La chronique des marchés de Vontobel au 4 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,25%, SPX +0,09%, Dow +0,26%, Russell +0,18%, SOX +1,2%, Eurostoxx +0,37%, SMI +0,30%.

 

Wall-Street entame le mois de février sur une note timide. L’indice S&P500 (SPX) se maintient au-dessus des 2700 points et se situe désormais très près de sa moyenne mobile à 100 jours (2710,88 contre 2706,53 en clôture). Le Dow Jones parvient aussi à tenir le niveau de 25’000 points alors que cela se passe un tantinet moins bien du côté du Nasdaq 100 (NDX) qui recule avec Amazon (AMZN -5,3%). Sur la semaine, le SPX progresse de 1,6% alors que le NDX gagne 1,3%. C’est sa sixième semaine consécutive de hausse. Au registre des secteurs, l’énergie se porte bien, encouragée par l’excellente tenue du pétrole, les semi-conducteurs sont soutenus par la bonne tenue de Cypress Semi (CY +6,6%) après ses résultats et les pharmas suivent Merck, qui progresse de 2,6% suite à ses chiffres. La volatilité rend un petit peu de terrain, l’indice VIX en recul de 2,6% à 16,14, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 2,69%, l’or recule à 1311 dollars par once et le WTI Light Crude grimpe au-dessus des 55 dollars le baril. Le dollar reprend des couleurs, le Dollar Index revenant près des 96. La paire euro/dollar à 1,1440 ce matin.

Les créations d’emplois aux Etats-Unis ont dépassé toutes les attentes vendredi, s’élevant à 304’000, près du double du consensus de 158’000. Le salaire horaire moyen de janvier a augmenté de 0,1% par rapport à décembre. Ces chiffres reflètent une situation idéale, où le marché de l’emploi est dynamique, sans pour autant entraîner d’accélération de l’inflation par les salaires. Le «shutdown» n’a pas pesé sur l’emploi, dans la mesure où Donald Trump avait signé une loi garantissant les salaires des fonctionnaires affectés. Cependant, le taux de chômage est légèrement remonté de 3,9% à 4% en janvier, ces fonctionnaires ayant été classés comme chômeurs temporaires pour le calcul du taux. Les indices d’activité manufacturière sont aussi restés bien supérieurs à 50 en janvier, le seuil qui sépare l’expansion de la contraction. Ainsi, l’indice Markit PMI manufacturier américain est ressorti à 54,9 en janvier, tandis que l’indice ISM manufacturier s’est élevé à 56,6, contre 54 de consensus de place et 54,3 en décembre.

Les cours du pétrole ont donc terminé en forte hausse vendredi, les bons chiffres de l’emploi aux Etats-Unis faisant espérer une hausse de la demande en carburant. Le pétrole restait aussi soutenu par l’annonce de sanctions américaines contre le groupe pétrolier vénézuélien PDVSA, qui sont susceptibles de provoquer une nouvelle baisse de la production du pays, au moment où l’OPEP+ a également réduit ses pompages pour soutenir les cours de l’or noir.

Après le «rallye» de janvier, les investisseurs semblent partagés entre les bonnes nouvelles (une Fed plus «colombe», un marché de l’emploi très solide) et les risques liés au ralentissement de la croissance mondiale, notamment en Chine. Du coté entreprises, les révisions en baisse des EPS pour 2019 commencent à arriver. Un Q1 en croissance négative est anticipé. Notons que les marchés des actions et des obligations ont tous deux progressé ces derniers temps. Cela est inhabituel, ces classes d’actifs évoluant traditionnellement dans la direction opposée l’une de l’autre. Le fait que les rendements obligataires reculent indique que de nombreux investisseurs sont pessimistes quant à l’économie américaine. Cela dit le rapport sur l’emploi de vendredi tend à infirmer cette vue.

Cette semaine sera riche en flux d’informations. La saison des résultats de sociétés suit son cours. A ce jour, 235 entreprises du SPX ont publié leurs chiffres. 73% ont battu les attentes, 24% les ont ratées et 3% ont publié des rapports en ligne. Ce sont environ 100 entreprises du SPX qui se livreront à l’exercice cette semaine, avec notamment Alphabet (GOOG), ce soir après la clôture. Parmi les autres firmes notables nous trouvons Estee Lauder, Archer Daniels Midland, Walt Disney, Hasbro, Mattel, Ralph Lauren, Twitter, General Motors, Sysco et Gilead Sciences. Le président des Etats-Unis va délivrer son discours sur l’état de l’Union demain, la Banque d’Angleterre annoncera jeudi sa décision sur les taux d’intérêts, personne n’attendant de mouvement et plusieurs membres de la Fed s’exprimeront au long de la semaine.

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine semblent avoir diminué après les négociations menées ces derniers jours à Washington. Pékin s’est engagé à acheter davantage de biens américains, notamment du soja, et les deux parties ont décidé de se rencontrer à nouveau courant février en Chine. Le président américain Donald Trump s’est dit prêt à rencontrer une nouvelle fois son homologue chinois Xi Jinping afin d’élaborer un «vrai accord commercial» qui rééquilibre les échanges entre les deux puissances économiques mondiales.

Ce weekend, l’indice Caixin China PMI Services est ressorti au-dessus des attentes pour le mois de janvier, une bonne nouvelle. Les indices asiatiques se tiennent bien, probablement encouragé par cette statistique, par le rapport US sur l’emploi et aussi par l’apparente bonne progression des discussions commerciales entre Pékin et Washington. La bourse de Shanghai est fermée pour le nouvel an chinois. A Tokyo, Sony plonge de 8% après des résultats mitigés.

En Europe, les futures ouvrent autour de l’équilibre, HSBC relève LafargeHolcim à «Acheter» alors que Julius Baer lance un avertissement sur bénéfices et annonce des avoirs sous gestion en-dessous des attentes, l’action indiquée en recul de 4%.

Barron’s publie une liste de six sociétés qui lui paraissent immunisées à un ralentissement économique éventuel. Il s’agit de Microsoft, Stryker Corp, Aptiv Plc, Spirit Airlines, Ball Corp et Anheuseur Busch.

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