Credit Suisse: Ethos demande la démission d’Urs Rohner

AWP

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«Il n’est pas souhaitable que M. Rohner reste à la tête du conseil d’administration jusqu’en 2021 comme prévu», selon le directeur de la fondation qui le critique depuis 2017.

Ethos vient mettre son grain de sel dans le duel qui se joue actuellement au sein des instances dirigeantes de la grande banque Credit Suisse. Le président Urs Rohner doit démissionner, a indiqué le directeur de la fondation, Vincent Kaufmann, dans une interview jeudi à l’agence Reuters.

Il n’est pas souhaitable que M. Rohner reste à la tête du conseil d’administration jusqu’en 2021 comme prévu, selon le patron d’Ethos. «Pouvons-nous permettre encore une année de tensions entre le président, le directeur général (Tidjane Thiam), les médias ainsi que (de saper) la confiance des employés et des clients? Tout cela nous amène à penser que nous devons changer au plus vite», a déclaré M. Kaufmann. La fondation critique Urs Rohner depuis 2017.

Le futur président ne doit pas être choisi à l’interne, afin qu’il puisse s’opposer à la direction en cas de besoin, souligne Ethos.

Cet appel à la démission ne constitue cependant pas un blanc-seing donné à Tidjane Thiam, le directeur général que chercherait à évincer Urs Rohner. Jusqu’à présent, rien n’a pas permis de relier le patron de Credit Suisse aux affaires de filature qui ont nui à l’image du numéro deux bancaire helvétique et font l’objet notamment d’une enquête du gendarme financier Finma.

Si l’on venait finalement à apprendre que M. Thiam était au courant de la surveillance de deux cadres supérieurs, il devrait également démissionner, tranche le directeur d’Ethos. Par ailleurs, il faudra prendre en considération les conséquences de ce scandale au moment d’attribuer les bonus des hauts dirigeants, selon Vincent Kaufmann.

Fronde de certains actionnaires

Cette prise de position s’inscrit dans un climat tendu, marqué par la multiplication d’articles de presse sur ce qui est présenté comme une rivalité entre Urs Rohner et Tidjane Thiam. Selon les dernières informations, le conseil d’administration de Credit Suisse doit décider ce jeudi de l’avenir de Tidjane Thiam, voire même désigner son successeur à la tête de la grande banque.

Ce limogeage serait justifié par les affaires de surveillance qui ont entaché la réputation du géant bancaire. Le président n’a cependant pas les coudées franches en la matière. Tidjane Thiam peut compter sur le soutien d’actionnaires importants, dont la société londonienne Harris Associates, qui revendique 8% du capital-actions.

Silchester, autre société d’investissement basée à Londres et actionnaire à hauteur de 3%, exige également le maintien de M. Thiam. La pression s’est encore accentuée cette semaine, avec l’intervention d’Eminence Capital. Ce fond spéculatif américain prétend détenir 1% du capital-actions et des options d’achat pour des titres supplémentaires.

«Si le conseil d’administration décide (de suivre sa feuille de route) au lieu d’agir comme un gestionnaire prudent, nous tiendrons le président Rohner et le reste du conseil pour responsables d’une conduite que nous estimons préjudiciable à la valeur actionnariale», a averti Eminence, dans une missive transmise à Reuters.

Sollicité par l’agence de presse, Credit Suisse n’a pas souhaité réagir à ces déclarations. Le numéro deux bancaire helvétique avait réfuté les premières révélations de l’agence Bloomberg, qui avait fait état le week-end dernier des menaces qui planaient sur l’avenir de Tidjane Thiam à la tête de la grande banque.

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