La chronique des marchés de Vontobel au 16 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,08%, SPX +0,19%, Dow +0,31%, Russell +0,40%, SOX -1,20%, Eurostoxx -0,16%, SMI +0,14%.

Wall Street met son masque à oxygène et entraîne le vénérable Dow Jones au-dessus des 29'000 points, un niveau jamais observé à la cloche. L’indice S&P500 (SPX) suit son grand frère et poste un nouveau record historique en clôture. La signature tant attendue entre Washington et Pékin a lieu et laisse les intervenants relativement froids, tout était déjà dans les prix. On observe des prises de profits dans le secteur des semi-conducteurs, pénalisé notamment par Taiwan Semiconductor, qui abandonne 3,17% malgré d’excellents résultats ainsi qu’une guidance annoncée nettement au-dessus des prévisions des analystes. Mais un article du média Nikkei vient gâcher l’ambiance qui indique que le gouvernement américain ferait pression sur le fabricant de puces afin que TSMC produise des semi-conducteurs à usage militaire sur le sol des Etats-Unis. Le secteur des utilitaires est recherché, l’immobilier et les pharmas également. La volatilité ne bouge pas, le rendement de l’emprunt US à 10 ans non plus, qui reste à 1,80%. Le dollar grappille quelque miettes contre l’euro, à 1,1148 ce matin. Le pétrole est figé à 58,14 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or stagne à 1553 dollars l’once, c’est tout de même très calme Thérèse…

Depuis le début de l’année, le SPX s’est offert 4 records en clôtures sur 10 séances, ce qui indique un marché fort résilient il faut l’admettre. De plus, hier 71 titres de l’indice atteignent un plus haut niveau en 52 semaines, un bon signe s’il en est. Du côté de l’antithèse, observons que le SPX traite juste en-dessous du haut de son canal haussier entamé en mars 2009, il fera donc face à une résistance solide d’ici très peu. En parallèle, l’indice CSFB (Crédit Suisse Fear Barometer), qui constitue un excellent moyen d’anticiper un retournement de tendance, est fortement monté récemment et approche de son top depuis deux ans, un signal de retournement souvent suivi par le marché.

Bank of America recule de 1,8%. La firme annonce un bénéfice net 6,75 milliards de dollars au quatrième trimestre 2019, soit 74 cents par titre, contre 7,04 milliards de dollars et 70 cps un an auparavant. Le consensus était de 68 cents de profit par action sur la période. Goldman Sachs recule de 0,12%. La banque a publié des comptes plombés par une importante charge juridique de 1,1 milliard de dollars sur le Q4. Goldman fait l'objet d'investigations aux USA ainsi qu'en Malaisie suite au scandale 1MDB. Pour le Q4, Goldman a donc affiché un bénéfice net de 1,72 milliard de dollars soit 4,69 dollars par titre, contre 2,32 milliards de dollars soit 6,04 dollars par action un an avant. Le consensus était quant à lui proche de 5,5 dollars de bpa. Target chute de 6,6%. Le groupe a souffert de faibles ventes sur les catégories jouets et électronique sur la période des fêtes de fin d'année. Même les ventes sur Internet, point fort des derniers trimestres, ont déçu, leur croissance ralentissant à (+19%) contre (+29%) l'année précédente. Cette saison des fêtes s'est donc révélée «encore plus difficile que prévu», a déploré le CEO du groupe. Blackrock grimpe de 2,3%, la firme a dépassé les attentes de marché pour le trimestre clos. Les actifs totaux sous gestion ont augmenté encore de pratiquement 129 milliards de dollars sur le trimestre et totalisent désormais environ 7,430 milliards de dollars contre 5,980 milliards de dollars un an plus tôt!

