Wall-Street clôture en ordre dispersé, divisée entre l'espoir d'un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine et l'annonce surprise d'une baisse des ventes au détail en décembre aux Etats-Unis, qui jette un froid sur le secteur de la consommation.

Le Congrès a voté le compromis budgétaire évitant un nouveau «shutdown». Donald Trump va le signer, mais devrait aussi déclarer l'état d'urgence à la frontière mexicaine pour obtenir le financement total de son mur transfrontalier. Les investisseurs sont donc désarçonnés par l'annonce surprise d'une chute de 1,2% des ventes de détail aux Etats-Unis en décembre par rapport à novembre, leur plus forte baisse mensuelle depuis près de 10 ans. Le consensus des économistes se situait à +0,1% et les ventes de novembre avaient progressé de 0,1%. On peut se dire, en considérant l’évolution du jour du S&P500 (SPX), que les investisseurs ont pris le temps de réfléchir à cette statistique et ont probablement estimé que ce chiffre (publié avec 4 semaines de retard en raison du «shutdown») ne suffisait pas à lui seul à signaler un dangereux ralentissement de la consommation aux Etats-Unis. Sur le front de l'inflation, les indicateurs restent sages. Après les prix à la consommation (stables en janvier), publiés mercredi, les prix à la production ont reculé de 0,1% en janvier sur un mois contre un consensus de (+0,2%) et après une baisse de 0,1% un mois avant. Ces chiffres confortent les marchés dans le sentiment que la Fed marquera une pause prolongée avant de relever à nouveau ses taux directeurs. Hier la gouverneure de la Fed Lael Brainard indique même sur 'CNBC' que la banque centrale pourrait mettre un terme à la réduction de son bilan «plus tard cette année», ce qui constituerait une mesure d'assouplissement. Enfin le marché de l'emploi a un peu marqué le pas la semaine dernière. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont progressé de 4’000 la semaine passée à 239’000 alors que le consensus tablait sur une petite baisse, à 225’000.

Et puis n’oublions pas que le marché US des actions est mur pour une pause. Je note par ailleurs que le secteur technologique poursuit sa progression, l’indice NYFANG clôturant en légère hausse alors que les semi-conducteurs progressent de 0,25% (SOX), dans l’attente des résultats de Nvidia et Applied Materials, qui publient toutes deux après la cloche. Ca se passe fort bien pour Nvidia, qui s’adjuge 7% dans le marché après-bourse, ses résultats dépassent les attentes et sa marge brute est solide. Applied Materials recule de 2% pour sa part après son profit warning. La volatilité remonte de 4%, l’indice VIX à 16,22, le pétrole reste soutenu, le WTI Light Crude à 54,54 dollars le baril. La production de l’Arabie Saoudite et du Venezuela continue de diminuer. L’or fait du surplace à 1310 dollars par once et le dollar index DXY se stabilise à 97. L’euro dollar à 1,1289 ce matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule de 2,70% hier à 2,65% ce matin, indiquant un retour des investisseurs dans cette classe d’actif dite «refuge».

Les autorités américaines et Facebook sont en train de négocier le montant de l'amende qui frappera l'entreprise: une somme de plusieurs milliards de dollars est évoquée par le Washington Post. Facebook sera puni pour les manquements répétés dans la protection des données de ses utilisateurs. Face à une farouche opposition d'habitants et d'élus locaux, Amazon renonce à ouvrir un second siège à New York. Les opposants critiquaient le manque de concertation sur le projet et les cadeaux fiscaux octroyés à l'entreprise en échange de son arrivée. 25000 emplois étaient en jeu.

Les hedge funds publient leurs positions (13F Filings) et je note avec intérêt que Berkshire est sortie d’Oracle, a réduit Apple et augmenté JP Morgan. Pour sa part Point72, de Steve Cohen, est entrée dans Citigroup et a vendu Shell. Tiger Global Management a réduit Amazon d’un tiers alors que Lone Pine Capital est sorti de sa position de 1 milliard de dollars dans Alphabet (GOOG). Suivons les bancaires US, elle semblent intéresser les institutionnels à nouveau.

C’est dans une ambiance relativement morose que débute ce vendredi. On a pris connaissance de l’indice des prix à la production en Chine, qui est sorti nettement en-dessous des attentes. Même constat quant aux prix à la consommation. C’est le septième mois consécutif de recul et on commence à parler de déflation en Chine. Et on se met à se dire que la guerre commerciale ne peut pas durer et surtout pas empirer. Ma page des bourses asiatiques est donc toute rouge ce matin avec Shanghai qui abandonne 1,3% et Tokyo 1,1%. Oh il n’y a pas le feu à la mer de Chine mais ceci nous rappelle combien ces négociations commerciales entre Pékin et Washington sont importantes pour les marchés financiers.

En Europe ce matin, les futures ouvrent en léger recul, on se prépare à un vendredi plutôt calme avec la publication de la balance commerciale en zone euro et la production industrielle aux Etats-Unis. C’est un weekend de trois jours qui s’annonce pour Wall-Street, les marchés d’actions et d’obligations resteront fermés lundi pour le President’s Day. Dans ce contexte, les traders rechignent à prendre des risques.

Vivendi a déprécié d'un peu plus d'un milliard d'euros sa participation dans Telecom Italia. Selon Reuters, Alibaba serait en négociation pour entrer au capital de la division chinoise de Metro. Carl Icahn pousserait l'opérateur de casinos Caesars à se vendre. Panalpina pourrait s'allier au koweitien Agility, selon Bloomberg, pour se défendre contre DSV. Finalement, Ford et Volkswagen feraient des progrès en vue d'une alliance dans le véhicule électrique, alors que les rumeurs de la semaine évoquaient plutôt des pommes de discorde.

Ça publie. Allianz, Royal Bank of Scotland, Eni, Kuka, Saab en Europe. PepsiCo, Deere, Moody's et Yandex aux Etats-Unis. Taiwan Semiconductor et Bridgestone en Asie.

Retour de l’actualité des marchés lundi 25 février.