Quelques bulles pour célébrer – Flash boursier Bonhôte

Groupe Bonhôte

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Suspension des taxes douanières contre le Mexique. La BCE laissera son taux négatif inchangé.

Les marchés boursiers déjà bien orientés en fin de semaine, les rendements obligataires faibles offrant un coussin aux tensions, peuvent maintenant célébrer la suspension indéfinie, décidée vendredi soir, de la mise en place de taxes douanières sur les importations mexicaines. Lors d’un entretien télévisé, le président américain a déclaré que la Chine finira par conclure un accord avec les Etats-Unis «car elle n’aura pas le choix». Il estime que ses menaces de taxation sont une véritable clef de réussite. Selon lui, nombre de sociétés étrangères quitteraient la Chine pour échapper aux taxes. Il est vrai que la hausse des salaires au Vietnam voisin témoigne un peu de cette migration, mais le mouvement nous parait très limité. Pendant ce temps, Pékin dit se préparer à une longue marche. Une rencontre entre Donald Trump et le président Xi Jinping, même si elle n’est pas formellement prévue, aura probablement lieu lors du G-20, les 28 et 29 juin prochain à Osaka.

Face à l’escalade potentielle des risques commerciaux, les banques centrales ont récemment émis des signaux laissant envisager des mesures d’assouplissement de leurs politiques monétaire et posé une fois de plus un filet de sécurité pour les marchés actions.

La Banque centrale européenne s’est engagée à laisser son taux négatif inchangé jusqu’au premier semestre 2020 et la banque centrale d’Australie a abaissé ses taux directeurs pour la première fois en trois ans. L’incertitude politique met une certaine pression sur la Réserve fédérale américaine (Fed). Son président Jerome Powell a promis lors d’une allocution la semaine dernière «d’agir comme approprié pour soutenir l’expansion économique». Les investisseurs ont vite conclu que la Fed était prête à abaisser son taux d’intérêt d’intervention et ceci rapidement, lors de sa réunion de juillet. La courbe des rendements des bons du Trésor US prend désormais en compte une baisse de taux de 75 points de base d’ici à fin 2019. Le rôle de la Fed est bien d’amortir les chocs économiques. Les créations d’emplois ont fortement ralenti en mai (+75’000) et les estimations des mois précédents ont été révisées en baisse de 75’000. La progression des salaires horaires (+3,1% sur un an) a aussi été moindre qu’attendu, suggérant un ralentissement de croissance. Mais le fait que la courbe soit inversée et une éventuelle coupe de taux ne veulent pas forcément dire que la récession guette au coin de la rue. La conjoncture américaine reste solide et nous semble encore avoir de l’élan.

L’essentiel en bref
Titre sous la loupe

Alphabet Inc (ISIN: US02079K1079, prix: 1’080 dollars)

Le cours d’Alphabet s’est inscrit en forte baisse depuis début mai (-15%) suite à des perspectives de chiffre d’affaires et bénéficiaires décevantes et à des craintes récurrentes de mesures de régulation anti-trust.

Plus de 50% des revenus hors Etats-Unis concernent les dépenses de publicité. Hors la prudence est actuellement de mise chez les annonceurs vu le ralentissement de la croissance économique mondiale et le climat de guerre commerciale. On observe par ailleurs une montée des critiques de la part de politiciens (aussi bien Républicains que Démocrates) et d’entreprises concernant le pouvoir des «big techs». Des mesures anti-trust pourraient cibler en particulier les modèles d’affaires basés sur la collecte des données des consommateurs.

En 2013, la Federal Trade Commission avait lancé une enquête sur les pratiques de Google, qui s’est terminée sans donner suite. Les européens ont quant à eux condamné Google en 2018 pour violation de la loi antitrust sur la publicité en ligne. Au total, il y a pour 15 milliards d’euros d’amendes, encore loin d’être réglées. Si le département de la Justice américain ouvrait aussi un cas antitrust sur Alphabet INC comme plateforme dominante et non réglementée, il devrait déterminer si des pratiques non-concurrentielles pénalisent le consommateur ou les concurrents. C’est une lourde et longue tâche, qui ouvrirait le débat sur la valeur économique des données personnelles des utilisateurs. Ces derniers ont en effet accès gratuitement au moteur de recherche de Google.

Nous estimons que le titre Alphabet est relativement bon marché. Le ratio cours/bénéfice se situe au-dessous de sa moyenne historique à 5 ans et reflète déjà le risque macro-économique et réglementaire. Il faut s’attendre à une décélération de la croissance et à une compression des marges bénéficiaires à horizon court-terme. Mais à long terme le stockage cloud, le commerce en ligne et la publicité mobile ont encore le vent en poupe.

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