Donald Trump et le vice-PM chinois Liu He ont donc signé l’accord commercial partiel de Phase 1,  décrit comme «très important et complet» par le président américain. Selon le texte de 96 pages, Pékin s’engage à acheter 200 milliards de dollars de produits et services américains de plus qu'en 2017 sur les deux prochaines années, dont 40 milliards de dollars de marchandises agricoles. L'accord comprend aussi des engagements de la Chine à encadrer les pratiques dont se plaignent les entreprises américaines concernant le non-respect de propriété intellectuelle par la Chine. Pékin aurait promis de punir les firmes locales enfreignant ou volant des secrets commerciaux. La question des acquisitions par les entreprises publiques chinoises de technologies au détriment des intérêts américains serait aussi évoquée. Si la Phase 1 marque une trêve dans le conflit qui oppose Washington et Pékin depuis plus de 18 mois, il ne prévoit pas de nouvelles baisses des droits de douane avant l'élection américaine du 3 novembre prochain. Ainsi, il est prévu qu'au plus tard 10 mois après la signature de l'accord, les Etats-Unis fassent le point sur les progrès effectués et décident de réduire ou non les droits de douane qui affectent encore plus de 360 milliards de dollars de biens chinois importés. Les investisseurs sont bien conscients que malgré le soulagement créé par l'accord de Phase 1, les différends commerciaux sont loin d'être définitivement réglés entre les deux pays, notamment sur le front technologique.

Le livre beige a été publié hier soir. Le rapport, qui dépeint l'état de l'économie dans les grandes régions américaines ces dernières semaines, a fait état d'une croissance et d'une inflation «modérées», tout en relevant la persistance d'incertitudes liées aux tensions commerciales avec la Chine. Le Livre beige servira de base à la prochaine réunion de la Fed des 28 et 29 janvier. Dans l'ensemble, le contenu du rapport va dans le sens d'un statu quo monétaire en 2020, après 3 baisses de taux en 2019, comme la Fed l'a laissé entendre ces derniers temps.

Les prix à la production ont eux progressé moins que prévu en décembre. Ils ont augmenté de 0,1% par rapport à novembre, contre un consensus de +0,2%. En glissement annuel, la progression est ressortie à +1,3% en décembre. Hors alimentaire et énergie, le 'PPI' américain s'est apprécié de 0,1% par rapport au mois antérieur contre un consensus de +0,2%. En glissement annuel, il a grimpé de 1,1% contre +1,4% de consensus.

Washington aurait menacé de taxer l'automobile européenne si la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne refusaient de recourir au mécanisme de résolution des différends sur le programme nucléaire iranien, qu'elles ont fini par accepter. Quant au marché automobile européen, il a bondi de 21,7% en décembre et termine 2019 à +1,2%, grâce à une poussé avant la modification des aides dans plusieurs pays. Alcoa en pertes au quatrième trimestre, entrevoit une embellie cette année, le titre recule de 4,2% dans le marché après-bourse. Les femmes gagnent 27% de moins que les hommes, en moyenne, chez Citigroup. DKSH conclut un contrat avec Cheplapharm à Taïwan

Après l'inflation allemande (sortie à 0,5% de mois en mois, pile en ligne) et le compte-rendu de la dernière réunion de la BCE (13h30), cap sur les Etats-Unis avec les ventes de détail, l'indice Philly Fed, les prix à l'importation et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30), avant les stocks des entreprises et l'indice des prix immobiliers (16h00). Deux discours de banquiers centraux sont attendus: celui de Michelle Bowman (Fed, autour de 16h00) et celui de Christine Lagarde (BCE, autour de 19h00). Principaux résultats de sociétés du jour: Morgan Stanley, Bank of New York Mellon et CSX Corp.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont mitigés, Tokyo progresse de 0,07% alors que Hong Kong fait de même. Shanghai recule de 0,52% et Séoul gagne 0,77%. Les marchés européens sont indiqués en très légère hausse, le future SPX gagne 5 points. Geberit est indiquée en recul de 2% après la publication de résultats légèrement inférieurs aux attentes.

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