La vague d’inquiétudes atteint les marchés européens

AWP

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Zurich, Paris, Londres et Francfort ouvrent en baisse suite aux craintes d’une nouvelle guerre commerciale après les menaces de Donald Trump.

Encore mal remis de la vague de froid de début février, les marchés européens ont rechuté cette semaine et devraient chercher du réconfort auprès de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi prochain.

«La semaine prochaine, c’est essentiellement la réunion de la Banque centrale européenne qui sera attendue alors que la question de l’avenir des politiques monétaires se pose partout dans le monde», résume auprès de l’AFP Isabelle Enos, conseillère en investissement financier chez BNP Paribas Banque Privée.

«Les investisseurs n’attendent pas de nouvelle décision, mais ils guettent un changement de terminologie ou une inflexion dans la lecture de l’économie qui pourraient leur offrir un fil conducteur pour les prochains mois», poursuit la spécialiste.

«Au vu des derniers indicateurs, avec notamment une inflation qui reste faible, la BCE n’a aucune raison de se dépêcher de changer de cap», estime de son côté auprès de l’AFP Jean-Louis Mourier, un économiste de Aurel BGC.

Avant d’arriver à ce rendez-vous clé, la politique dominera le début de semaine, à commencer par les législatives dimanche en Italie.

L’issue de ce scrutin sera difficile à appréhender, car «il est probable qu’aucun parti n’aura seul la majorité, ce qui veut dire que dimanche soir ou lundi matin nous ne saurons pas par qui sera gouvernée l’Italie. Et les tractations peuvent être longues», souligne M. Mourier.

Un autre vote est attendu dimanche en Allemagne, celui des sociaux-démocrates, dernier obstacle à la formation d’un gouvernement stable.

Entre ces élections et la réunion de la BCE jeudi, il y aura sans doute beaucoup d’attentisme, prévoit Mme Enos.

Surchauffe?

Le rapport mensuel sur l’emploi américain en février viendra clore une semaine dense et devrait lui aussi retenir l’attention.

C’est surtout «la dynamique des créations d’emplois qui peut donner un signal sur une éventuelle surchauffe de l’économie américaine», juge Mme Enos.

Cette thématique a pris un relief particulier, à la suite d’un discours du nouveau patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell.

Lors de sa première intervention mardi devant le Congrès américain, ce dernier a en effet évoqué la nécessité «de trouver un équilibre entre éviter que l’économie ne surchauffe et pousser l’inflation vers sa cible de 2%». Alors que ces propos ont suscité des inquiétudes à Wall Street, il a assuré deux jours plus tard qu’il n’y avait «pas de signe de surchauffe».

Mais même si «les investisseurs anticipent désormais quatre hausses de taux de la Fed en 2018», contre trois prévues officiellement à ce jour, «ce discours n’a pas créé de remous importants», relève Mme Enos.

La semaine n’en a pas moins été éprouvante pour les places européennes.

La Bourse de Londres a eu du mal à digérer les résultats mitigés du géant de la publicité WPP ou du groupe de télévisions ITV ainsi que le discours tenu vendredi par la Première ministre Theresa May sur sa position dans les négociations du Brexit, qui peinent à progresser entre Londres et Bruxelles.

Et pour l’ensemble des indices, «ce sont surtout les annonces protectionnistes du président américain Donald Trump et les risques de guerre commerciale qu’elles induisent» qui ont eu le plus d’impact, analyse Mme Enos.

Donald Trump a loué les mérites des «guerres commerciales» après avoir annoncé la veille l’imposition de fortes taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, lestant les marchés boursiers qui ont du coup effacé une large partie du rebond réalisé fin février.

L’inquiétude a notamment été vive en Allemagne. Le pays ne fournit certes que 4% de l’acier acheté par les Etats-Unis, selon le ministère de l’Economie, mais il redoute les conséquences pour son économie exportatrice: un emploi sur quatre, et même un emploi industriel sur deux, dépendent des exportations, rappelait ainsi vendredi la fédération allemande de l’industrie BDI.

Au-delà de cette actualité, «il y a eu aussi un changement d’état d’esprit chez les investisseurs», selon Mme Enos.

«Pendant plus d’un an, toutes les nouvelles étaient appréhendées positivement, mais depuis février, les investisseurs sont devenus plus critiques, développe-t-elle, cela se traduit par un rebond de la volatilité, alors que d’un point de vue économique, tous les marqueurs donnent le signal du printemps».

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