, la dépense publique au dernier partiel s’est inscrite dans la moyenne (+0,5%).

Les exportations ont plutôt pesé sur la conjoncture sur les derniers mois de l’année. Les secteurs du luxe et industriel ont connu une embellie, contrairement à la chimie et de la pharma qui s’inscrivent en recul.

«Une partie de cette faiblesse est due à la volatilité de la statistique. Il n’y a rien d’inquiétant», a assuré l’économiste de Bordier, qui en veut pour preuve les écarts de valeur constatés en 2017.

Du côté des importations, les services (-5,1%) ont connu une baisse la plus forte que les marchandises (-4,4%).

LES ENTREPRISES EN FER DE LANCE

Selon Mme Lemaigre, les entreprises vont porter la croissance, comme ce fut le cas au quatrième trimestre, alors que la consommation sera un soutien plus modeste. La construction (+1,4%) et le secteur des services - notamment financiers - ont affiché un visage réjouissant d’octobre à décembre.

L’industrie manufacturière (+1,2%) n’est pas en reste. «Sur les deux premiers trimestres de 2018, on ne voit pas ce qui pourrait faire dérailler cette tendance du commerce mondial, sauf une forte appréciation du dollar ou des fluctuations excessives des cours du pétrole», affirme-t-elle.

Pour 2018, M. Jung table sur un «mouvement latéral» de l’industrie manufacturière, qui est «en ligne avec le cycle économique mondial».

Le centre d’études conjoncturelles BAK estime que l’économie suisse a entamé l’année avec entrain. Les différents instituts s’attendent pour 2018 à un croissance comprise entre 1,6% et 2,3%. En 2019, le PIB est anticipé en hausse de 1,7% à 2,0%.

La BCGE table sur +1,8% pour l’année en cours. Valérie Lemaigre juge les chiffres 2017 trop bas, surtout au niveau des stocks, et anticipe un ajustement des statistiques publiées jeudi. «La dynamique est déjà forte même si pas encore complètement intégrée dans les chiffres du PIB 2017. Elle se poursuit en 2018.»

Mirabaud s’inscrit légèrement au-dessus, à +1,9% pour 2018, et prédit une stabilisation de la consommation. L’embellie va continuer mais la progression sera inférieure à celle connue avant la crise financière. Pour 2019, la banque privée genevoise mise sur une croissance de 1,5%.

L’économiste de Bordier constate un «niveau d’optimisme élevé» qui devrait conduire à une accélération de la croissance.

 

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