Conservation d’actifs numériques: la finance s’organise

AWP

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L’Association CMTA, à Genève, fondée par Swissquote, Temenos et Lenz & Staehelin, s’apprête à publier des standards pour la conservation d’actifs numériques.

Faciliter l’investissement de l’épargne et les levées de capitaux des PME grâce aux nouvelles technologies: tel est le but que s’est fixé l’Association CMTA, à Genève, fondée par Swissquote, Temenos et Lenz & Staehelin, qui s’apprête à publier à cet effet des standards pour la conservation d’actifs numériques.

«Une transaction repose sur la confiance entre les parties impliquées et les technologies utilisées. Notre objectif est de veiller à ce que les instituts, acteurs ou intermédiaires engagés dans le domaine des actifs numériques se conforment à des standards minimaux», a expliqué à AWP le secrétaire général de la Capital Markets and Technology Association (CMTA) Fedor Poskriakov, en marge de l’annonce de la publication pour début 2020 de standards pour la conservation d’actifs numériques.

Ces normes, destinées à constituer une forme de label certifiant la crédibilité des acteurs concernés, sont présentées comme «un pas important vers la numérisation du secteur financier», selon est communiqué.

La CMTA, fondée l’an dernier, regroupe une trentaine de membres tels Vontobel, Taurus ou Pictet, qui sont des figures de proue des applications promises par les nouvelles technologies comme les registres distribués (DLT), la blockchain et les jetons numériques dans la finance.

«Pour l’industrie financière, des solutions professionnelles et de haute qualité pour conserver les actifs digitaux sont une exigence absolue», souligne l’organisation. Potentiellement, le marché est énorme.

«Il s’agit de simuler la levée de capitaux et de créer un marché secondaire pour des centaines de PME qui peinent à trouver du financement, partant aussi du constat que l’essentiel de l’épargne en Suisse ne va pas sur le marché des capitaux», explique M. Poskriakov, par ailleurs associé spécialiste du droit bancaire dans l’étude zurichoise Lenz & Staehelin.

Nouvelles applications

La taille moyenne d’une entrée en Bourse (IPO) en Suisse tourne autour de 400 millions de francs. L’alternative représentée par les jetons numériques, qui peuvent être comparés à des actions (dématérialisées) reposant sur une infrastructure nouvelle et différente, permet de réduire nettement les coûts d’émission ainsi que des transactions de plus petites tailles. Et elle donne la possibilité aux particuliers de prendre par exemple des parts dans une petite entreprise ou dans divers biens mobiliers ou immobiliers.

«C’est un ‘business’ supplémentaire qui s’ouvre, qui vient en complément des bourses traditionnelles», explique M. Poskriakov. La philosophie à la base de la blockchain (registre de données gérée de façon décentralisée) est de se passer d’intermédiaires.

«Mais de nombreux investisseurs souhaitent conserver des tiers de confiance, tout en profitant des nouvelles opportunités des clés numériques, et c’est notamment à ces prestataires de services que sont destinés les nouveaux standards en préparation», relève la CMTA. Celle-ci vise aussi les investisseurs opérant leur propre infrastructure de garde d’actifs numériques.

Les normes en préparation, établies sur une base volontaire mais dont le gendarme financier (Finma) et la faîtière des banques par exemple seront informés, doivent renforcer la crédibilité du système et permettre de mieux séparer le bon grain de l’ivraie, de contribuer à dissiper les peurs.

«Tout le monde, cependant, n’aura pas besoin de tiers de confiance pour gérer ses clés numériques. Celles-ci représentent en fait un code, tel un mot de passe, conservé un général uniquement sous forme électronique. Si le détenteur d’actifs numériques a confiance en ses compétences techniques et n’est pas soumis à des exigences réglementaires l’obligeant à conserver ses actifs auprès d’un tiers, il n’aura pas besoin d’intermédiaire», précise Fedor Poskriakov.

Les deux modèles (avec ou sans intermédiaire) sont appelés à cohabiter, mais les standards doivent apporter un éclairage dans les deux cas sur les aspects liés à la sécurité.

Reste à mettre en place les plateformes d’échanges assurant suffisamment de fluidité aux transactions. «En Suisse, plusieurs projets sont en cours d’élaboration et d’approbation et devraient, on l’espère, être opérationnels en 2020», relève encore le secrétaire général de la CMTA.

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