Brexit: Theresa May veut rouvrir l’accord de divorce avec l’UE

AWP

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«Je ne parle pas d’un nouvel échange de lettres mais d’une modification importante et juridiquement contraignante de l’accord de retrait», a précisé la Première ministre britannique.

A deux mois du Brexit, la Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi qu’elle voulait rouvrir les négociations avec l’Union européenne, même si Bruxelles a jusqu’ici exclu cette option, pour trouver un accord de retrait qui recueille le soutien d’une majorité de députés.

«Je ne parle pas d’un nouvel échange de lettres mais d’une modification importante et juridiquement contraignante de l’accord de retrait», a déclaré la dirigeante conservatrice lors de l’examen par les députés d’une série d’amendements susceptibles de leur donner la main sur ce dossier.

«Négocier un tel changement ne sera pas facile. Cela impliquera la réouverture de l’accord de retrait, une démarche pour laquelle je sais que l’appétit de nos partenaires européens est limité», a-t-elle ajouté. «Mais je crois qu’avec un mandat de cette assemblée, je peux obtenir un tel changement».

Theresa May s’est entretenue mardi avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, a indiqué Downing Street, sans détailler le contenu de leur discussion, qui a eu lieu après une réunion du gouvernement britannique.

A cette occasion, Mme May a déclaré à ses ministres que «des changements juridiques au +backstop+ seront nécessaires pour obtenir le soutien de la Chambre des communes», a rapporté son porte-parole, en référence à la disposition controversée prévue dans l’accord de divorce censée éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande.

«Cela signifie rouvrir l’accord de retrait», a-t-il conclu, tout en assurant que la cheffe du gouvernement conservateur restait «déterminée à quitter (l’UE) le 29 mars», date prévue du Brexit.

Le traité de retrait âprement négocié par Mme May pendant des mois avec l’Union européenne avait été massivement rejeté le 15 janvier par les députés. Après cet échec, la dirigeante n’a pas proposé de plan alternatif, contrairement à ce que réclamaient les parlementaires.

Les députés ont donc rédigé des amendements, dont plusieurs vont faire l’objet d’un vote mardi soir. Ouvrant les débats, Theresa May a appelé les députés à «envoyer le message le plus clair possible» aux dirigeants européens sur ce qu’ils veulent.

Réactions contrastées

La Première ministre soutient un amendement remplaçant la disposition du «backstop» ou «filet de sécurité» par des «arrangements alternatifs».

L’amendement, déposé par le conservateur Graham Brady, «me donnera le mandat dont j’ai besoin pour négocier avec Bruxelles un arrangement qui puisse obtenir (le soutien de) la majorité de cette Chambre», a plaidé Mme May.

L’idée de rouvrir ces négociations suscitait des réactions contrastées dans les rangs des manifestants pro et anti-Brexit rassemblés devant le Parlement de Westminster.

«Il faut les rouvrir car le backstop est inacceptable», a déclaré à l’AFP Philip Aiston, un Brexiter de 66 ans.

Nick Jackson, europhile de 48 ans, dénonçait de son côté la vacuité de l’entreprise: les dirigeants de l’UE «ont déjà dit non (à de nouvelles négociations). Ils ont dit non plusieurs fois. Je ne sais pas pourquoi elle ne comprend pas».

Parmi les autres amendements figure celui de la travailliste Yvette Cooper, qui cherche à repousser la date du Brexit pour éviter une sortie sans accord de l’UE. S’il est adopté, les députés débattraient le 5 février d’une loi pour contraindre le gouvernement à repousser la date du Brexit si aucun accord n’était conclu au 26 février.

L’amendement a reçu le soutien du chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, selon qui il permettra de «donner du temps pour renégocier» et éviter une sortie sans accord qui «ferait beaucoup de mal» à l’économie britannique.

«Etendre l’article 50 n’empêcherait pas une sortie sans accord», a balayé la cheffe du gouvernement. Elle s’est engagée à faire voter un accord remanié «dès que possible». Si aucun accord n’est conclu avec l’UE d’ici le 13 février, elle a annoncé son intention d’organiser un vote le 14 février sur un départ sans accord.

Les députés doivent se prononcer sur ces amendements à partir de 19H00 GMT.

Sabine Weyand, l’adjointe du négociateur en chef de l’UE Michel Barnier, avait dénoncé lundi des discussions qui tournent en rond. «Les négociations sont finies», a-t-elle martelé, en assurant: «Nous ne rouvrirons pas l’accord de retrait».

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