La chronique des marchés de Vontobel au 2 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Dow -1,28%, S&P 500 -1,23%, Nasdaq -1,13%, Russell 2000 -1,97%, Sox -0,93%, Eurostoxx -1,43%, SMI -1,25%.

 Wall Street se prend les pieds dans le tapis.

Après un bon mois de septembre, la bourse américaine entame octobre en nette baisse suite à la publication d’une série de statistiques montrant un ralentissement de l’activité manufacturière aux Etats-Unis en septembre, mais aussi dans la zone euro et en Chine. L’indice ISM manufacturier crée un choc en s’enfonçant dans la zone de contraction, à 47,8 en septembre, contre un consensus de 50 et après un niveau de 49,1 un mois plus tôt. Il s’agit du plus bas niveau d’activité depuis juin 2009 à la fin de la grande crise des crédits «subprime». Le PMI ressort plus en ligne avec les attentes de marché, à 51,1 contre un consensus de 51. Ce qui est inquiétant, c’est que l’indice ISM constitue bien souvent un indicateur avancé fiable. Les marchés prennent conscience de l’accumulation des facteurs de risque, à l’approche de la reprise des difficiles négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, prévue à partir du 10 octobre à Washington. Les informations contradictoires se succèdent sur les chances d’aboutir à un accord, même partiel, entre les deux principales puissances économiques mondiales. Dans le même temps, les analystes se préparent à la saison des publications des résultats de sociétés du troisième trimestre. Ces chiffres sont attendus en baisse avec un recul moyen de 3,7% prévu pour les groupes du S&P 500 (SPX), selon les estimations du cabinet Factset. Ce dernier relève que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à citer la guerre commerciale comme un facteur d’inquiétude pour leur activité. Par ailleurs, les marchés surveillent de près les développements de l’affaire de l’«Ukrainegate» qui pourrait mener à la destitution du président américain Donald Trump, même si cette hypothèse n’est pas privilégiée pour l’instant par les analystes. Enfin, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient entre l’Iran et l’Arabie saoudite constituent un autre important facteur de risque pour les marchés, après les attaques de la mi-septembre contre des installations pétrolières saoudiennes.

Dans ce contexte plutôt lugubre, le SPX réalise sa plus forte baisse journalière depuis cinq semaines et traverse aisément sa moyenne mobile à 50 jours, qui semblait solide hier encore. Le prochain niveau de support se situe à 2925 points soit sur sa 100 jours (clôture hier soir à 2940,25 points). Grosse tempête sur le secteur des transports, qui chute de 2,3%. L’indice Russell 2000 des petites capitalisations est également sous intense pression, dans de forts volumes d’échanges. Cela n’augure vraiment rien de bon car ces deux indicateurs ont tendance à montrer la voie au reste du marché. Les secteurs des denrées de base et utilitaires sont recherchés au détriment des valeurs industrielles et de l’énergie. Les investisseurs prennent peur mais vendent tout de même le dollar, la faute à la prise de conscience brutale d’un affaiblissement de l’économie des Etats-Unis. Ce qui inquiète d’autant plus c’est que les données relatives à la consommation des ménages semblent se détériorer également. En bref, la supposée résilience de l’économie des Etats-Unis est désormais clairement remise en cause, ce qui constitue un véritable uppercut dans la figure du marché des actions. On vient se réfugier dans les obligations gouvernementales, le rendement de l’emprunt US à 10 ans reculant à 1,65%, l’or retrouve quelque attrait aux yeux des intervenants et revient à 1474 dollars l’once. Le pétrole souffre, le WTI Light Crude à 54,28 dollars  par baril et traite désormais en-dessous de son niveau des attaques. La volatilité remonte assez fortement, l’indice VIX bondissant de 14% à 18,56. Patience, il peut aller nettement plus haut avant de constituer un éventuel short. Le dollar délaissé, c’est l’euro qui tire son épingle du jeu, probablement aussi aidé par la recommandation de JP Morgan de sous-pondérer les actions US au profit de celles du vieux continent. La paire euro/dollar à 1,0924 ce matin. Ça bouge aussi pas mal sur le dollar australien, qui abandonne 1% après la baisse de taux (attendue) de la Reserve Bank of Australia (RBA). Le Cable vit sa vie propre, un peu comme s’il habitait une grosse île bizarre, à 1,2254 dollar ce matin. Boris Johnson a prévu de formuler aujourd’hui sa meilleure proposition à l’UE. Cette «offre finale» est la seule sur laquelle Londres acceptera de discuter, prévient Downing Street.

Je ne peux résister à la tentation de vous livrer la réaction de Donald Trump post statistiques économiques: «Comme je l’avais prédit, Jay Powell et la Réserve Fédérale ont permis au dollar de tant se renforcer, particulièrement par rapport à TOUTES les autres devises, que nos industriels sont négativement affectés. Les taux de la Fed sont trop élevés. Ils sont leur propre pire ennemi, ils n’ont même pas la moindre idée. Pathétique!».

Pas grand-chose à se mettre sous la dent en Europe ce matin, hormis des indicateurs secondaires. Aux Etats-Unis, le rapport ADP sur l’emploi sera scruté de près à 14h15, tandis que les stocks pétroliers hebdomadaires seront révélés à 16h30. John Williams, de la Fed de New York, doit prononcer un discours autour de 16h30 lors d’un événement organisé en Californie.

Facebook tente de mettre fin à des dissensions au sein de la coalition Libra pour ne pas que son projet déraille, alors que, selon le Wall Street, des piliers comme Visa et Mastercard douteraient de leur engagement. Nike rattrapé par une affaire de dopage qui éclabousse son PDG. En proposant hier après-midi des prix cassés dans le courtage, Charles Schwab a relancé les craintes de guerre des prix dans la banque américaine. UPS est la première entreprise à avoir reçu le feu vert de la FAA américaine pour opérer un réseau de drones commerciaux aux Etats-Unis. Sony divise par deux le prix de son abonnement au service de jeux vidéo en ligne Playstation Now. Bombardier Transport retient Leclanché comme fournisseur mondial de systèmes de batteries pour le transport ferroviaire. Nestlé annonce la finalisation de la vente de Nestlé Skin Health à un consortium mené par le fonds d’investissement EQT et une filiale de Abu Dhabi Investment Authority (ADIA) pour un montant de 10,2 milliards de francs suisses.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont orphelins de Shanghai mais tous orientés dans la même direction, le sud. Tokyo abandonne 0,49% à la cloche, l’indice Nikkei réagissant à son signal «Buy Exhaustion» envoyé il y a quelques sessions. Hong-Kong traite en très léger recul, à noter que les manifestations dégénèrent, la police a tiré sur un manifestant. Tencent constitue par ailleurs un facteur de pression sur la cote, le titre recule de 1,3%. En Europe, les marchés ouvrent en recul d’environ 0,8% alors que le future SPX traite en recul de 4 points. AMS ouvre en recul de 2,2% après avoir nettement progressé hier. La compagnie annonce que le résultat de son offre de rachat d’Osram sera connu le 4 octobre.

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