Budget italien: accord entre Rome et Bruxelles

AWP

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L’Italie accepte de tabler sur un déficit public à 2,04% du Produit intérieur brut, contre 2,4% au départ.

La Commission européenne, qui cherchait depuis des semaines à éviter la rupture avec l’Italie sur son budget, a annoncé mercredi un accord avec la coalition populiste au pouvoir à Rome, qui accepté de reporter deux de ses mesures phares.

Cet accord prévoit 10,25 milliards d’euros d’économies budgétaires, en partie grâce au «report de l’entrée en vigueur des deux principales mesures» du gouvernement italien : la réforme des retraites et le revenu de citoyenneté, un revenu minimum en faveur des plus défavorisés, a expliqué le vice-président de l’exécutif européen, Valdis Dombrovskis.

La solution «n’est pas idéale, mais elle permet d’éviter à ce stade l’ouverture d’une ‘procédure pour déficit excessif’», qui peut aboutir à terme à des sanctions financières, a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a estimé que cet accord avait été obtenu «sans jamais reculer par rapport aux objectifs» fixés par les Italiens après les législatives du 4 mars.

L’accord conclu mercredi porte sur un déficit public à 2,04% du Produit intérieur brut (PIB) avec des prévisions de croissance ramenées à 1% pour l’an prochain au lieu de 1,5%.

Il doit permettre d’éviter une aggravation de l’énorme dette de l’Italie, qui s’élève à environ 130% de son PIB.

«Ce processus n’a pas été facile. Au début il semblait y avoir peu de chances de combler l’écart entre nos positions respectives», a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Le bras de fer entre le gouvernement italien et Bruxelles s’est engagé au début de l’automne avec la présentation à Rome d’un projet de budget prévoyant un déficit public à 2,4% du PIB, soit bien au-dessus du niveau sur lequel s’était engagé le précédent gouvernement (0,8%).

La Commission avait officiellement rejeté ce projet le 23 octobre, avant d’ouvrir la voie à de possibles sanctions financières.

«Année traumatisante»

La coalition gouvernementale italienne, formée de la Ligue (extrême droite) du vice-Premier ministre Matteo Salvini et du Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème) de son homologue Luigi di Maio, avait d’abord semblé inflexible, avant de mettre de l’eau dans son vin.

En acceptant un budget révisé de l’Italie, la Commission fait finalement preuve d’une grande souplesse dans l’application des règles européennes.

La situation était devenue particulièrement sensible au niveau politique quand la France a annoncé des mesures supplémentaires pour répondre à la crise des «gilets jaunes», qui devraient la conduire à dépasser le seuil de 3% de déficit public en 2019.

Les Italiens avaient alors mis en garde Bruxelles contre une différence de traitement entre la France et eux.

«Nous ne pouvons pas ignorer le contexte et notre réponse, c’est de préférer le dialogue à la confrontation», a répondu mercredi M. Moscovici, qui se réjouit d’avoir «rapproché» l’Italie des règles européennes.

«La négociation n’avait pas pour but de rendre le budget italien pleinement conforme (aux règles), ce n’est pas ce que nous pouvions faire», a-t-il concédé.

Outre le report de la réforme des retraites et du revenu de citoyenneté, qui devraient permettre d’économiser 4,6 milliards d’euros, d’autres économies d’un montant comparable doivent être réalisées sur les investissements italiens, qui seront partiellement compensés par les fonds européens.

Bruxelles va par ailleurs accorder à l’Italie une flexibilité pour «circonstances exceptionnelles», afin de faire face aux risques sur ses infrastructures routières et aux inondations de grande ampleur.

«Cette année a été assez traumatisante pour beaucoup de personnes en Italie, avec l’effondrement du pont Morandi à Gênes et les tempêtes et inondations dévastatrices qui ont fait tant de victimes», a rappelé M. Moscovici mercredi.

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